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Énergie solaire : Le grand oral de MASEN

Le projet Noor a été sous les feux des projecteurs lors d’une rencontre organisée par la Banque mondiale le 5 mai à Casablanca. Le patron de MASEN (Moroccan agency for solar energy) a présenté le bilan de la phase de développement de la première station solaire.

Devant les représentants des pays de la région MENA intéressés par l’expérience marocaine en matière de production d’énergie solaire, Mustapha Bakkoury, président du directoire de MASEN, a livré la vision, les objectifs et les moyens du Maroc pour réussir son pari, ainsi que les leçons à retenir de l’expérience marocaine. Entre l’économie et l’environnement, le patron de MASEN a commencé par fixer le décor. «Le programme solaire marocain démarre en 2009 après une série d’années de croissance économique plutôt élevée de 5 à 6% en moyenne», rappelle Bakkoury. Cette croissance s’est accompagnée d’une hausse de la demande d’énergie, «la production électrique était en progression de 7 à 8% par an. Cette évolution extrêmement élevée exige une disponibilité de l’offre en énergie», précise-t-il. Et d’ajouter : «Nous devions doubler la capacité installée tous les dix ans afin d’assurer les besoins nécessaires pour les ménages et l’économie marocaine».

Dans ce contexte économique favorable, la stratégie énergétique marocaine est restée prisonnière des énergies fossiles. «La conséquence est une dépendance énergétique élevée et parfois difficile à assumer», constate Bakkoury. Rappelons qu’à cette époque les prix des matières premières avaient atteint des sommets avec le baril à 120 dollars. «Le plus inquiétant était la volatilité des prix du pétrole, du fuel du gaz et du charbon qui constituait un danger pour la croissance économique. C’est l’ennemie de toute planification à long terme», insiste-t-il. À ces éléments du contexte s’est ajoutée la question de la protection de l’environnement.

La production des énergies fossiles est la première responsable des émissions de gaz à effet de serre (GES). «L’équation environnementale se posait déjà à cette période et aujourd’hui, elle est au devant de la scène internationale de manière sérieuse», souligne-t-il. Bakkoury poursuit : «Cette prise de conscience était nécessaire pour notre pays qui affichait des stratégies économiques crédibles à long terme. Sans cette donne environnementale, on risquait de se faire pointer du doigt et même de trouver des difficultés à financer des projets  classiques»l. À ce moment là, le Maroc a fait le choix de se lancer dans une «rupture», décrit le patron de MASEN. L’objectif était double : rompre avec la dépendance énergétique et contribuer concrètement à la préservation de l’environnement. «C’était le moment ou jamais de réaliser cette transition énergétique», tranche-t-il.

À ce moment là, le programme solaire marocain était encore au stade de l’ambition. Le démarrage est marqué par l’adaptation du contexte juridique et la création du MASEN. L’agence se lance dans un roadshow auprès des bailleurs de fonds. «La première réunion a eu lieu le 12 avril 2010 avec les bailleurs de fonds historiques du Maroc», rappelle avec précision Bakkoury. Depuis, le projet à séduit diverses institutions financières internationales et européennes. «La plupart des bailleurs de fonds présents à cette réunion sont restés à nos côtés. Dès le départ, on ne parlait pas de financement mais de vision», se réjouit-il.

Six ans après, la première tranche de la centrale marocaine de Noor-Ouarzazate a été inaugurée le 4 février dernier par le roi Mohammed VI. Dès l’achèvement des deux tranches suivantes (prévues d’ici 2017/18), ce complexe devrait atteindre une capacité installée de plus de 510 mégawatts (MW). Les trois tranches de la centrale permettront ainsi à terme de diminuer les émissions de carbone de 800.000 tonnes par an.

C’est la première opération régionale de ce type financée par le Fonds pour les technologies propres (CTF) de la Banque mondiale. «Le projet de Noor-Ouarzazate montre que les financements à faible coût et à long terme apportés par le CTF sont en mesure de mobiliser les ressources publiques et privées nécessaires pour construire de grandes installations de production d’énergie solaire thermodynamique à un coût attractif pour les pays souhaitant développer le solaire», souligne Mafalda Duarte, responsable des Fonds d’investissement climatiques (CIF).

Et Bakkoury de conclure : «Le succès des premiers projets CSP développés par MASEN est le résultat d’une collaboration fructueuse avec de nombreux acteurs publics et privés et d’une relation de confiance avec les institutions financières internationales», a déclaré Mustapha Bakkoury. La rencontre d’aujourd’hui vise à examiner les progrès de ce type de technologie à travers le monde mais aussi de présenter le bilan des retombées de son développement sur celui des industries locales. Cette rencontre est aussi l’occasion de faire le point sur les projets lancés au titre du Plan d’investissement de la région MENA dans l’énergie solaire thermique à concentration.

Marie Françoise Marie-Nelly
directrice de la Banque mondiale pour le Maghreb

«Nous sommes dans un contexte très favorable pour l’essor des énergies renouvelables dans la région MENA. Grâce aux progrès technologiques et aux cibles ambitieuses que se sont fixées les pays en matière de développement des énergies renouvelables, on assiste aujourd’hui à une baisse conséquente du coût de la technologie qui ne peut que favoriser le développement du solaire. L’échange d’idées et l’apprentissage mutuel sont essentiels à la création d’un environnement porteur pour des projets qui, comme celui de Noor-Ouarzazate, aboutissent à plus de sécurité énergétique et permettent d’atténuer les émissions mais aussi soutiennent la création d’emplois».



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