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«Identité industrielle de la région» et «digitalisation», socles d’une régionalisation industrielle réussie

La thématique phare qui ressort de l’Industry Meeting Day Morocco organisé, vendredi 11 mai, est l’«identité industrielle des régions». Cet aspect a fait l’unanimité des panélistes qui considèrent la mise en place d’une identité industrielle pour chaque région ainsi que la digitalisation et la formation comme les socles d’une régionalisation industrielle réussie.

L’iniquité quant au choix des régions pour l’investissement industrielle fait désormais débat. D’aucuns avancent que certaines régions sont privilégiées à d’autres. Un constat dont pâtissent encore d’autres régions en termes d’investissements et d’employabilité.

Or, pour les panélistes de la 2e édition de l’Industry Meeting Day, ce fait trouve raison dans l’inadéquation de certaines régions avec les projets en vue. Ainsi, les régions doivent penser le développement de leurs richesses et les moyens à déployer pour favoriser une industrialisation compatible aussi bien avec leur situation géographique que les richesses naturelles dont elles jouissent.   

Selon Omar El Yazghi, président de MedZ, l’exemple le plus saillant est celui de l’industrie automobile. Dans son intervention, il a rappelé l’importance de la compétitivité que peut engendrer la région à l’industrie qu’elle compte promouvoir et développer. En guise d’exemple, El Yazghi dresse le bilan de la région de Kénitra dans l’industrie automobile et son impact positif sur l’emploi. «Aucun investissement n’est fait sans prendre en considération la compétitivité de la région. Pour Kénitra, on parle aujourd’hui de 31.000 emplois directs assurés et ce, hors PSA». Cette réalité – palpable – vient répondre à l’autonomie souhaitée dans les régions, une question soulevée par Hicham Boudraa, directeur Général de l’AMDIE, et s’inscrit dans ce que Hicham Rahioui, directeur général du magazine Industrie du Maroc et initiateur de l’Industry Meeting Day, a appelé «l’industrie au service de la région et la région au service de l’industrie».

Plus profond encore que la pertinence dans le choix des régions, figure le choix de l’industrie adéquate. Le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, a précisé que l’industrie doit certes être régionalisée, mais «en fonction de sa pérennité» dans la région choisie. «Le PAI 2014-2020 nous a fait découvrir que chaque région a des spécificités particulières». L’investissement industriel ne peut donc pas se faire de manière hasardeuse car le modèle économique est calculé. D’où le choix de ce qui est communément appelé, les parcs intégrés à l’image de Tanger et Kénitra et -timidement- la région de Meknès.

L’industrie 4.0, un défi à relever

L’industrie 4.0 a aussi été au cœur du débat. Pour faire aboutir la stratégie de régionalisation industrielle dans le royaume, il est impératif de démocratiser l’industrie 4.0. Une condition sine qua non pour Saloua Karkri-Belkziz, présidente de la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI). «On ne peut plus vivre l’industrie comme avant. Cette dernière ne peut se faire sans l’innovation et il faut utiliser l’intelligence artificielle pour avoir plus de valeur ajoutée et un taux d’intégration beaucoup plus important », a-t-elle souligné. Et d’ajouter: « nous avons de grandes industries qui arrivent (Renault, PSA…) dont les process s’inscrivent dans l’industrie 4.0 ou ce qu’on appelle la «quatrième révolution» ; ils vont donc exiger cela de leurs sous-traitants. Alors si on veut que les sous-traitants aient une valeur ajoutée plus importante et arriver à un taux d’intégration plus intéressant, il faudra qu’ils pensent des projets de transformation digitale».

