Canicule : La volaille et les agrumes souffrent
Le Maroc connaît une période de canicule depuis plus d’une semaine. Cette situation climatique devrait impacter la production d’agrumes et le secteur avicole. Le point.
La vague de chaleur actuelle devrait être ressentie différemment dans le secteur agricole. Pour les agrumes, l’impact est pour le moment «limité», selon l’Association marocaine des producteurs exportateurs de fruits et légumes (APEFEL). Par contre, le secteur avicole devrait pâtir des hausses de la température. Par ailleurs, la sécheresse que traverse le Maroc cette année fait craindre le pire pour ces deux secteurs, spécialement dans les zones du Centre du Maroc, loin des régions côtières et des ressources en eau de surface. Tour d’horizon des effets de la canicule sur ces deux filières agricoles.
Agrumes :
Le calibrage touché
Avec des températures pouvant atteindre les 42° cette semaine, les agriculteurs de Chtouka-Aït Baha devront gérer cette forte hausse des températures. La récolte des agrumes sera impactée en premier. «Les effets ne paraîtront pas dans l’immédiat. Ce qui est constaté, c’est le blocage de la croissance des cultures fruitières, ce qui va nous donner une production avec un petit calibre», explique Lahoucine Adardour, président de l’APEFEL. Et d’ajouter : «Le même phénomène est constaté dans les régions du Centre du Maroc, notamment à Beni Mellal, et dans l’Oriental». Selon le représentant de l’APEFEL, aucune mesure n’a été prise pour protéger les cultures ou atténuer les effets de cette canicule.
Aviculture :
Baisse de la productivité de 20%
Dans le secteur avicole, les exploitants n’ont pas attendu la canicule pour se préparer. Les expériences des années antérieures ont permis aux producteurs de volaille d’anticiper cette vague de chaleur. «Si elle était survenue dans les années 90, la situation climatique actuelle aurait pu donner lieu à des catastrophes et des pertes de 40% de la production nationale», rappelle Abderrahman Riyadi, secrétaire général de l’Association nationale des producteurs de viandes de volailles (APV). Aujourd’hui, «le niveau de technicité des producteurs s’est nettement amélioré, permettant d’anticiper ces hausses de température», avance-t-il. Pour le moment, il est difficile d’évaluer avec précision l’impact de cette vague de chaleur, mais les producteurs prévoient d’ores et déjà «une baisse de la productivité». «La chaleur empêche la volaille de consommer des aliments à son niveau habituel, ce qui se ressent sur le niveau de productivité et la croissance des espèces». Le SG de l’APV prévoit une baisse de la production de 20%. Un chiffre qui reste à confirmer dans les prochaines semaines. L’effet de la vague de chaleur dépendra aussi de la situation dans chaque région. «Marrakech, Fès ou Béni Mellal seront plus impacté que les fermes des villes côtières», précise-t-il.
Pour éviter des pertes d’espèces, des producteurs baissent la densité d’élevage durant cette période. Cette pratique n’est pas la norme chez l’ensemble des producteurs. «La tentation de la rémunération durant cette période de forte consommation de la volaille pousse certains producteurs à maintenir la même densité. C’est le dilemme des agriculteurs qui prennent le risque de perdre de la production et gagner en chiffre d’affaires», regrette Riyadi. Les pertes accusées durant la nouvelle crise de la grippe aviaire et la hausse des prix de revient pèsent aussi dans cette équation. L’anticipation du risque climatique a permis de maintenir les prix de la volaille à leur niveau habituel. «Le prix à la ferme est actuellement entre 13,50 et 14,50 DH. Si les dégâts avaient été catastrophiques, nous aurions pu craindre une hausse de deux à trois dirhams», souligne Riyadi. Par contre, les conséquences de la grippe aviaire continuent à se ressentir sur les prix, notamment à cause des charges de la campagne de vaccination estimées par les producteurs à 60 centimes par espèce et la hausse des prix des aliments.
L’eau :
Les effets de la sécheresse
En cette année de sécheresse, l’effet sur les ressources hydrauliques est immédiat. «Les eaux de surfaces et la nappe phréatique pâtissent de cette situation», constate Adardour, le président de l’APEFEL. Même son de cloche du côté des opérateurs avicoles, «ce qui nous inquiète cette année, c’est le manque d’eau. Certaines fermes dans le Centre ne disposent plus de puits exploitables, ce qui est une nouveauté pour notre secteur», observe Riyadi de l’APV.