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Croissance : Des opportunités en dépit de la crise

Les perspectives de croissance pour cette année s’annoncent de plus en plus inquiétantes en dépit d’une amélioration des indicateurs macro-économiques et d’une relative éclaircie de l’économie mondiale. Selon les économistes, des actions urgentes sont nécessaires afin de mieux renforcer la dynamique de croissance du Maroc.

«Les opportunités à saisir et les obstacles à lever pour le Maroc dans la conjoncture économique de 2016», c’est le thème de la conférence-débat qui a été organisée jeudi dernier à Casablanca par la Fondation Attijariwafa bank. Le sujet est d’une brûlante actualité alors que l’année démarre avec de sombres perspectives de croissance comme l’atteste la récente révision à la baisse des projections par le HCP, qui a ramené ses estimations initiales à 1,3% du PIB. La conférence qui entre dans le cadre des rencontres : «Échanger pour mieux comprendre» a mis en vedette deux brillants économistes, l’universitaire Larabi Jaïdi et l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région MENA, Jean Pierre Chauffour. L’occasion pour les deux intervenants de livrer leurs analyses sur les perspectives économiques de l’année dans le but de «donner davantage de visibilité aux opérateurs économiques et en particulier aux chefs d’entreprises, en mettant en avant les résultats encourageants des réformes engagées en vue d’améliorer l’environnement des affaires, et les efforts qui restent à déployer pour relancer l’investissement et la croissance», selon ladite fondation.

Le décor était planté donc et aux antipodes du pessimisme ambiant, les échanges ont porté sur les leçons à tirer de cette décélération assez inquiétante ainsi que sur les mesures destinées à faire face à la situation afin d’inscrire le rythme de croissance de l’économie nationale dans une dynamique plus soutenue, durable et inclusive. Dans le sillage du HCP, les appréciations des deux économistes ont convergé sur le fait que 2016 sera une année difficile, mais qu’au-delà, il y a urgence à revoir certains aspects du modèle de développement économique du pays, qui commence à s’essouffler et à montrer ses limites.

C’est en tout cas ce qui transparaissait au regard de la situation de cette année avec un recul certes du PIB agricole mais aussi le ralentissement des autres composantes de l’économie nationale. «Ce qui est plus important, c’est l’amplitude de la décélération car le taux de croissance n’est jamais linéaire», a fait constater le professeur Larbi Jaidi pour qui, à l’évidence, les politiques notamment de diversification n’ont pas été déterminantes puisque la croissance reste toujours corrélée à la pluviométrie et donc à la production agricole. «L’effet de la mauvaise campagne ne sera pas aussi dramatique que par le passé où le pays enregistrait des années de cycle de sécheresse», a estimé l’économiste pour qui c’est cette décélération du PIB non agricole qui constitue la vraie problématique.

Vulnérabilité aux chocs
Au-delà des difficultés attendues cette année, l’occasion devrait être consacrée à une analyse de la cause profonde de la crise surtout que les fondamentaux du pays sont solides et les perspectives assez reluisantes. Selon Jean Pierre Chauffour, il ne faudrait pas occulter qu’en dépit de la vulnérabilité du pays à la pluviométrie, le Maroc est dans une configuration de «croissance respectable surtout comparée à celles de ses voisins de la région». S’agissant des sombres prévisions de cette année, l’économiste principal de la Banque mondiale a expliqué qu’il est «facile d’atteindre un taux élevé de croissance sur une année, mais plus difficile de l’inscrire dans une dynamique durable». C’est là tout l’enjeu pour le Maroc dont le principal défi sera de pouvoir «trouver des mécanismes adaptés pour que la croissance franchisse un palier et de manière durable».

Lors des débats avec l’auditoire, les échanges ont justement porté sur les solutions envisageables surtout à cours et moyen termes. L’accélération des réformes et le renforcement des programmes sectoriels viennent en tête de liste, mais à court et moyen termes, beaucoup ont estimé que l’accent devrait être mis sur les secteurs porteurs et ceux qui requièrent un soutien spécifique. Dans un contexte marqué par la baisse du prix du pétrole et l’amélioration sensible de la balance commerciale et des avoirs en devises, ce ne sont pas les opportunités qui manquent avec comme principaux instruments, une coordination des politiques budgétaire et monétaire qui pourrait offrir plus de marges à l’État. 

Mohamed El Kettani,
PDG du groupe Attijariwafa bank

«En dépit d’une situation mondiale atone, nous sommes convaincus que de réelles opportunités existent et que le moment est propice pour les saisir en investissant de nouvelles niches, en rationalisation nos charges, en améliorant notre compétitivité et en pénétrant de nouveaux marchés. Nul doute que l’économie marocaine a fait preuve d’une certaine résilience et les perspectives de baisse des cours des matières premières vont apporter une bouffée d’oxygène à nos réserves en devises et notre balance commerciale. Le moment est propice pour tirer pleinement profit des opportunités car les meilleurs investissements se font dans les périodes creuses».



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