Discours du trône : Les acteurs politiques rappelés à l’ordre
Le roi recadre les partis politiques et les incite à ne pas recourir à la monarchie pour faire taire les adversaires. La volonté de réintégrer l’UA ne signifie pas une prédisposition à cohabiter avec les séparatistes au sein de la même instance. L’impact du développement humain sur le niveau de vie reste la seule preuve tangible de l’efficacité des programmes économiques et sociaux.
À l’approche des élections du 2e mandat sous la Constitution de 2011, le discours commémorant le 17e anniversaire de la Fête du trône ne pouvait laisser passer ce moment crucial des réformes pour rappeler les devoirs qui incombent aux acteurs politiques. La rage de vaincre lors des élections d’octobre prochain a fini par faire perdre de vue l’essentiel pour les acteurs politiques : Le service de l’intérêt général. Les termes du souverain ont clairement expliqué l’état des lieux qui prédomine durant la fin de cette législature : «Dès que la date des élections approche, on assiste à une frénésie quasi-résurrectionnelle où règne le chacun pour soi, et où personne ne connaît plus personne. Tous, gouvernement et partis, électeurs et candidats, perdent la tête et sombrent dans un chaos et dans des luttes qui n’ont rien à voir avec la liberté de choix incarnée par le vote».
La déception du roi concerne et la majorité et l’opposition, qui se partagent la responsabilité de la personnification des divergences de points de vue. La stérilité du débat et l’absence d’argument a poussé certains acteurs à ingérer le roi dans l’arène politique. Cette attitude est presque condamnable par le souverain, qui a appelé au respect des normes fixées par la Constitution. «La personne du Roi jouit d’un statut particulier dans notre système politique. Tous les acteurs, candidats et partis confondus, doivent donc se garder de l’instrumentaliser dans quelque lutte électorale ou partisane que ce soit», a averti le souverain qui a insisté aussi sur la prise de conscience des citoyens de l’importance des prochaines élections. «C’est le citoyen – et non les partis et les candidats – qui est l’élément le plus important de l’opération électorale.
Il est la source du pouvoir qu’il leur délègue. Il a aussi le pouvoir de leur demander des comptes ou de les remplacer en fonction de leur prestation pendant la durée de leur mandat».
Pour rattraper le temps perdu dans des conflits marginaux, les partis politiques devront changer l’image nourrie dans l’esprit des citoyens. Dans le cas contraire, l’élite politique se dirige irréversiblement vers un modèle qui vide l’instance législative de ses pouvoirs et finira par toucher même la légitimité des élections, qui fait toujours l’objet de surenchère politique. «Ce qui est étonnant, c’est de voir certains se livrer, dans leur quête des voix et de la sympathie des électeurs, à des pratiques qui sont contraires aux principes et à l’éthique de l’action politique, proférer des déclarations et utiliser des termes préjudiciables à la réputation du pays et attentatoires à l’inviolabilité et à la crédibilité des institutions», selon le constat du souverain à propos du malaise vécu par certains acteurs durant cette période.
L’autre pari gagné lors des élections est celui de la transparence des opérations de vote. Le roi a cité la présidence du gouvernement et les deux ministères de la Justice et de l’Intérieur comme étant directement concernés par la garantie de l’intégrité et la transparence du processus électoral. Le contrôle juridictionnel du scrutin relatif à la Chambre des conseillers a montré que la plus haute juridiction reste vigilante non seulement par rapport aux agissements lors du déroulement du scrutin, mais aussi durant toutes les étapes liées aux préparatifs des élections. Le roi a appelé à l’application pure et simple de la loi électorale dans l’optique de purifier le Parlement de ceux qui sont uniquement hantés par «des règlements de compte personnels ou la quête d’intérêts partisans étriqués !».
Le retour à l’UA, couronnement d’une année de «fermeté» diplomatique
Faisant le bilan d’étape de la diplomatie marocaine, le roi a insisté sur la volonté du Maroc à renouer avec le dialogue constructif, mais aussi de faire face aux dérapages qui servent les intérêts des séparatistes. «Si certains ont tenté de faire de 2016 «une année décisive», le Maroc a, pour sa part, réussi à en faire «l’année de fermeté» concernant la préservation de son intégrité territoriale», a souligné le souverain. La décision de réintégrer l’UA s’inscrit en continuité avec les efforts diplomatiques tendant à contrecarrer toutes les tentatives de plonger la région dans le chaos. «Cette décision ne signifie en aucune manière le renoncement du Maroc à ses droits légitimes, ou la reconnaissance d’une entité fictive», a tenu à préciser le premier diplomate du pays. L’appui attendu des pays africains qui soutiennent le plan d’autonomie ainsi que les relations économiques avec plusieurs pays africains traduisent pour leur part la «diplomatie de la parole et de l’acte», qui est actuellement quasiment une constante dans la politique africaine du Maroc.