Maroc

Fair-play financier : En attendant des actes

La Fédération royale marocaine de football (FRMF) annonce la mise en œuvre du fair-play financier. Fouzi Lakjaâ veut passer des paroles aux actes.

Les compétitions du football professionnel (Coupe du trône et Botola Pro) démarrent le 26 août prochain sur fond de crise financière des clubs marocains. Le cas le plus emblématique est celui du Raja club athletic (RCA) qui traverse une crise sans précédent dans son histoire. Le passif de l’association sportive est de 33 MDH. À quelques semaines du démarrage du championnat, les joueurs ainsi que le staff technique et administratif n’ont pas reçu leurs salaires et primes depuis plusieurs mois. Le bidaoui est loin d’être une exception.

Interdit de chéquier
Le MAT de Tétouan a dû brader ses meilleurs joueurs pour juguler la baisse des recettes et une dette de 12 MDH. Jusqu’à maintenant, 12 joueurs ont signé avec de nouveaux clubs pour pallier à cette situation financière catastrophique. Le WAC pour sa part affiche un passif de l’exercice précédent de 34 MDH, faute de pouvoir trouver un accord avec l’ex-président Abdelilah Akram autour de ses créances, les rouges n’ont pas présenté de rapport financier à leurs adhérents. Le MAS de Fès relégué en deuxième division traîne une ardoise financière de 6,7 MDH.

Ces cas sont loin d’être des exceptions, selon les données obtenues par Les Inspirations ÉCO, douze clubs sur quinze affichaient un déficit la saison passée. Malgré ces dérapages financiers, la FRMF et son instance chargée du contrôle financier des clubs ; la Commission nationale de contrôle de gestion (CNCG), évitent de prendre des mesures disciplinaires prévues par la loi (voir encadré). Selon notre confrère Le Matin, les 16 clubs de la Botola D1 cumulent un endettement record de 340 MDH. Conséquence : Des associations sportives interdites de chéquiers, des présidents de clubs qui saisissent les comptes bancaires des associations qu’ils dirigent pour recouvrer leurs créances, des litiges financiers entre joueurs, entraîneurs et clubs qui se multiplient, c’est l’envers du décor qu’offre cette fin de saison footballistique. La première saison gérée par la Ligue nationale de football professionnel (LNFP) s’annonce laborieuse.

Pourtant, au moment du lancement du championnat professionnel en 2011-2012, la FRMF prévoyait un contrôle strict des finances des clubs. Quatre ans après, les effets de ce contrôle se font toujours attendre. Le Comité directeur lors de la dernière réunion du 20 juillet dernier a promis d’activer le principe du fair-play financier pour stopper cette hémorragie.

Audit financier
Avant d’aller plus loin, en quoi consiste le fair-play financier ? Ce concept a été évoqué pour la première fois en mai 2010 par l’UEFA avec un principe basique: «Le club ne peut pas dépenser plus que ce qu’il gagne». Les clubs européens avaient bénéficié d’une période transitoire de trois ans. Des pertes étaient autorisées avec un seuil de 45 millions d’euros. Parmi les premiers clubs sanctionnés en Europe se trouvait le PSG.

Le recrutement du club français était plafonné à 60 millions d’euros pour la saison 2014-2015. Cette sanction négociée a permis au club d’améliorer ses indicateurs financiers. Dans le contexte marocain, il restera à définir les contours de ce fair-play financier. Pour le moment, l’heure est à l’audit. Les clubs du football professionnel reçoivent les visites des cinq cabinets d’audit mandatés par la FRMF pour diagnostiquer leur situation financière et préparer la mise en œuvre du cahier des charges pour la saison 2016-2017. L’endettement excessif des clubs est un des points qui inquiètent le plus la CNCG.

L’audit de la CNCG s’intéresse à l’ensemble des indicateurs financiers : les arriérés de paiement, les arriérés de créances, le fonds de roulement et le résultat net. Malgré le premier constat de la CNCG, cette instance préfère ne pas sévir pour le moment. «Si on applique les textes, ces mesures auront un effet de bombe atomique sur le monde du football au Maroc», nous expliquait dans une précédente déclaration Mohamed Talbi, président de la CNCG. En attendant la grande transformation en SA pour la saison 2017-2018, les clubs doivent d’abord assainir leur situation financière.   


 

Ce que risquent les clubs. Les 6 sanctions.
Les statuts de la FRMF prévoient dans l’article 38 des sanctions relatives aux cas «d’inobservation des dispositions obligatoires de la bonne gestion financière…». Ces sanctions se déclinent comme suit :
a. Interdiction totale ou partielle de recruter de nouveaux joueurs sous contrat.
b. Recrutement contrôlé dans le cadre d’un budget prévisionnel ou d’une masse salariale prévisionnelle limitée.
c. Limitation du nombre de joueurs mutés.
d. Proposition au Comité directeur d’une rétrogradation sportive.
e. Proposition au Comité de l’interdiction d’accession sportive.
f. Proposition au Comité de l’exclusion des compétitions.



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