Le haut-débit s’avère dans ce cas-là indispensable pour assurer cette urgente industrialisation 4.0. «Nous avons une défaillance importante en termes de « haut-débit » qui n’atteint toujours pas l’ensemble du pays. On ne peut imaginer un investisseur venir dans une région s’il n’y a pas un haut-débit important. Cette problématique touche tous les secteurs et l’industrie plus que d’autres parce qu’il y a un besoin en termes d’échange des données informatiques (EDI) », estime la présidente de l’APEBI. « C’est la raison pour laquelle j’ai parlé d’un «Plan d’accélération pour la régionalisation». Car c’est grâce à cela que l’industrie se fructifiera dans l’ensemble des régions comme cela permettra de diminuer la fracture sociale qu’il y a entre les grandes et les petites régions», estime Karkri-Belkziz.

Répartition du foncier sur les régions

Les panélistes n’ont pas fait fi d’aborder ce qui représente une partie des plus importantes du processus de régionalisation industrielle et de l’industrie en général, à savoir le financement. Pour les intervenants, bien que chaque région ait sa richesse sur laquelle elle peut tabler, le taux de financement demeure insuffisant, jusqu’à parler de la nécessité de doter les régions des agrégateurs correspondants à l’activité qui s’y exerce. Karim Tazi, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), s’est penché sur la question en appelant à ce que « les régions aient de grands agrégateurs dans le domaine qu’elles veulent développer».

De son côté, le président de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME), Abdelhamid Souiri, s’est quant à lui désolé du monopole de certaines régions sur l’activité industrielle. «62% de l’activité économique est concentré dans quatre régions à savoir, Casablanca-Settat (24%), Tanger-Tétouan (16%), Rabat-Salé (14%) et Agadir (8%). Il est anormal que quatre régions seulement sur douze concentrent la majorité de l’activité économique», rappelle-t-il.

« En ce qui concerne la régionalisation, nous avons au niveau de notre fédération pensé à décentraliser. Nous avons donc créé trois antennes, respectivement à Tanger, Meknès et Agadir. Toutefois, nous avons des problèmes énormes au niveau du foncier car nous avons des zones industrielles qui sont prêtes et qu’il va falloir équiper, aménager et organiser», a martelé Souiri.

La formation traine le pied !

Si Moulay Hafid Elamay a vu impératif et bénéfique que l’industrialisation doit être choisie en fonction de sa pérennité, c’est que cela engage un investissement dans la formation. Plus encore : dans le choix des formations susceptibles de répondre aux exigences de l’industrialisation dans les années à venir. Pour la présidente de l’APEBI, il y a un manque criard au niveau des informaticiens dans le secteur des télécoms. «Les trois régions de Casablanca, Rabat et Tanger nous donnent seulement entre 1200 et 1500 informaticiens par an. Un nombre insuffisant lorsqu’on parle de 20% des entreprises marocaines qui utilisent le numérique».

Idem pour les TPE et les PME dont les acteurs doivent bénéficier de formations leur permettant d’entamer le contexte industrielle avec la culture et les armes industriels nécessaires. Pour le directeur du CRI de la région Souss-Massa, Nazih Khalil, cette démarche est indispensable. Khalil nous fait part de l’inauguration future d’un technopark dans la région. «Il s’agit d’un technopark qui sera installé dans l’enceinte de la Chambre de commerce qui nous a permis d’asseoir cette infrastructure d’une superficie de 2000 m² et d’un coût de 5 MDH, afin de recevoir les TPE et PME et les start-ups en général, pour leur assurer une sorte d’incubation, de formation et d’accompagnement en attendant que leur projet soit ficelé pour qu’on passe à la deuxième étape, celle du financement et l’installation hors le technopark».

Il explique: « Le Fonds de développement de l’industrie du Souss (FDIS), est un fonds d’investissement privé qui participe de 20% du montant d’investissement. Maintenant, tout est paraphé et le Fonds est déjà créé. Nous attendons juste de déterminer l’organisme qui s’en occupera; peut-être la région ou le CRI ».

Il y a lieu de noter que l’Industry Meeting Day Morocco a œuvré à publier un livre blanc où figureront les recommandations nécessaires pour pallier les entraves à la stratégie nationale de la régionalisation industrielle avancée.



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