Éco-Business

Financement : Les fonds «halal», une manne porteuse pour les PME

Les professionnels estiment que les fonds d’investissement islamiques sont plus appropriés que les banques islamiques pour financer les PME. Ces structures offrent un meilleur accompagnement. 

«Les banques islamiques n’ont pas de recette magique pour financer les PME», tranche Mohammed Mannai, manager du programme des institutions de finance islamique à la Société islamique pour le développement du secteur privé. Mannai, qui est également membre du groupe de la Banque islamique de développement intervenait hier à une table ronde organisée sur le financement islamique des PME tenue dans le cadre du Forum africain de finance islamique.

Pour ce professionnel, le problème n’est pas celui d’accès mais de système. Mannai, qui fait une analogie entre la PME et l’agriculture, précise que pour la PME, iI faut en effet mettre en place un écosystème homogène qui assure la synergie entre les différents dispositifs mis au service de ce type d’entreprise. Un point souligné également par Houssine Boussaid, associé corporate finance à Finéapolis consulting, organisateur du forum. Boussaid a rappelé que le Maroc dispose aujourd’hui d’un fonds de garantie pour les crédits contractés par les PME couvrant 40% des programmes d’investissement.

Le royaume dipose aussi de subventions de l’ordre de 10 MDH dans le cadre du programme Imtiaz ou encore de 2 MDH dans le cadre d’Istitmar. Or, malgré l’existence de ces dispositifs, la PME continue à être peu active sur le marché du financement. Pour Mannai, la finance islamique répondrait mieux que les banques classiques aux besoins des PME. Cela serait possible à travers des fonds islamiques dédiés qui assurent, en plus du financement, l’accompagnement nécessaire à la réussite des PME. Les banques exigent des garanties pour accorder des fonds aux PME, et quand celles-ci sont à court de fonds de roulement, il leur est difficile de demander un nouveau crédit en l’absence de nouvelles garanties.

Dans ce cas de figure, l’entreprise est obligée de chambouler son business plan pour dégager des fonds pour son roulement. Plus problématique encore, estiment les experts, la banque réclame les intérêts dès la première année d’activité, alors qu’un business ne commence à générer des bénéfices qu’au bout de la 5e année d’existence, ce qui altère davantage la situation financière des entreprises. Les fonds d’investissement répondent donc mieux aux besoins des entreprises, car au-delà des financements de démarrage, ils assurent le financement des besoins en fonds de roulement tout en assurant l’accompagnement nécessaire à son management. Ce dernier volet est encore plus vital pour l’entreprise que le financement lui-même.

L’expérience d’Al Baraka en Algérie aboutit à la conclusion sur la nécessité de l’accompagnement des PME. Nasser Haideur, directeur général d’Al Salam Bank en Algérie et ancien directeur d’Al Baraka, expliqueque dans certains projets en contentieux, les fonds Moudaraba ont été détournés pour financer un autre domaine qui ne figurait pas dans le dossier de demande de financement. Ce genre d’attitude pousse les banques à s’orienter davantage vers les produits Ijara et Mourabaha plus que ceux de participation, souligne le banquier.



PLF 2026 : cap sur l’investissement et l’inclusion


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page