Maroc

Ramadan : Quels impacts sur l’économie ?

Plus des deux tiers des internautes qui ont répondu à la question de Flm pensent que l’impact économique du ramadan est négatif.

Le mois de ramadan a de gros impacts sur l’économie nationale, lesquels sont pour la plupart négatifs. C’est ce que vient de confirmer le sondage hebdomadaire de Flm pour le compte des ÉCO. En effet, 69% des 662 internautes qui ont répondu à la question de Flm pensent que l’impact économique du ramadan est négatif. Au contraire, seulement 31% des internautes trouvent que cet impact est positif. Notons que cette interrogation est de plus en plus scrutée et abordée par les observateurs, comme le montre la disponibilité des chiffres permettant de compléter l’analyse qualitative.

Effet inflationniste !
Ainsi, selon la dernière enquête sur les dépenses de consommation des ménages au Maroc, réalisée par le Haut-commissariat au Plan, entre juillet 2013 et juin 2014, la dépense de consommation par ménage s’est apprécié de 16,3% en moyenne durant le mois sacré. En d’autres termes, les ménages dépensent plus d’un tiers de plus en alimentation (+37%), laquelle augmentation est à l’origine de 82% de la hausse constatée. Dans le détail, il s’agit de la hausse des achats de fruits (+163%), de viandes (+35%), de céréales (+35%), de lait et de produits laitiers (+47%). Ces chiffres sont grosso modo confirmés par d’autres intervenants. Ainsi, des responsables de la grande distribution ont indiqué dans Les ÉCO que le chiffre d’affaires généré durant le ramadan est supérieur de 30% aux autres mois. Ce phénomène touche surtout les achats alimentaires, en hausse de 45% durant ce mois. Au niveau des prix, chaque année, la presse rapporte une envolée desdits prix sur des produits dont les tarifs ne sont pas encadrés, comme les œufs, le poisson ou les fruits. À titre d’exemple, durant ce ramadan, on a évoqué un doublement du prix des sardines. Par ailleurs, sur un plan quantitatif, l’an dernier, le HCP avait mesuré un impact inflationniste durant le mois de ramadan de 0,3% avec un effet global de 0,6%. Sans surprise, le HCP cite aussi parmi les produits les plus touchés par la hausse des prix, les poissons, les œufs et les fruits, représentant 11,4% du panier de la consommation alimentaire.
Baisse de productivité.

Concernant la productivité, une étude du HCP réalisée en 2012 avait conclu que les Marocains consacrent en moyenne, au cours du mois de ramadan, 46 minutes de moins que d’ordinaire à leur travail professionnel (-23%). Au passage, le temps consacré au sommeil baisse en moyenne de 37 minutes, ce qui diminue souvent la concentration dans le travail, même libéral. Par ailleurs, selon une étude menée en 2014 par l’Observatoire du tourisme, l’activité touristique connaît un ralentissement durant le mois de ramadan avec une baisse des arrivées par jour de près de 25%. De surcroît, l’effet est davantage visible au niveau du tourisme interne qui affiche un repli mesuré par l’observatoire de – 45%. Quant à certains secteurs comme le BTP, il est à noter que la dernière dizaine du ramadan est une période de congés annuels et/ou de ralentissement de l’activité. Voici pourquoi les différents chiffres cités ci-dessus justifient probablement l’opinion des internautes, qui jugent comme étant négatif l’impact économique du ramadan. A contrario, ceux qui pensent que le ramadan a un impact positif sur l’économie se basent probablement sur un raisonnement microéconomique limité au niveau du commerce ou du secteur agro-alimentaire. En effet, il est vrai que l’augmentation des dépenses dans l’alimentaire profite autant aux commerçants qu’à certains producteurs. Toutefois, au niveau macro-économique, si une partie de la valeur ajoutée est captée au niveau local, une autre va plutôt chez les exportateurs étrangers.


 

Farid Mezouar
Directeur général de FL Markets.

Les Inspirations ÉCO : Quel est  l’impact économique du ramadan ?
Farid Mezouar :  Pendant le Ramadan, la consommation explose avec un effet inflationniste significatif au niveau de l’alimentaire. Par ailleurs, la productivité au travail baisse, notamment dans l’emploi salarié. Enfin, le tourisme pâtit naturellement de la saison ramadanesque quand d’autres secteurs comme les BTP peuvent connaître une saisonnalité.

Comment optimiser le rendement économique de ce mois sacré ?
Probablement, la piste la plus efficace pour améliorer la productivité durant le ramadan est de favoriser les congés annuels et de déplacer certains jours fériés durant cette période, imitant nos voisins ibériques lors des fêtes de fin d’année, des ferias ou des semaines saintes. Quant à la consommation, une préparation plus précoce s’impose, impliquant notamment la grande distribution et les grands grossistes. Une telle préparation pourrait au moins lisser l’effet prix pour ne laisser que l’effet volume. 



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