Accord de pêche : La filière espagnole croise les doigts
Les professionnels marocains de la pêche se sont réunis dernièrement avec leurs homologues espagnols dans le cadre de la commission mixte du secteur. Une rencontre qui n’a pas apaisé les craintes de la filière espagnole quant au devenir du pacte en cas de bisbilles maroco-européennes.
L’inquiétude commence à s’emparer de la filière espagnole de la pêche qui bénéficie de licences de pêche au Maroc. La dernière rencontre de la commission mixte des professionnels maroco-espagnols de la pêche n’a pas réconforté les professionnels espagnols sur l’avenir du pacte en cas de sentence contraire aux intérêts du Maroc de la part de la justice européenne dans le dossier de l’accord agricole. Une fois la réunion terminée, les professionnels, de retour à leur port d’attache, n’ont pas manqué de faire part de leurs appréhensions dans les médias. De ce fait, la presse espagnole a vu d’un mauvais œil les propos prononcés par le ministre de tutelle, Aziz Akhannouch, lors des travaux de la commission tenue à Tanger.
De fait, lors de cette réunion, le Maroc a signifié clairement à ses partenaires espagnols qu’ils comptent sur leur appui pour plaider en faveur de la cause marocaine auprès des instances européennes dans la bataille judiciaire déclenchée par les séparatistes. Les professionnels espagnols ont peu apprécié, paraît-il, les insinuations du gouvernement marocain portant sur les conséquences sur la coopération espagnole d’une décision allant à l’encontre des intérêts du Maroc concernant l’accord agricole. Le secteur ibérique a estimé que cette réunion devrait être consacrée pleinement à traiter les points techniques du protocole et non à lancer des revendications politiques de la part de l’Exécutif marocain.
Toutefois, l’Exécutif espagnol a balayé d’un revers de main ces inquiétudes et s’est montré serein. Dans une interview accordée au journal électronique Europa Sur, Andres Hermida, SG de la pêche au sein du ministère espagnol de tutelle a fait les éloges du protocole. Pour lui, le nouveau protocole est un pacte appelé de nouvelle génération qui prend en considération la coopération bilatérale en matière de pêche et le développement de la filière locale. Pour Hermida, ces deux constats immunisent le pacte contre toute possible revendication liée au conflit au Sahara. Le mandataire espagnol partage amplement la vision des pêcheurs espagnols qui estiment que le pacte ne doit pas être impliqué dans le dossier du Sahara.
À cet effet, il a rappelé que le parcours de la ratification du pacte a été ardu, tout en insistant sur le fait que ce traité bénéficie aux deux parties ; marocaine et espagnole. Le responsable espagnol a estimé qu’il est peut-être temps de commencer les premières négociations pour renouveler ledit pacte, lequel arrive à échéance le 15 juillet 2018. Concernant les sujets techniques, l’Espagne a transmis son désaccord concernant le non respect de certaines clauses du protocole de pêche. La filière espagnole s’estime lésée au sujet de l’interdiction de la capture des espèces d’une taille inférieure à 33 cm alors que les pêcheurs marocains continuent à les pêcher. Pour la partie ibérique, la protection des espèces n’est pas respectée dans ce cas de figure. «La législation doit être la même pour les deux parties», s’est indigné le président de la Fédération andalouse des associations de pêche, Pedro Maza. L’autre point qui inquiète la filière ibérique est celui relatif à la fiche technique numéro 1 portant sur le débarquement de 30% des captures de la flotte de la pêche à la senne, basée dans le port de Cadix. La flotte espagnole n’a pas respecté cette clause sous prétexte de non-conformité des ports marocains et de problèmes rencontrés lors de la commercialisation des captures dans les halles nationales.
Des professionnels craignent des sanctions de la part des autorités marocaines pour le non respect de cette clause. Toutefois, le secrétaire général de la Confédération espagnole de pêche s’est voulu rassurant et a estimé que les autorités marocaines se sont montrées compréhensives. Garat a souligné que les autorités marocaines vont procéder au réaménagement du port de Larache. De même, les pêcheurs auront la possibilité de transférer une partie des captures vers l’Espagne, via des camions, pour leur revente dans la péninsule où ils peuvent obtenir de meilleurs prix.