Maroc

Omar Balafrej: «L’abolition de la peine de mort est dans l’ADN de la gauche»

Le député de la fédération de la gauche démocratique, Omar Balafrej, a proposé un projet de loi visant à abolir la peine de mort. Le député de la circonscription Agdal- Yaacoub El Mansour revient avec nous sur celui-ci.

Les Inspirations ÉCO: Vous allez proposer un projet de loi portant sur l’abolition de la peine de mort. Est-ce cela, être «avant-gardiste», pour vous?

Omar Balafrej: Oui, je le pense. Cela fait partie des valeurs de la gauche au niveau universel. Être contre la peine de mort a toujours fait partie de l’ADN des gauchistes. La question qui se pose est «Qui est le bourreau?». Si un meurtrier ou un violeur est un bourreau, cela ne donne pas le droit à l’État de l’être aussi. L’État ne doit pas ressembler aux bourreaux. Après, je comprends que les familles ayant perdu un membre aient une envie de vengeance, mais l’État ne se venge pas. L’État est le rationnel en soi et pour soi. Au niveau pragmatique, le Maroc n’a plus exécuté cette sentence depuis 1993. De plus, les chiffres prouvent que cette peine ne fait pas évoluer les choses et n’est pas dissuasive. Les pays l’appliquant ont aussi les taux de criminalité les plus élevés au monde. Sans oublier que l’abolition de la peine est une recommandation de l’Instance équité et réconciliation (IER).

La Fédération de la gauche démocratique (FGD) n’a que deux députés au Parlement. Vous vous doutez que ce ne sera pas suffisant pour adopter le projet de loi…

Notre rôle, en tant que député, est de convaincre les citoyens mais aussi nos collègues. Je vais faire tout mon possible pour faire adhérer des députés de différents groupes politiques à la nécessité d’adopter ce projet de loi. Selon le texte constitutionnel, le vote est une responsabilité individuelle du député. Ce débat existe depuis la précédente législature, et plusieurs parlementaires se sont exprimés en faveur d’un tel changement. Après, je ne suis pas naïf et je crois que les élus se plieront aux consignes de leurs groupes respectifs, mais je reste optimiste. Le mérite est de poser et de ramener ce débat sur la place publique.

Vous votez contre le budget royal, vous proposez un projet de loi pour abolir la peine de mort et vous demandez au président de la première chambre d’organiser une réunion d’urgence au sujet d’Al Qods. Vous ne faites que des «coups d’éclat». Est-ce votre façon de faire de la politique?

Ce ne sont pas des coups d’éclat, mais plutôt des convictions que nous portons avec mon collègue Mustapha Chennaoui. Nous défendons un projet de société par nos amendements, nos propositions et nos prises de parole lors des plénières. Nous n’avons aucun complexe à assumer nos positions et nous essayons de convaincre les citoyens. Nous ne nous autocensurons pas et nous honorons notre mandat représentatif. Notre action est susceptible de faire adhérer les 20 millions de Marocains qui s’abstiennent en pensant que les politiques sont «tous pourris». Notre formation politique a une vision globale pour transformer radicalement le pays et nous essayons de porter celle-ci au sein du Parlement.



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