Agriculture durable : Fès-Meknès étudie son potentiel
Des spécialistes ont planché, samedi dernier, sur l’avenir de l’agriculture durable dans la région Fès-Meknès. L’occasion de partager leurs expériences innovantes, les avantages et les bonnes pratiques de cette agriculture.
Plusieurs spécialistes et chercheurs dans l’agriculture ont expérimenté et mis en place de nouvelles pratiques liées au développement durable, lors de la quatrième édition du forum régional de l’agriculture durable. Cette rencontre est organisée par le Réseau des initiatives agro-écologiques au Maroc (RIAM) en partenariat avec l’Université Mohamed Ben Abdellah-Fès et la région de Fès-Meknès. Cette journée d’échanges en plénière et en ateliers a permis aux participants d’aller à la rencontre des acteurs de l’agriculture durable de la région pour faciliter le partage des expériences innovantes, elle a été aussi une occasion de s’interroger sur les avantages, les bonnes pratiques et les besoins de cette agriculture.
En effet, les participants ont assisté à six thématiques d’ateliers interactifs, à savoir la production, la commercialisation et la certification, la formation, l’écotourisme, le patrimoine les savoirs-faire locaux et traditionnels et l’agriculture urbaine. Les responsables du forum ont expliqué que les agricultures durables de proximité s’inscrivent dans une démarche d’écodéveloppement territorial prenant en compte l’engagement de tous en matière de production agricole rurale, urbaine et d’économie d’eau. «L’agroécologie met en valeur les moyens de bien vivre autrement, produire autrement et nourrir autrement, tout en préservant le patrimoine naturel de notre planète. Elle offre ainsi des clefs d’adaptation aux changements climatiques actuels et des réponses pour atteindre en 2030 les 17 objectifs des Nations unies pour le développement durable», précise Annie Mellouki, présidente du RIAM.
Des solutions pour la région
L’agriculture durable peut faire partie des solutions envisagées pour combattre ce changement climatique sur la région de Fès-Meknès, surtout que la région dispose d’1,3 million d’hectares, soit 15% de la surface agricole utile (SAU) nationale et un nombre d’exploitations de 206.368 ha. Sur un autre registre, le Plan Maroc vert (PMV) ambitionne de mettre en valeur l’ensemble du potentiel agricole territorial avec une stratégie s’articulant autour des piliers I et II, ce qui devrait générer, à l’horizon 2020, un investissement de 150 MMDH, et permettre de multiplier par 2,5 la valeur ajoutée du secteur. De quoi permettre également une augmentation significative de la production de toutes les filières concernées, allant jusqu’à 284% pour les olives, 146% pour les agrumes et 142% pour les cultures maraîchères.
Dans le même cadre des projets Pilier I et Pilier II conçus par PMV, Laila Louddi, représentante de la Direction régionale de l’agriculture de Fès-Meknès, a précisé que la région Fès-Meknès compte 93 projets pilier II sur une superficie de 77.690 ha, 69.625 bénéficiaires et 10 projets pilier I sur une superficie de 26.909 ha profitant à 6.952 agrégés. S’agissant du Fonds de développement agricole (FDA), Laila Louddi a précisé qu’il constitue un instrument d’application de la politique gouvernementale dans le secteur agricole et un levier d’investissements contribuant à l’amélioration des revenus des agriculteurs et au développement global de l’économie.
Une agriculture pour l’avenir
En optant pour une agriculture durable, le Maroc peut restaurer et maintenir les sols vivants nourriciers et les zones côtières, pour gérer l’eau de façon optimale et s’engager à utiliser les énergies renouvelables. Ce type d’agriculture permettra aussi de préserver les forêts et développer l’agroforesterie et la reforestation. «Nous pouvons tous agir concrètement et de façon pérenne pour améliorer les conditions de vie des familles liées à l’agriculture familiale et la pêche artisanale, ainsi que d’accroître le respect de la biodiversité naturelle et de l’agro-biodiversité afin de restaurer et maintenir les sols vivants nourriciers et les zones côtières», précise Abdessalam Elkhanchoufi, de l’Université Mohamed Ben Abdellah de Fès.
Recommandations
Les ateliers de ce forum ont été conclus par un ensemble de recommandations qui reposent sur le fait d’engager un travail collaboratif sur les agricultures durables et l’écotourisme associé avec une approche multi-acteurs qui regroupe le Conseil de la région de Fès-Meknès, la commune, l’Université Mohamed Ben Abdellah de Fès et le RIAM. Il faut également mutualiser, capitaliser et partager les expériences, les savoirs-faire locaux, les outils et bonnes pratiques en agriculture durable, tant dans le monde rural qu’urbain. L’université peut également mobiliser ses équipements de recherches et ses étudiants autour de ces thématiques. Le RIAM conduira encore 4 autres forums régionaux jusqu’en mai 2017, préparant ainsi les Assises nationales de l’agriculture durable au Maroc en septembre 2017, événement de dimension nationale mettant en exergue le mouvement de transition vers une agriculture durable au Maroc.