Culture

Leçon d’amour à l’algérienne

Kader Nemer, Humoriste, auteur et  metteur en scène

Dans le cadre de la 8e édition des théâtrales, Top Event Production présente, jeudi 15 mars au Mégarama, une comédie loufoque sur le thème du mariage mixte. «Je t’aime à l’italienne… à l’algérienne» invite à réfléchir sur le droit à la différence et le bien-vivre ensemble. Entretien avec Kader Nemer qui a coécrit et mis en scène ce vaudeville avec Hugues Duquesne.

Les Inspirations ÉCO : La comédie, que vous avez mise en scène avec Hugues Duquesne, reprend un thème assez classique, celui du mariage mixte, et qui a été plusieurs fois abordé au théâtre et au cinéma avec succès. Quelle est votre vision du mariage mixte ?
Kader Nemer : C’est une vision moderne et authentique ! Nous sommes déjà, Hugues et moi, co-auteurs, et de par nos origines un peu le symbole de cette mixité. Notre pièce est le fruit d’un «mariage artistique mixte» en quelque sorte. Mais c’est un peu plus que cela : dans un monde plus ouvert, ce qui est appelé «mariage mixte» devient une évidence heureuse dès lors que chaque membre a su donner de lui (et savoir faire des concessions) pour construire une réalité nouvelle. D’ailleurs, vous noterez que les couples dits «mixtes», une fois consacrés par des enfants, ne se ressentent plus comme tels… La notion de mixité est liée à la perception de la différence, et elle est aussi une notion d’échelle et de corpus de valeurs. Pour prendre un exemple, volontairement léger, on peut facilement imaginer une supportrice du PSG fonder une famille avec un responsable de groupes de supporters de l’Olymique de Marseille… On peut décliner cet exemple sur des groupes de population voisins.

Pensez-vous que la relation entre musulmans et non-musulmans est plus compliquée qu’avant ?
Je comprends votre question, mais je ne le pense pas vraiment. La réalité sociale détrompe les poncifs médiatiques à ce niveau-là (je parle de la France où je suis né et où je vis…). Après les événements traumatiques à Paris, il y a eu une certaine méfiance qui s’est instaurée, méfiance que même les musulmans comprenaient. Mais ça s’est apaisé ; on vit ensemble, la vie gagne toujours.

Peut-on rire des religions ?
Les trois religions monothéistes sont abordées ici, mais il faut y voir les identités multiples au sens large…Elles seraient pleinement échangeables ou remplaçables en fonction du lieu de la représentation. On plaisante des différences culturelles, on se rit des clichés pour mieux «défricher» le sujet…et le message passe, sans être moralisateur…

Quelle a été la réaction du public face à cette pièce ?
Tous les soirs, la pièce rencontre des personnes qui partagent cette idée d’évidence-du-vivre-ensemble. Et elles sont de plus en plus nombreuses, de partout…Nous ne nous érigeons aucunement en donneurs de leçons (de quoi serions-nous les parangons ?) et aborder des clichés, nous permet de les dépasser et de découvrir de vrais enjeux. Certains soirs de représentation, quand la salle s’éclairait à nouveau sur notre public, nous avons eu des profils aussi variés que des femmes voilées, des hommes portant la kippa, d’autres personnes ayant la croix autour du cou, et figurez-vous, des personnes sans signe religieux. Ce n’était pas une publicité Benetton, mais le recensement d’individus réunis pour le meilleur et pour le rire. Lors de chaque séance, le public, aussi différent soit-il, reste uni autour d’un dénominateur commun : le rire ! Et c’est pourtant délicat, car il rit d’un sujet qui, à la base, est loin d’être aussi drôle. Nous sommes très heureux d’avoir relevé ce pari et d’avoir pu donner à rire et à s’émouvoir aux gens.

Pour vous, la pièce a donc toute sa place au Maroc…
Nous pensons que cette pièce pourrait se décliner dans tous les pays du monde : porter ce message de fraternité de rassemblement, voire d’amour, ce n’est pas si surfait que cela dans le monde actuel. Le Maroc est perçu dans le monde entier comme porteur de ce message. Venir jouer cette pièce devant les Marocains, c’est donc un peu comme se rendre chez son invité d’honneur quand on a écrit une telle pièce…


Viens voir les comédiens…

«Notre troupe de comédiens est la véritable réponse à vos questions précédentes», explique Kader Nemer qui estime que les comédiens sont la chose la plus précieuse pour les auteurs et metteurs en scène. «Ils font vivre notre texte et le portent», dit-il. La troupe est composée de 10 comédiens qui tournent sur les 3 rôles, dans les différentes représentations de la pièce en France et plus largement en Europe. L’équipe qui se produira, jeudi soir à Casablanca, est composée de Joséphine Rioli, Alexandre Coquoin et Mehdi Marame.


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