«Il serait grand temps que l’humanité se réveille»

Duo qui a marqué l’édition 2013 de l’émission The Voice France, Jérémy Frérot et Florian Delavega ont depuis le vent au poupe, enchaînant les albums et les concerts. Ce n’est pas pour rien que le Concert pour la tolérance a pensé à eux cette année, connus pour distribuer amour et bonnes ondes avec des chansons positives et entraînantes. Rencontre avec un duo ensoleillé.
Les Inspirations ÉCO : À quel point est-ce important pour vous de jouer dans un concert qui défend la tolérance et le vivre-ensemble, en ce contexte international de crise ?
Florian Delavega : Pour nous, c’est important! On est vraiment content d’être là, à Agadir, au Maroc, pour la première fois. Chanter d’aussi beaux messages, c’est ce que l’on fait tout le temps, ou du moins ce que l’on tente de faire tout le temps. Nous essayons de véhiculer ce message de partage, d’amour tout au long de l’année, ce n’est pas surprenant. Mais on est très content d’être là et de participer à un événement qui est un rappel des choses essentielles, avec autant d’artistes de renom! Il est important que l’on mette l’accent sur l’acceptation, la tolérance, le vivre-ensemble, même si c’est dommage qu’on en soit là en 2016: à rappeler ces choses-là! Il serait grand temps que l’humanité se réveille pour qu’on puisse «co-vivre» avec un but positif commun. On ne s’en rend compte que maintenant, mais cela fait longtemps que ça dure…
Vous chantez des textes légers en apparence, mais pourvus d’un double sens. Est-ce assumé ?
Parfaitement. Le sens des mots et la profondeur des textes dépendent de la profondeur et du bon sens de celui qui les décrypte. Les gens qui lisent la vie avec une certaine profondeur vont faire attention au double sens des textes puisque si l’on se penche dessus et qu’on essaie de dépasser «la première couche», vous comprendrez plus de choses, vous verrez plus de choses. On y met le sens que l’on veut y mettre, mais nous n’avons pas cette démarche de vouloir à tout prix éveiller les consciences. Nous ne sommes pas «frontaux» dans les messages. C’est intérieur, c’est personnel. C’est un peu dans cette démarche d’introspection qu’on s’est inscrit, lors de la préparation de ce deuxième album.
Jeremy Frérot: c’est surtout pour nous qu’il y a des seconds sens. On essaie d’aller en profondeur dans une société de consommation où tout va vite, et où les gens ne prennent pas le temps de s’attarder sur des chansons. Ils veulent écouter autre chose, vite. C’est pour nous qu’on le fait.
Le premier album est venu très vite après The Voice; le deuxième, un an après le premier. Vous étiez donc prêts pour la célébrité …
On avait de l’avance, oui! (Rires). Quand on a commencé l’émission, on était déjà en phase d’écriture. On a accepté de participer à l’émission justement, parce qu’on avait cette promesse qu’on allait avoir des projets qui allaient suivre. C’est pour cela qu’il y a eu une impression d’aller très vite. Et pour le deuxième, on avait envie de raconter autre chose, puisqu’on a commencé à s’affirmer très vite, dans la musique et dans la vie aussi! Cette aventure nous a fait mûrir plus vite. C’est vrai qu’on est resté connecté à ce qu’on était, au plus profond de nous. On garde les pieds sur terre parce qu’il n’y a pas de raison de s’envoler. On s’adapte à la célébrité, mais ce n’est pas notre but ultime.
Que s’est-il passé entre le premier et e deuxième album ?
Le fait d’accéder à la célébrité aussi vite nous a fait réfléchir: quelle est notre place là-dedans? Comment se positionne-t-on? En tant qu’êtres humains !
Il semble important, pour vous, de faire des rappels pour ne pas perdre pied. Dans votre nouvel album, il y a souvent des allusions à l’ancien. Pourquoi?
Ce sont des petits clins d’œil qui nous sont destinés. Des petits kiffs. Cela nous fait du bien de nous dire qu’il y a un fil rouge et que l’on raconte une histoire. Pour nous, c’est important. Il est important de garder cette cohérence. On raconte notre histoire.
Vous racontez aussi votre histoire sur scène, avec des concerts qui ont beaucoup évolué depuis vos débuts…
Par ce que l’on s’est rendu compte que c’est sur scène qu’on était le plus «nous», le plus libre. C’est notre meilleur moyen d’évasion, c’est sur scène que l’on se sent le mieux. C’est le seul endroit où personne ne nous dit quoi faire ou comment. On va voir les gens, les regarder dans les yeux et faire passer un message, au lieu de passer par plusieurs interlocuteurs avant qu’il arrive. On s’y sent vraiment bien. On vient de la scène, on s’est construit sur scène. C’est là que ça vit, c’est là qu’on vit… là qu’on transmet des choses, via une énergie et tout ce qu’on dégage. Les spectacles vivants sont tellement importants, aujourd’hui plus que jamais. Le vivant doit continuer à vivre, et c’est pour cela que le Concert pour la tolérance est aussi important.
Pensez-vous déjà au troisième album?
Non, pas encore…(Rires). On pense à jouer encore et encore, et à profiter surtout, du moment présent. C’est primordial.