Éco-Business

Charte de l’emploi : Des objectifs utopiques ?

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Optimisation de l’impact des investissements publics sur l’emploi, formation au profit des jeunes, stages, incitations au profit des entreprises…La recette du gouvernement va-t-elle permettre de créer une moyenne de 240.000 emplois par an ?

Le doute plane sur l’objectif gouvernemental de création de quelque 1.200.000 opportunités d’emplois à l’horizon 2021. Visiblement, le secteur privé qui emploie 92% des Marocains n’y croit pas beaucoup, du moins dans les conditions actuelles. C’est ce qu’a laissé entendre la patronne des patrons lors de la cérémonie de signature de la charte de mise en œuvre du Plan national de promotion de l’emploi. «Il s’agit de la création de 240.000 postes d’emploi par an, un objectif jamais réalisé au cours des vingt dernières années», précise Miriem Bensalah Chaqroun. Bien que les mécanismes soient clairs, cette dernière estime que des inquiétudes demeurent. Ainsi, même si la CGEM adhère au plan gouvernemental de promotion de l’emploi, la confédération plaide pour deux mécanismes nécessaires : les incitations au profit des entreprises ainsi que l’adaptation de la formation professionnelle aux besoins du marché du travail en vue d’ajuster la demande à l’offre. Du côté du gouvernement, l’optimisme est au rendez-vous, aussi bien de la part du chef de gouvernement Saâdeddine El Othmani que du ministre du Travail et de l’insertion professionnelle Mohamed Yatim. L’Exécutif semble croire en sa nouvelle politique de l’emploi qui arrive à l’étape du lancement du mécanisme de mise en œuvre. El Othmani va-t-il réussir là où son prédécesseur a échoué ? Cette fois  sera-t-elle la bonne ? Ces questions restent en suspens tant que des résultats tangibles ne sont pas encore réalisés. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que des stratégies sont lancées pour donner un coup de fouet au dossier épineux de l’emploi mais sans pour autant améliorer l’employabilité. Il s’agit d’un véritable test pour le gouvernement. Pour Mohamed Yatim, le programme exécutif sera réajusté en permanence pour rectifier le tir et pouvoir atteindre les objectifs souhaités. De quoi s’agit-il ? C’est un plan baptisé «Moumkin» que vient de signer l’État représenté par les ministres de l’Intérieur, de l’Économie et des finances, de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, du Travail et de l’insertion professionnelle, par la CGEM et l’association des conseils de région.

La société civile impliquée
Les subventions et les exonérations accordées aux investisseurs seront liées au nombre effectif d’emplois créés, dans le cadre de la charte d’investissement. Quant aux investissements publics, ils seront priorisés en fonction de leur impact sur la création d’emploi. Les plans et stratégies sectoriels seront davantage soutenus, les dispositifs et mécanismes d’observation du marché du travail et d’anticipation de ses besoins en compétences seront renforcées, avec à terme la mise en place d’observatoires régionaux de l’emploi. Les procédures en vigueur seront aménagées pour permettre aux coopératives et aux auto-entrepreneurs d’accéder, dans les marchés publics, aux appels d’offres et aux bons de commandes. Le secteur associatif n’est pas en reste. Considéré comme un réservoir important de création d’emplois, il fera l’objet d’une attention particulière avec des mesures de soutien qui seront étudiées en 2018 pour être déployées, dès 2019. Cinq dispositifs prioritaires sont ciblés pour 2018/2019, à commencer par des formations courtes pour améliorer l’employabilité en fonction des besoins des entreprises portant sur des domaines variés (linguistique, numérique, soft skills, recherche d’emploi, commercial et entrepreneurial. À cela s’ajoute l’augmentation des capacités de stages au niveau du pays à travers la structuration des stages et la création de nouveaux cadres légaux (stages dans le privé d’une durée de 4 à 6 mois, services civiques dans les associations et les collectivités locales au profit des jeunes de 18 à 35 ans, avec ou sans diplômes, stages pour les étudiants universitaires et le compagnonnage  des artisans). Ces mesures doivent être accompagnées par le soutien et le renforcement de l’écosystème entrepreneurial par l’accompagnement avant et après création, le financement, les prêts d’honneur, des compétitions régionales et provinciales.

Stimuler la compétitivité régionale
La promotion de l’entrepreneuriat devra passer par la mise en évidence des secteurs et activités porteurs pour les entrepreneurs, tels que les sciences de la santé, le développement durable et le digital, les métiers verts, la promotion des produits du terroir et les métiers de services à la personne. S’agissant du financement, le nerf de la guerre, les sources pour les entrepreneurs seront renforcées (fonds de l’INDH, prêts d’honneur, garanties accordées par la CCG pour faciliter le financement bancaire). Il est aussi prévu de lancer des compétitions régionales et provinciales d’entrepreneuriat, au moins une fois par an avec des prix pour les 3 meilleurs projets. En outre, il est question de mettre en place un mécanisme national de mentoring de jeunes par des seniors expérimentés, appelé «Pacte des générations, cap sur l’emploi». Par ailleurs, l’approche territoriale est un dispositif de la plus haute importance. Une grande responsabilité incombe aux conseils régionaux pour adapter les actions aux spécificités régionales. Les régions sont appelées à intervenir en priorité sur les populations des non-diplômés et les populations vulnérables en complémentarité avec les programmes nationaux mis en place par l’État. Des centres régionaux d’emploi et de renforcement des compétences seront créés avant 2021 pour le pilotage des programmes régionaux d’amélioration de l’employabilité et de soutien à l’auto-emploi, l’observation du marché régional de l’emploi, l’ingénierie et le renforcement des capacités des acteurs régionaux de l’emploi, notamment ceux de la société civile. 


Cinq objectifs chiffrés

Sur le plan quantitatif, le gouvernement s’assigne pour objectif d’œuvrer pour la concrétisation du potentiel de création d’emplois identifié : 1.200.000 opportunités dans le cadre des stratégies et plans sectoriels. Il vise aussi l’amélioration de l’employabilité des jeunes ainsi que l’adéquation de leurs compétences, aptitudes et comportements aux besoins et exigences du marché du travail : 1.000.000 de formations de courte durée et de différentes natures dispensées pour les chercheurs d’emplois. On prévoit aussi d’appuyer par des mesures incitatives l’emploi salarié au profit de plus de 500.000 chercheurs d’emploi. L’Exécutif tend également à accompagner la création de 20.000 projets entrepreneuriaux (Startups, TPME, coopératives, auto-entrepreneurs, etc.) et maintenir un taux d’activité à plus de 46%.



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