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Croissance, flexibilité du change, banques participatives : JOUAHRI DIT TOUT

À l’issue du  Conseil de la Banque centrale, tenu le 20 décembre, Abdellatif Jouahri a passé en revue toutes les questions économiques et monétaires d’actualité. Le point. 

Taux directeur
Statu quo
Sans surprise, la Banque centrale a maintenu inchangé le taux directeur à 2,25%. «Eu égard aux prévisions de l’inflation qui reste en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et, plus globalement, à l’évolution de la situation économique à moyen terme, le niveau actuel du taux directeur continue d’assurer des conditions monétaires appropriées», estime Abdellatif Jouahri. Pour lui, le niveau de l’inflation demeure maîtrisé. D’ailleurs, elle est revenue de 1,9% en moyenne au troisième trimestre à 1,6% en octobre, sous l’effet principalement de la décélération de la hausse des prix des produits alimentaires à prix volatils. Au terme de l’année, elle devrait avoisiner 1,6% en moyenne et s’établir à des niveaux modérés à moyen terme. Mieux encore, selon les prévisions de la Banque centrale, elle reviendrait à 1% en 2017 grâce à la dissipation prévue des effets des chocs sur les prix des produits alimentaires à prix volatils, avant d’augmenter à 1,5% en 2018. Quant à sa composante sous-jacente, elle devrait s’inscrire dans une tendance haussière, passant de 0,8% en 2016 à 1,5% en 2017 et à 1,7% en 2018, sous l’effet notamment de l’amélioration prévue de la demande intérieure.

Croissance
Optimisme prudent pour 2017
On le sait, l’année 2016 devrait se clôturer avec un taux de croissance bas, encore plus bas que prévu puisque la Banque centrale a revu à la baisse ses prévisions. Ainsi, elle table en effet sur un taux de 1,2%, avec un repli de 9,6% de la valeur ajoutée agricole et un ralentissement du PIB non agricole à 2,6%. Les raisons de cette révision? «Une croissance limitée à 0,5% au 2e trimestre avec une contraction de 10,9% de la valeur ajoutée agricole et un ralentissement du rythme du PIB non agricole à 2,1% », explique la Banque centrale. À cela s’ajoute une accentuation de la contribution négative des exportations nettes et un ralentissement de la consommation privée. Avec les dernières précipitations, doit-on s’attendre à une meilleure croissance l’année prochaine ? La croissance devrait en effet s’accélérer l’année prochaine à 4,2%. «Mais, la campagne agricole étant déterminante, il faudra attendre mars prochain pour avoir plus de visibilité», tempère le wali de Bank Al-Maghrib.

Flexibilité du change
Entrée en jeu au 2e semestre 2017
«Le Fonds monétaire international a estimé que le Maroc est prêt et peut y aller au début de 2017. Mais j’ai opposé une fin de non-recevoir pour décaler de 6 mois. L’introduction de la flexibilité du change devrait avoir lieu au deuxième semestre 2017». Sur ce dossier, Jouahri joue la prudence pour négocier ce virage avec succès. «Notre problème est à la fois celui de la formation, de l’information et de la sensibilisation. Départements gouvernementaux, administrations, opérateurs économiques, banques…toutes les parties prenantes doivent être prêtes avant de sauter le pas», indique-t-il. Et d’ajouter : «On ne plonge pas dans un chantier aussi crucial sans prendre toutes les précautions. Soutenabilité budgétaire à moyen terme, système financier résilient, réserves de change importantes…ces pré-requis doivent être valables», insiste Jouahri.

