Sonasid renoue avec les bénéfices

Malgré les conditions du marché international et national peu favorables, le sidérurgiste parvient à dégager des bénéfices de 44 MDH. L’effet prix a permis au groupe d’enregistrer un chiffre d’affaires en hausse de 20%. L’année 2018 serait aussi fructueuse que 2017, espère le top management qui s’organise actuellement afin de plaider pour la reconduction des mesures antidumping.
Le secteur de la sidérurgie pourrait changer de configuration dans les années qui viennent. Sonasid se prépare déjà à cette éventualité. C’est ce qu’a révélé le management du groupe lors de la présentation de ses résultats annuels. L’année 2018 sera ainsi l’occasion pour l’opérateur de prospecter davantage de marchés extérieurs pour écouler son stock. Sonasid travaille sur certains marchés notamment dans «la grande Amérique et l’Afrique de l’Ouest (Mauritanie, Sénégal)», commente Abdelilah Fadili, directeur financier de Sonasid. Le déclic : la décision du président américain Donald Trump d’appliquer des droits de douane de 25% sur l’acier importé. Si la guerre commerciale des États-Unis vise principalement les importations chinoises, d’autres pays pourraient en pâtir. À condition que le président américain lâche du lest pour certains pays. C’est le cas pour le Canada et le Mexique mais il pourra également ménager certains pays en Occident suite aux négociations entamés par l’Union européenne. Le Maroc pourrait bénéficier également de la grâce des États-Unis s’il plaide pour sa cause. «Les États-Unis se sont donnés trois mois pour revoir les conditions de la taxation douanière. Le Maroc a approché l’administration américaine pour faire évoluer les discussions dans le bon sens. Nous avons l’espoir que les négociations aboutiront favorablement..», souligne Amin Abrak, directeur général de Sonasid.
Avec la montée de ces mesures tarifaires, le marché des grands exportateurs tels que la Chine et la Turquie pourra se réduire durant les prochaines années. Une situation a double tranchant. La surcapacité que connaît le marché international poussera les pays importateurs à muter en marchés exportateurs. Ainsi, des pays comme l’Algérie, l’Arabie saoudite ou encore l’Iran, après avoir été longtemps considérés comme pays importateurs, pourraient – grâce à leurs ressources pétrolières – devenir autonomes dans un an et demi ou même devenir exportateurs à leur tour. Cette hypothèse reste une menace latente pour le groupe qui compte sur une éventuelle reconduction des mesures de sauvegarde. Cette disposition qui évitait de voir le marché inondé par des produits extérieurs prend fin cette année. Pour Fadili, «ce que font les États-Unis nous donne finalement raison». Sonasid figurait parmi les premiers opérateurs à avoir tiré le signal d’alarme contre les importations massives de rond à béton et fil machine. La démarche «timide» à l’époque pour la mise en place des mesures antidumping prend aujourd’hui tout son sens. La profession s’organise d’ailleurs pour réitérer l’expérience, cette fois avec beaucoup plus d’assurance. «Les préparations sont en bonne voie… L’association est en train de monter un dossier en coordination avec le département du commerce extérieur relatif au ministère du Commerce et de l’industrie», déclare Abrak. Après validation du dossier, l’administration marocaine devra démarrer en juin les négociations avec la Commission européenne, entre autres. Une réponse sera rendue en fin d’année. «Nous espérons que la réponse sera en notre faveur. Le ministre de tutelle nous soutient dans notre démarche…Nous avons des échos positifs concernant la reconduction de cette clause», poursuit Abrak.
Tout comme à l’international, les conditions du marché national semblent très concurrentielles. «On évolue dans un secteur très cyclique…Nous dépendons de la conjoncture économique et plus particulièrement du secteur immobilier», remarque Fadili. Or, le ralentissement des ventes de ciment et le retard pris dans l’exécution de certains projets de travaux publics limite le potentiel du secteur de la sidérurgie. La production du rond à béton dépasse de 2,5 fois le besoin du marché. Une situation qui a poussé Sonasid à «préserver» ses fondamentaux. Le groupe a, en effet maîtrisé son fonds de roulement à 755 MDH. Le niveau d’endettement est, quant à lui, quasi nul. Les performances financières du groupe ont également été bien orientées. L’augmentation des prix de la ferraille et du rond à béton à l’international ont permis à la société d’enregistrer un chiffre d’affaires de 3,7 MMDH, soit une hausse de près de 20%. L’EBITDA a pratiquement doublé d’une année à l’autre en passant de 124 MDH à 273 MDH. La société redevient ainsi bénéficiaire après une année 2016 dans le rouge. Les 62 MDH de pertes se sont transformés en une année bénéficiaire de 44 MDH. Une tendance qui devrait se poursuivre encore cette année, selon le top management.