Industrie du cuir : Le projet du parc d’Aïn Cheggag validé
Le projet du parc industriel d’Aïn Cheggag, à Fès, nécessite une enveloppe estimée à 146,5 MDH. La dernière phase de l’étude relative à sa mise en œuvre vient d’être validée. Le projet, qui sera réalisé en trois phase, est programmé sur une superficie de 89,5 ha.
Le tant attendu projet du parc industriel d’Aïn Cheggag pourrait-il enfin voir le bout de tunnel ? En tout cas, tout laisse croire que sa concrétisation est pour bientôt. En effet, l’étude relative à sa mise en œuvre a été finalisée et validée par une commission régionale spécialisée, qui regroupe, outre les représentants du ministère de l’Industrie et la FEDIC, ceux de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Fès, du Centre régional d’investissement, de la province de Sefrou, de la commune d’Aïn Cheggag et de la Délégation du commerce et de l’industrie de Fès.
Rappelons que c’est la Chambre de commerce qui a relancé ce projet de district du cuir, en stand by depuis de longues années. Le projet d’Aïn Cheggag se présente comme étant un pôle industriel constitué de deux parties. Une zone généraliste de 32 hectares sous la tutelle d’une commission régionale et une deuxième de 50 hectares sur un terrain appartenant au ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, dédiée au district du cuir. D’après l’étude qui a été validée il y a quelques jours, l’estimation des travaux est basée sur un avant-métré détaillé, lequel fait ressortir un coût global de l’opération de 146,5 MDH incluant les travaux hors site.
Le prix de revient des travaux serait de 363 à 257 DH/m² (selon variante avec ou sans STEP) équivalent à une fourchette allant de 231 à 164 DH/m². En effet, la réalisation des travaux va être déclinée en trois phases, ainsi un délai de 14 à 24 mois est requis pour chacune des tranches tout en incluant les travaux de VRD (Voirie et réseau divers) du parc. Partant de ces délais, un délai global de 36 à 48 mois serait nécessaire pour finaliser le planning de valorisation du parc.
D’après l’étude, le phasage optimal consiste en la réalisation de la première phase qui constitue la partie généraliste du projet et la plus proche des premiers points de raccordement hors site d’assainissement, cette partie sera réalisée dans un délai de 24 mois et son hors site dans un délai de 12 mois. Concernant la phase 2, elle sera réalisée dans un délai de 18 mois comprenant un délai de réalisation de l’hors site (12 mois), sachant que la STEP sera comprise dans cette phase. S’agissant de la phase 3, elle se déroulera sur une période de 14 mois. D’après les opérateurs économiques de la ville, «ce projet représente une opportunité pour développer une plateforme industrielle intégrée au niveau régional intégrant un cluster d’excellence dans les métiers du cuir, lequel va représenter un véritable levier pour développer la compétitivité des différents maillons de la chaîne de valeur».
Avec ce projet, la région de Fès souhaite affirmer sa vocation territoriale, génératrice d’emplois et de dynamiques économiques durables. En effet, la région traite près de 30% des volumes de peaux du Maroc et dispose d’un savoir-faire ancestral. Ainsi, la ville intègre près de 120 unités industrielles sur 340 PME du secteur du cuir au niveau national. Ce projet a pour ambition de développer le potentiel de synergies en intégrant plusieurs activités industrielles (habits, chaussures, tissu technique…) ainsi que d’améliorer les activités connexes (artisanat, tourisme, industries des équipements…).
La composition du site
Sur une superficie totale de 89,5 ha bruts soit 56,9 ha nets cessibles, le site est composé de trois parties : la première est d’une superficie brute de 41 ha soit 26,1 ha net et sera composée à 100% de lots industriels. Quant à la deuxième partie, elle s’étale sur une superficie brute de 33 ha, soit 21,2 ha net, dont 34% de lots industriels destinés aux tanneries, 40% pour la transformation des peaux et 26% de lots pour la logistique, les services et la formation. La troisième phase est d’une superficie brute de 15 ha soit 9,6 ha net et sera composée de 20% de lots de devanture et de 80% de lots industriels destinés aux tanneries.
Analyse des sources potentielles de financement
Le parc industriel d’Aïn Cheggag, de par son caractère durable et orienté «nouvelle génération» peut faire appel à des mécanismes de financement sous formes de subventions ou de financements remboursables auprès d’un panel élargi de bailleurs de fonds tels que la région avec l’appui de son programme de développement de projets structurants, le ministère chargé de l’Industrie dans le cadre du Fonds de développement industriel, et notamment en appui au développement de parcs industriels locatifs sous formes de contributions non remboursables, le Fonds Hassan II pour le développement économique et social ou encore le MCC (Millenium Challenge Corporation). D’après l’étude, le Fonds d’équipement communal peut aussi contribuer à des projets susceptibles d’induire un impact positif pour la collectivité tels que la viabilisation et l’aménagement des zones industrielles sous formes de financements remboursables attribués aux collectivités territoriales. Le Fond de dépollution industrielle (FODEP) et l’Agence du bassin hydraulique (ABH) peuvent aussi intervenir avec le mécanisme des subventions pour la mise en place d’équipements de traitement ou d’élimination des rejets liquides.
Business plan et scénarii de commercialisation du projet
L’objectif du business plan est d’une part d’évaluer la rentabilité du projet ainsi que les possibilités d’optimisation de son financement. Selon l’étude, 3 scenarios sont envisageables : soit la cession soit la location des lots avec une obligation de valorisation ou une combinaison entre la location et la cession avec une obligation de valorisation. L’analyse comparative de ces 3 scénarios a démontré que le scénario le plus optimal pour le projet est celui de l’offre mixte entre cession et location.
Montage financier des scénarios préconisés
Le montage financier des trois scénarios prévoit le recours à une société de développement local (SDL) pour l’aménagement et la gestion du parc. En effet, celle-ci vise à disposer d’une expertise technique et commerciale dédiée pour accélérer le positionnement de l’offre et renforcer l’attractivité des bailleurs de fonds. L’étude a confié à la SDL un rôle d’aménageur et développeur dissociant la fonction d’aménagement/développement de celle de gestion de l’espace d’accueil. Ce mode de gouvernance induit la présence de deux structures juridiques distinctes avec des attributions bien spécifiques. Une entité «A» d’aménagement et de développement du parc aura pour objectif de réaliser les études, la mobilisation des financements ainsi que la maîtrise d’ouvrage.
La deuxième entité «B» va présenter la structure de gestion et a pour vocation d’assurer la gestion courante du parc (animation, gestion de l’interface avec les usagers et du facility management). Le gestionnaire peut prendre en charge tout ou partie de la commercialisation de l’offre immobilière du parc. Le processus d’aménagement et de développement est porté par une structure ad hoc, en l’occurrence la SDL dont les missions sont définies dans une convention de valorisation du parc industriel d’Aïn Cheggag.
Ainsi, le processus de gestion peut être délégué à une structure spécifique qui assurera l’interface avec les usagers. Cette structure est à même d’assurer directement les services «Facility management» ou de les déléguer à des sous-traitants (transport, restauration, entretien….). Sur le plan pratique, cette structure peut être sous forme commerciale de droit privé avec un cadre contractuel la liant à la SDL, laquelle lui déléguerait tout ou partie de sa mission de gestionnaire du parc selon des modalités à définir.