L’écosystème Bombardier sur de bons rails
Le géant canadien avance sur son projet d’écosystème ferroviaire. Une quinzaine de fournisseurs seraient déjà prêts à accompagner le projet. Bombardier entend destiner 60% de la production à l’export avec à la clé un taux d’intégration local de 40% avant 2025.
Bombardier Transport poursuit sa progression autour du projet d’écosystème ferroviaire. Le géant canadien veut «monter en ampleur et en ambition», indique Taoufiq Boussaïd, président de Bombardier Transport Maroc. Et pour cause, les ambitions de la firme sont grandes. Elle entend dupliquer le modèle de Bombardier Aerospace et réunir un tissu de fournisseurs dans le cadre de son cluster afin de conquérir depuis la plateforme marocaine, les marchés africains et européens. La filiale de la multinationale canadienne entend réunir une cinquantaine de fournisseurs à l’horizon 2020. «Déjà 15 fournisseurs sont disposés à nous accompagner au lancement de l’écosystème et 54 autres devraient nous rejoindre durant les 5 prochaines années», explique Boussaïd. Selon ce modèle, 60% de la production serait destiné à l’export avec à la clé un taux d’intégration local progressif. «Nous voulons atteindre un taux d’intégration de 40% assez rapidement et aller au-delà à partir de 2025», explique pour sa part Sebastien Ridremont, directeur d’écosystème Maroc de Bombardier. Un modèle qui a déjà fait ses preuves au Brésil en Afrique du sud et en Inde. Dans ce dernier pays, le constructeur a déjà pu dépasser un taux d’intégration de 70%.
Plein gaz
Au Maroc, la multinationale canadienne entend clairement se donner les moyens de ses ambitions. «Nous comptons tripler notre volume d’investissement et monter en puissance sur le plan de la formation et de l’ingénierie», affirme le président de Bombardier Transport Maroc. En effet, le centre d’ingénierie de la firme, employant déjà près de 80 ingénieurs devrait connaître une véritable dynamique durant les 18 à 24 prochains mois pour employer plus de 200 ingénieurs travaillant notamment sur des projets européens. L’implantation industrielle du projet est déjà en cours avec comme objectif l’exploitation d’un terrain de 140.000 m² qui inclut un parc de fournisseurs de près de 45.000 m² opérationnel en 2020 avec à la clé près de 2.000 emplois directs et indirects. Pour atteindre cet objectif, Bombardier capitalise notamment sur son large réseau de fournisseurs de par le monde. «Nous allons inciter nos fournisseurs à venir s’installer au Maroc. Nous souhaitons travailler de plus en plus en amont avec ces derniers en externalisant notamment les activités qui ne font plus partie de notre corps de métier y compris les faisceaux de câble et les armoires électriques», souligne pour sa part, Samuel Lepoutre, directeur Achats Bombardier transport. Il est à noter que 80% des achats Bombardier Transport sont effectués auprès de ses fournisseurs. Les achats de Bombardier dans les pays non occidentaux représentent 27% de son volume d’achats en 2016. Celui-ci s’élevait à 2,6 milliards d’Euros.
Concurrence
En attendant la montée en puissance de son écosystème, Bombardier Transport Maroc doit faire face à la concurrence accrue du géant français Alstom. La firme française accapare de grandes parts de marché en raison des contrats sur le TGV et sur le développement du réseau de tramway. Toutefois, à en croire le président de Bombardier Transport Maroc, le modèle d’écosystème visé nécessite la présence de plusieurs grands acteurs afin de tirer le marché vers le haut. «Avec Alstom, nous sommes partenaires sur de grands marchés, notamment en France où nous allons renouveler les trains des RER dans le cadre d’un consortium», affirme Boussaïd. C’est ce genre de modèles que le constructeur canadien entend développer dans et depuis le Maroc. En attendant, Bombardier continue d’accompagner le programme de modernisation de la signalisation ferroviaire pour l’ONCF. «Après quatre mois d’exploitation réussie, le premier tronçon de 30 km Kénitra-Tabriquet profite des bénéfices des technologies de pointe du système de contrôle ferroviaire Interflo 250 de Bombardier», affirme Boussaïd. Il s’intègre dans un plus grand projet visant l’ensemble de la ligne Kénitra-Rabat-Casablanca. Cette ligne fait partie du programme de l’ONCF visant à accroître la capacité du corridor ferroviaire principal de passagers et de fret au Maroc entre Casablanca et Tanger dans le cadre du programme national de promotion du développement des infrastructures et de la croissance économique.
Mise à niveau
Bombardier participe à la modernisation du système de signalisation des 130 km de voies des lignes Kénitra-Rabat-Casablanca et des 230 km reliant Sidi Yahya (près de Kénitra) et Tanger-Med avec la solution Interflo 250 de Bombardier, une technologie qui a fait ses preuves dans le monde entier. «Sur ce premier tronçon de 30 km mis en service le 31 juillet 2017, Bombardier a remplacé trois anciens systèmes par un seul système d´enclenchement informatique Bombardier de dernière génération et de grande capacité», soulignent le responsable de Bombardier Transport Maroc. Grâce à des fonctionnalités de pointe, cette solution permet de gérer plus efficacement les circulations sur la voie pour des opérations ferroviaires rapides et plus sûres. Au fur et à mesure de son déploiement qui se terminera en 2018, l’ensemble de la section Casablanca-Rabat-Kénitra, y compris ce système initial, sera mis à niveau pour répondre au standard européen de gestion du trafic ferroviaire ERTMS (Level 1) et ainsi permettre la circulation efficace des trains et de réduire considérablement les temps de parcours sur la ligne. De plus, le projet comprend l’installation d’une voie supplémentaire, une troisième voie. Bombardier installe également sa solution de services de contrôle ferroviaire Optiflo afin d’optimiser la maintenance et la circulation des trains à mesure que les lignes nouvellement équipées entrent en exploitation commerciale. Le projet est réalisé par le Centre d’excellence espagnol de Bombardier et l’équipe de gestion de projet basée au Maroc.