La décision de suivre des études supérieures et le choix de la filière à suivre ne se font plus après le bac, mais bien avant. Le processus d’orientation est tel que les compétences particulières sont décelées dès le lycée, ce qui aide grandement à la prise de décision le moment venu. Comment cela s’organise-t-il ?
L’orientation, longtemps considérée comme le maillon faible du système éducatif national, est souvent l’étape décisive avant de décider où poursuivre ses études. Initialement imaginée par le ministère de l’Éducation nationale comme étant un service gratuit mis au service des étudiants et à assurer par des professionnels de l’orientation, l’approche subie depuis peu des changements de fond. En effet, l’orientation ne se fait plus en binôme, en l’occurrence entre l’agent d’orientation et le futur bachelier, mais fédère désormais les établissements supérieurs, les professionnels (sociétés industrielles, banques, assurances, sociétés de services, etc. Cette approche vise à la professionnalisation de l’enseignement, une nouvelle formule éducative qui s’aligne sur les pratiques en vigueur au niveau international.
Dans le secteur privé, cela se traduit par des programmes de détection des aptitudes personnelles, des affiliations sectorielles, des préférences et des centres d’intérêts naturels de l’étudiant, pour dresser son profil professionnel et établir son CV prévisionnel. Ce dernier est ensuite confronté aux exigences du marché de l’emploi, et par là même à celles des employeurs qui se prêtent volontiers à cet exercice, pour en dégager le SWOT personnel de chaque élève. Une approche élaborée qui est certes laborieuse et coûteuse, les consultants à qui incombe la tâche de dégager les particularités de chaque profil à travers des séances d’évaluation pédo-psychologiques représentant un investissement conséquent que seules certaines écoles privées arrivent à assumer.
Aussi, cette technique est quasiment la même que ce soit au niveau des lycées que des universités et écoles supérieures. Seuls les paramètres de jauge et de comparaison diffèrent. Dans les écoles publiques, l’approche est un peu plus directe. «Les objectifs du système éducatif national en termes d’employabilité de ses lauréats consistent en la mise en place de filières précises qui correspondent parfaitement aux besoins immédiats du marché. Ce n’est donc pas une logique d’anticipation sur les besoins futurs ou probables, mais une posture stratégique qui vise le «ici et maintenant», nous explique un agent d’orientation agréé qui n’a pas souhaité se mettre en avant. En définitive, l’orientation a pour objectif de servir la mission centrale de l’enseignement secondaire, en l’occurrence la réussite des élèves dans leur tentative d’assimilation des offres universitaires et d’études supérieures, ainsi que des besoins évolutifs du marché de l’emploi.
Ce processus leur permet d’acquérir progressivement des connaissances sur le monde du travail, sur l’entreprise, sur les formations scolaires pour qu’ils puissent choisir leur parcours scolaire et professionnel en toute connaissance de cause. Entre également en ligne de compte la prédisposition financière des parents, principal obstacle à la sélection objective de la formation adaptée. Dans un souci d’efficacité pratique, les entretiens d’orientation sont prévus dès le collège car il incombe aux conseillers d’orientation de renseigner sur les évolutions que connaît le secteur national de l’éducation, notamment en termes de nouveautés relatives au baccalauréat professionnel et au baccalauréat dit international (plus exactement le baccalauréat international option langue française, anglaise ou espagnol). Ensuite, un deuxième programme de sensibilisation à la prise de décision est appliqué au lycée.
Ce programme récupère le plus clair des pratiques jusque-là encouragées, avec la différence, cette fois, d’une implication plus substantielle des parents dans le processus de prise de conscience. Les directions d’orientation en sont conscientes : ce sont les parents qui décident pour leurs enfants dans la quasi-totalité des cas. Et c’est là où le bât blesse puisque, en plus de gérer les demandes tardives, les conseillers en orientation doivent composer avec l’ignorance des parents en termes d’offres, ainsi que leur méconnaissance du profil pédagogique de leurs propres enfants. Des entêtements qui donnent souvent lieu à des «erreurs de casting», principale cause des échecs scolaires au niveau universitaire et supérieur. Fort heureusement, cette logique montre de la bonne volonté en termes d’évolution et commence à accepter la réalité des réorientations pour corriger le tir en cours de route. «Une possibilité qui n’existait pas avant et qui empêche nos élèves de foncer droit dans le mur en suivant un cursus inadapté», poursuit notre source.