Banques participatives
Feu vert avant la fin de l’année ?
Le feuilleton des banques participatives connaîtra-t-il son issue avant la fin de l’année ? La question a fait sortir le wali de la Banque centrale de ses gonds. «Médias et réseaux sociaux nous critiquent sévèrement sur cette question, comme s’il y a une volonté de retarder le démarrage de ces banques. Je rappelle que c’est la Banque centrale qui a ouvert la porte à ce type de produits à travers les fenêtres participatives, et ceci dès 2007», tonne Jouahri, énervé. Et de poursuivre : «On fait de notre mieux pour délivrer les agréments et un démarrage de ces banques avant la fin de l’année, mais il y a encore des points à régler». Le Comité des crédits et des établissements financiers a examiné toutes les demandes déposées et a demandé des documents supplémentaires sur certains volets (contrat, publicité…). «La balle est dans le camp des concernés qui doivent faire vite», conclut Jouahri.

Comptes extérieurs
Soulagés par les dons du CCG
On le sait, le climat n’est pas favorable pour les échanges extérieurs du royaume : ralentissement des exportations sous l’effet, notamment, de la baisse des ventes des phosphates et dérivés, et accélération du rythme des importations. Résultat, le solde commercial s’est creusé de 25,3 MMDH à fin novembre, ramenant le taux de couverture à 55%. Côté perspectives, en dépit de l’hypothèse d’une entrée de dons des partenaires du CCG de 8 MMDH annuellement entre 2016 et 2018, le déficit du compte courant devrait s’établir à des niveaux légèrement plus élevés que prévus en septembre dernier. Selon les prévisions de la Banque centrale, il avoisinerait 2,8% du PIB en 2016 et s’allégerait à 2,1% en 2017 et à 2,5% en 2018. «Un niveau qui reste correct», rassure Jouahri. Par ailleurs, sous l’hypothèse de la poursuite de l’afflux d’IDE d’un niveau comparable aux années précédentes, les réserves de change devraient continuer à se renforcer, mais à un rythme moins soutenu que prévu en septembre dernier, pour assurer la couverture de 6 mois et 21 jours d’importations de biens et services à fin 2016, 7 mois au terme de 2017 et 7 mois et 12 jours à fin 2018.

Crédits
Baisse des taux, hausse des risques
Le troisième trimestre de l’année a été caractérisé par une nouvelle diminution des taux débiteurs de 17 points de base à 5,08%, portant ainsi la baisse totale de ces taux à 95 points de base sur les 8 derniers trimestres. «C’est une baisse beaucoup plus importante que celle qu’a connue le taux directeur ces dernières années», commente Jouahri. La diminution des taux s’explique, selon lui, par la politique incitative pratiquée par l’institut d’émission qui, dans le cadre de la répartition des liquidités, favorise les banques qui transmettent la baisse du taux directeur. Par ailleurs, la croissance des crédits, molle ces dernières années, devrait repartir à la hausse. Sa prévision a été ajustée à la hausse à 3,5% pour 2016. À moyen terme, son rythme devrait davantage s’améliorer pour atteindre 4% en 2017 et 4,5% en 2018, soutenu par la reprise prévue de la croissance non agricole et des conditions monétaires accommodantes.

Finances publiques
Baisse de l’endettement à partir de 2017
La tension sur les finances publiques devrait s’alléger dans les prochaines années. C’est en tout cas ce que prédit la Banque centrale. «La dette du Trésor devrait augmenter de 64,1% du PIB en 2015, à 65,1%. Mais elle devrait baisser à 64,2% du PIB en 2017 et se stabiliser à 64% en 2018», indique Jouahri. Dans ce sillage, la dette publique devrait augmenter de 80,4% du PIB en 2015 à 81,7% en 2016 et baisser à 80,7% en 2017 et à 80,3% en 2018. Pour le wali de Bank Al-Maghrib, à moyen terme, l’ajustement budgétaire devrait continuer sous l’hypothèse de la poursuite de la mobilisation des recettes et d’une meilleure maîtrise des dépenses courantes. Le déficit, qui s’est légèrement atténué à 38,8 MMDH, pour avoisiner 3,5% en 2016, devrait ainsi s’alléger à 3,1% du PIB en 2017, en ligne avec l’objectif du projet de loi de finances, avant de revenir à 2,8% en 2018. 



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