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Theresa May au pied du mur ?

Le Brexit était à l’ordre du jour du sommet européen à Bruxelles, tenu vendredi dernier. La première ministre britannique, Theresa May est – plus que jamais – en difficulté depuis que les députés de son propre camp lui ont fait défaut. En effet, le Parlement britannique a voté une loi l’obligeant à faire avaliser tout accord sur le Brexit.

C’est un nouveau camouflet pour Theresa May qui va devoir affronter ses partenaires et les négociateurs européens. Une situation qui ressemble à une mise sous tutelle de la première ministre britannique. En d’autres termes, les députés britanniques ont refusé les pleins pouvoirs à Theresa May qui voulait pouvoir valider et signer seule l’accord final qui sera conclu avec l’Union européenne à la veille du Brexit. Auparavant, Theresa May, avait appelé les 27 à lancer «le plus vite possible» ces discussions sur leurs relations post-Brexit, cruciales pour l’avenir du pays une fois qu’il aura quitté l’UE fin mars 2019. Avec beaucoup de réserve, ceux-ci ont accepté et demanderont au Royaume-Uni de clarifier ses intentions pour que leurs discussions commerciales puissent vraiment démarrer. Ils comptent donc ouvrir dès janvier la négociation sur une période de transition après leur séparation prévue à la fin de mars 2019 mais Londres devra attendre le mois de mars pour parler commerce, préviennent-ils dans un projet de texte.

Les Européens veulent en effet y voir plus clair dans les intentions britanniques avant de révéler leur position. D’ici au printemps, ils espèrent obtenir davantage de détails sur l’idée que se font les Britanniques du «partenariat approfondi et spécial» voulu par Mme May, qui n’est jamais entrée plus avant dans les détails. «Theresa May a fait de bonnes propositions qui impliquent que les vingt-sept constateront demain des progrès suffisants» pour aller de l’avant, a affirmé la chancelière allemande, Angela Merkel. «Mais il reste beaucoup de problèmes à régler et nous n’avons pas tellement de temps», a-t-elle prévenu. «La première grande étape, c’est que le Royaume-Uni énonce très clairement ce qu’il veut», a expliqué le premier ministre maltais Joseph Muscat. «Si cela arrive dans les prochaines semaines, on pourra commencer sérieusement et d’ici mars avoir une posture européenne claire». «Si aucun élément nouveau n’est donné, nous travaillerons sur la base de pas de marché unique, pas d’union douanière», a indiqué de son côté un haut responsable européen.

Les dirigeants des 27  affichaient  leur fermeté vendredi après des déclarations peu appréciées à Bruxelles du ministre britannique du Brexit, David Davis, sur le caractère «non contraignant» de l’accord préliminaire conclu sur les termes du divorce.
Les négociations «de la seconde phase ne peuvent progresser que si les engagements pris lors de la première phase sont pleinement respectés et traduits fidèlement en termes légaux aussi vite que possible», devrait préciser leur texte commun mais cette étape s’annonce encore plus compliquée. «Le défi le plus difficile est devant nous», a averti Donald Tusk, président du Conseil européen car il n’est plus question d’unir les 27 contre le Royaume-Uni pour abonder le budget de l’UE ou défendre l’influence de la Cour européenne de justice. Certes, l’Union européenne s’affiche unie face à Londres, mais les autres thèmes du sommet ont montré qu’elle pouvait toujours se diviser sur d’autres questions. «Nous allons évoquer des sujets pour lesquels le manque d’unité est très voyant, je veux parler de l’Union monétaire et de la migration», a explicité Tusk. Chaque pays a des enjeux commerciaux différents dans le cadre du Brexit, alors que la règle devra être la même pour tout le monde à la fin. Donald Tusk a déclaré avoir déjà envoyé aux dirigeants des 27 son projet de texte pour établir les grandes lignes directrices des discussions à venir sur l’accord commercial. Ils auront du mal à trouver une position commune. Dresser des barrières douanières pour sanctionner le Brexit peut sembler tentant depuis Bruxelles, mais si les marchés estiment que le deal est trop mauvais pour la Grande-Bretagne, la Livre sterling va chuter, comme cela s’est produit depuis le référendum. Les exportations du Royaume-Uni en deviendront d’autant plus compétitives face à la production européenne.  



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