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Conjoncture : Ce que 2015 lègue à 2016

Tout compte fait, 2015 aura finalement été une bonne année de résilience, durant laquelle des réformes structurelles ont pu être appliquées, grâce à notre bonne étoile sur les marchés internationaux de matières premières. Le ministère de l’Économie et des finances revient sur les réalisations économiques de l’année écoulée, entre mutations structurelles et embellies passagères.

Au terme d’une année 2014 qualifiée «de tous les dangers», les agents économiques s’attendaient à une embellie économique en 2015 avant une véritable reprise en 2016. Depuis, les attentes optimistes se sont transformées en constats pessimistes et en attentisme inquiet. Mais tout compte fait, 2015 aura finalement été une bonne année de résilience, où des réformes structurelles ont pu être appliquées, grâce à notre bonne étoile sur les marchés internationaux de matières premières. En revanche, la pénurie de précipitations est venue rappeler la dure réalité de la dépendance du secteur agricole national. Tout compte fait donc, la Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE) du ministère de l’Économie et des finances revient sur le bilan économique de 2015 dans un document qu’elle vient de rendre public. Au cours de l’année écoulée, les paramètres conjoncturels se sont mêlés aux mutations structurelles pour déboucher sur un bilan mitigé, mais où le Maroc réalise des avancées certaines et se mobilise pour limiter la casse là où celle-ci a été inévitable.

Mobilisation anti-sécheresse
Le démarrage de la nouvelle campagne agricole s’est caractérisé par un déficit pluviométrique de près de 51% au 20 janvier par rapport à une campagne normale (106 mm) avec un impact particulièrement ressenti au niveau des cultures en zones bour et des emblavements en céréales. «Dans ce contexte, un plan anti-sécheresse, doté d’une enveloppe de 4,5 MMDH, a été lancé en vue de réduire l’impact de la sécheresse sur l’activité agricole et de maintenir la création d’emplois dans le milieu rural», rappelle la DTFE. Ce plan s’attache au sauvetage du cheptel, à la protection des espèces végétales et au maintien des équilibres dans le monde rural. De même, une enveloppe d’environ 1,25 MMDH devrait être octroyée par la Mutuelle agricole marocaine d’assurance (MAMDA) au profit des agriculteurs ayant souscrit à l’assurance agricole. Après le retour des pluies du mois de février, l’actuelle campagne devrait bénéficier d’une réserve hydrique qui demeure satisfaisante avec un taux de remplissage des barrages de l’ordre de 60% à fin février 2016. «L’impact du déficit pluviométrique devrait être atténué, et la baisse de la valeur ajoutée agricole devrait être contenue à des niveaux limités», rassure la DEPF.

Des mutations structurelles…
L’année 2015 aura été l’année des «Métiers mondiaux du Maroc» (MMM) par excellence, avec notamment l’automobile, dont la part dans les exportations totales a plus que doublé entre 2007 et 2015. Ce secteur est devenu depuis 2014 le 1er secteur exportateur au Maroc, devançant les phosphates et dérivés et le textile et cuir. Depuis le lancement du Plan d’accélération industrielle en 2014, quatre écosystèmes ont été lancés pour le secteur automobile dans les filières du câblage automobile, l’intérieur véhicule et sièges, le métal/emboutissage et les batteries automobiles, alors qu’un nouveau contrat de performance pour la mise en place d’un écosystème «Moteurs» vient d’être finalisé en mars 2016. Il en va de même pour l’industrie aéronautique avec le lancement des quatre premiers écosystèmes dans les filières de l’Assemblage, du Système électrique-câblage, de l’Entretien-réparation & révision et de l’Ingénierie.

Ces mutations industrielles sont ainsi derrière une transformation structurelle de notre industrie et de nos exportations. Un changement qui a également commencé à apparaître au niveau de la structure de nos partenaires commerciaux. Par zone géographique, la part de l’UE a reculé de 8 points, passant de 76% en 2007 à 68% en 2015.

De son côté, la part de marché de l’Afrique a quasiment été multipliée par deux pour être portée à 9,7% tandis que celle de l’Amérique est passée de 7,8% à 9%. Le déficit budgétaire s’est allégé de 0,4 point du PIB par rapport à l’année 2014 pour s’établir à 4,3%, un niveau parfaitement en ligne avec les prévisions initiales de la loi de Finances. Les dépenses ordinaires, en s’établissant à 201 MMDH, ont affiché un recul de 8,7 MMDH (-4,2%) par rapport à 2014. «Cette évolution provient principalement de la sensible réduction des charges de la compensation au moment où les intérêts de la dette et les dépenses des autres biens et services ont affiché des augmentations», rappelle le rapport.

Encore un élément structurel lié à la réforme du système de compensation, tout comme le fléau du chômage, qu’on ne fait malheureusement que constater d’année en année. En matière d’emplois, le volume global est passé, entre 2014 et 2015, de 10.646.000 à 10.679.000, soit une création nette de 33.000 postes, dont 29.000 en milieu urbain et 4.000 en milieu rural, et ce, contre +21.000 nouveaux postes en 2014. «En dépit de cette hausse, ce volume d’emplois nouvellement créés demeure inférieur à la moyenne tendancielle des dernières années», indique la DEPF.

….et d’autres conjoncturelles
Le déficit du compte courant de la balance des paiements devrait se situer aux alentours de 2% du PIB en 2015, en amélioration de 3,7 points par rapport à l’année précédente. «Cette évolution provient, en grande partie, de l’allègement du déficit commercial, résultant particulièrement de la bonne performance à l’export de l’OCP et des MMM, conjuguée à la réduction notable de la facture énergétique», explique le ministère des Finances. Si l’évolution des exportations a un caractère structurel, celle des importations est purement conjoncturelle, limitant cette embellie dans le temps, en attendant la montée en force des sources non-fossiles dans notre mix énergétique. Dans un autre registre, la dette publique a explosé durant l’année 2015. Les souscriptions sur le marché des adjudications se sont établies à 148,5 MMDH, en hausse de 38,4 MMDH (+34,8%) par rapport au volume souscrit en 2014. Un autre élément conjoncturel en relation avec la pression sur les finances publiques dans les années écoulées.



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