Gros enjeux pour la SONARGES
La Société nationale de réalisation et de gestion des stades (SONARGES) traverse une zone de turbulences financières. C’est dans ce contexte que cette société publique a dû préparer cette compétition continentale.
Un budget 2017 pas encore validé par le ministère des Finances, des fonds annoncés mais jamais versés, des ressources humaines limitées… ce sont les éléments qui ont pesé sur l’organisation du CHAN 2018. Et pourtant, la SONARGES en charge de la gestion des stades d’Agadir, Marrakech et Tanger n’a pas baissé pas les bras. La SONARGES dit «avoir tout fait pour accueillir dans les meilleures conditions cette compétition continentale». Compétition dont le coup d’envoi a été donné samedi dernier, à Casablanca, en présence du prince héritier Moulay El Hassan. Cette rencontre sportive est, ainsi, l’ occasion de renflouer les caisses de l’entreprise, mises à mal par le manque de l’appui gouvernemental.
Grande mobilisation
La SONARGES a mobilisé 10 millions DH pour répondre aux exigences de la CAF dans des délais serrés. « Nous avons aussi sollicité le ministère de la Jeunesse et des sports (MJS) pour prévoir une subvention supplémentaire», explique une source à la SONARGES. Sauf que, pour le moment, ces fonds destinés à la SONARGES n’ont pas encore été versés. «Nous n’avons pas attendu ces subventions, sinon nous aurions été en retard pour lancer les travaux programmés pour les stades. Nous avons travaillé avec nos propres moyens», ajoute notre source. Pourtant, la loi de Finances 2018 (LF 2018) a prévu une révision à la hausse de 20% du budget du MJS. Les investissements sont passés de 1,9 à 2,3 MMDH.
Malgré ce quiproquo financier, les équipes de la SONARGES ont pu préparer les trois stades à temps. «Les pelouses des stades de Marrakech, Tanger et Agadir sont prêtes. Les travaux concernant les différents lots techniques (éclairage, écran d’affichage, caméras de surveillance, ont également pu être achevés pour accueillir le CHAN dans les meilleures conditions», se réjouit le responsable de cette entreprise publique. Des responsables du Comité d’organisation locale (COL), de la Confédération africaine de football (CAF) ont validé les infrastructures de la SONARGES. «Nous avons pu réaliser ces travaux, tout en gardant ouverts deux stades ceux d’Agadir et Tanger pour disputer la Botola», précise notre source. «Les stades sont prêts et nos relations avec le COL et la CAF sont très bonnes, et ce, malgré les risques financiers que nous encourrons», continue le responsable de la SONARGES. Depuis 2012, la SONARGES s’est habituée à ce genre de situation, ou l’appui financier du Ministère de la Jeunesse et des sports (MJS) est minime.
L’État, mauvais payeur
Créée en 2010 durant le mandat de Moncef Belkhayat, la SONARGES était promise à un bel avenir. Le départ de Belkhayat du MJS, puis du PDG, Khalil Benabdellah, sonnent le début de la crise de la société. Avec l’arrivée de Mohamed Ouzzine, la société traverse un long passage à vide. Le MJS interrompt la subvention accordée à la SONARGES, une situation qui dure depuis 2012. La SONARGES réalise des recettes annuelles d’environ 18 MDH. Son budget de fonctionnement est de 35 MDH, la société affiche un déficit structurel depuis 2012.
«Nous n’avons reçu aucune subvention de fonctionnement de la part du gouvernement pour équilibrer nos finances. L’État doit nous verser 50 millions DH», affirme-t-on à la SONARGES. Une décision a été prise lors du dernier Conseil d’administration du 12 octobre 2017 pour éponger cette dette. Une mesure toujours en stand by. D’autres mauvais payeurs s’ajoutent à la liste, il s’agit des clubs de la Botola Pro qui rechignent à payer les frais de location des stades surtout à Marrakech et Tanger.
Face à cette situation d’instabilité financière, la SONARGES a dû développer un instinct de survie et ses recettes propres. L’organisation de la Coupe du Monde des clubs a permis de renflouer les caisses de la SONARGES. Une étude du cabinet Roland Berger avait évalué les recettes prévisionnelles de la société pour les cinq premières années à 70 MDH. «Nous avons dépassé ces prévisions, nous avons réalisé 120 MDH sur cette période», rappelle notre source qui précise que cette performance s’explique par l’animation commerciale des stades. «Même sans un budget de communication et marketing, nous drainons annuellement plusieurs team buildings et événements spéciaux qui nous permettent de nous auto-financer». Pour le management de la SONARGES, le succès de l’entreprise c’est la qualité des pelouses de ses stades :«il suffit de comparer l’état de nos pelouses avec celles des autres stades au Maroc».
Chiffres clés
10 MDH
Budget pour le CHAN
50 MDH
Arriérés de l’État pour la SONARGES
35 MDH
Budget annuel
18 MDH
Recettes annuelles