Maroc

Comment la ville a géré son urbanisation

En 2017, Casablanca fêtera le centième anniversaire de sa planification urbaine. Casablanca déroge à la loi en vigueur (12-90) dans la mesure où elle dispose d’un texte particulier. L’Agence urbaine de Casablanca (AUC) a été impliquée pour la première fois dans la réalisation du projet territorial 2030. En rétrospective, la ville a perdu la vue d’ensemble qu’offraient les Schémas directeur d’aménagement urbains (SDAU) réalisés avant l’indépendance.

Aussi étrange que cela paraisse, on ne peut pas aborder le thème de la planification urbaine à Casablanca sans revenir au début du siècle dernier. En 2017, Casablanca fêtera en effet le centième anniversaire de sa planification urbaine. Un siècle auparavant, précisément en 1917, la ville s’était dotée de son premier document urbanistique basé sur la loi de 1914. Actuellement, le cadre juridique s’articule autour de deux grands axes. Primo, la planification prospective, représentée par le schéma directeur, régit par une loi spécifique. En cela, Casablanca déroge à la loi 12-90 dans la mesure où elle dispose d’un texte particulier qui définit les grandes orientations. Secundo, le suivi des études revient à l’AUC, impliquée pour la première fois dans la réalisation du projet territorial 2030. Concernant l’homologation réglementaire, elle obéit à une procédure plus simplifiée que celle prévue par la loi citée. Il s’agit d’un avis qui approuve le SDAU par une assemblée préfectorale, provinciale et communale, cautionné par un décret après visa des ministères de l’Équipement, de l’Habitat, de l’urbanisme et enfin celui de l’Économie et des finances.

Planification Vs mise en application
Dans les années dix du XXe siècle, la ville comptait environ 20.000 habitants occupant une superficie de 45 hectares, ce qui correspond à l’ancienne médina (Intra-muros). Le noyau de la ville a connu, depuis lors, une extension extra-muros très rapide, consécutive au lancement de plusieurs projets structurants, comme le port ou les chemins de fer à l’époque, et après l’explosion démographique qu’a connue la ville. Or, à l’heure où la métropole est en passe de devenir un hub continental, cette histoire de planification urbaine aussi riche bénéficie-t-elle à la ville et à ses habitants ? Sans aucun doute, Casablanca connaît actuellement des difficultés dans le domaine de l’urbanisme : surpopulation, exode rural, logement, effondrement, mobilité, abus de passe-droit, Arsenal juridique inadéquat, etc. «Pourtant, les plans d’aménagement sont réalisés selon les règles de l’art, mais c’est la mise en application qui laisse à désirer. De ce fait, les plans d’urbanisme sont incapables de remédier aux problèmes de congestion et de désordre urbanistique où la ville patauge», précise Azzedine Hafif, directeur du foncier et de l’aménagement urbain à l’Agence urbaine de Casablanca. Néanmoins, le tableau n’est pas si noir que ça. Casablanca est effectivement la première agglomération urbaine qui se trouve totalement couverte par les documents d’urbanisme, prévus par la loi 12-90. «Généralement, ce ne sont que des parties de territoires qui sont couvertes par ces documents», précise le docteur en droit. Cela signifie que les documents vont jusqu’à échéance. Dans plusieurs cas, et contrairement au cas casablancais, les documents d’urbanisme ne sont pas homologués au cours du processus de l’élaboration, quand bien même ils sont homologués, ils ne sont pas appliqués ou tombent en désuétude.

Coupure historique
Les Plans Prost de 1917 et Écochard de 1952, des noms des deux architectes ayant marqué, à jamais, par l’emprunte des leurs travaux, l’histoire de la ville, conféraient à la planification urbaine un aspect essentiellement réglementaire. Il s’agit de surcroît de documents qui permettaient une vue d’ensemble de l’évolution urbanistique de la ville. «Après l’indépendance et jusqu’en 2010, ladite ville ne disposait que de plans fragmentaires qui correspondaient, plus ou moins, aux quartiers. Nous avons perdu cette vue d’ensemble qu’offraient les plans Prost et Écochard. Ce déficit a été partiellement corrigé dans les années 80 et le SDAU de 1985», souligne Hafif.

1985 et 2010 années charnières
Quoique dénué de plan d’ensemble, le SDAU de 1985 comportait un zonage rigoureux. Ce schéma se déclinait en 46 plans d’aménagement par secteurs, mais sans valeur légale, à l’exception des deux plans d’aménagements d’Ain Sebaâ est et ouest. Principales orientations, ce document prévoyait une extension linéaire le long de la façade maritime ; une disposition qui devait permettre de réaliser une conurbation entre les villes de Casablanca et Mohammédia, et la création de centres administratifs périphériques pour décongestionner le centre. Quinze ans plus tard, le SDAU 2010, considéré comme un outil de mise en œuvre, précédé par un plan de développement stratégique, prévoit surtout de délimiter l’extension de la ville par une rocade urbaine et une ceinture verte. Disposant de 36 plans d’aménagement, dont 28 sont homologués, ce schéma vise à préserver la vocation industrielle de la ville et stabiliser la population tout en développant neuf pôles périphériques. Ironie du sort, ce territoire connaît une fragmentation entre les quartiers de l’est et de l’ouest, ce qui est considéré comme un héritage du plan Prost qui avait segmenté la ville en deux zones ; d’habitat et industrielle et une expansion vers le sud. Comment arrivera-t-on à appliquer les préceptes de ces schémas réalisés pourtant selon les règles de l’art ?



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