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Ligne de précaution et de liquidité : Le Maroc n’a plus besoin de «police d’assurance»

Christine Lagarde, directrice du FMI, et Mohamed Boussaïd, ministre des Finances

Avec la décision de ne plus recourir à une troisième Ligne de précaution et de liquidité (LPL) du FMI, le gouvernement confirme la sortie de l’économie nationale de la zone rouge. Désormais, et en dépit de la persistance des risques exogènes, le gouvernement dispose d’une plus grande marge de manœuvre pour atténuer l’impact d’éventuels chocs exogènes.

C’est un signe, s’il le fallait, que l’économie marocaine est sortie du cycle alarmant dans lequel elle était plongée notamment en 2012. Le gouvernement a donc finalement décidé de ne plus recourir à une troisième Ligne de précaution et de liquidité (LPL) du FMI, comme l’a confirmé aux ÉCO le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed El Ouafa. Il faut dire que cette décision était depuis quelques temps sur la table du gouvernement, à en croire le ministre de l’Économie et des finances, Mohamed Boussaid, qui avait laissé entendre que la situation économique du pays s’est nettement améliorée par rapport à son état de 2012 et même de 2014, année où une deuxième ligne a été accordée au Maroc, et qui arrive à expiration en juin prochain.

Le Maroc avait, donc le choix entre la fin de la LPL ou une reconduction avec un montant moindre, et c’est finalement la première option qui a été privilégiée. La décision du gouvernement s’explique donc par l’amélioration de la situation économique du pays ainsi que les perspectives pour les prochaines années. L’état des indicateurs macroéconomiques témoignent à eux seuls du bon comportement de la dynamique économique du pays, qui n’est que le fruit des réformes menées ces dernières années par le gouvernement sous couvert de la LPL. Du reste, dans sa dernière note d’évaluation, publiée en décembre dernier, le Conseil d’administration de l’institution financière internationale a tressé des lauriers au Maroc, suite notamment à la mise en œuvre de certaines réformes jugées prioritaires comme celles des subventions publiques ou de la fiscalité.

À en croire les dernières notes d’évaluation de l’économie marocaine, le pays est en phase avec les critères de convergence décidés d’un commun accord en 2012 en vue de l’octroi de la LPL. Il est vrai que certaines mesures restent à concrétiser, comme celle des retraites ou de la fonction publique. Cependant, dans l’ensemble, le Maroc est dans les temps, surtout qu’il reste quelques mois avant la fin de la 2e LPL, d’un montant de 5 MMDH, octroyée en juillet 2014. De toute manière, le gouvernement s’est engagé à maintenir la dynamique de réformes, comme l’atteste du reste le début de la mise en œuvre progressive de la réforme des retraites.

Vers la fin de la tutelle
Avec la fin de la LPL, le gouvernement retrouve une plus grande marge de manœuvre pour poursuivre la mise en œuvre de son programme, même s’il ne reste pas beaucoup de temps avant la fin de l’actuel mandat. C’est, en effet, l’une des critiques formulées régulièrement par certains économistes suite au recours au FMI et qui a été vu, en 2012, comme un nouveau Programme d’ajustement structurel (PAS). À l’époque pourtant, le pays n’avait pas beaucoup le choix. La situation, on le rappelle, était si alarmante que le gouvernement a dû recourir à une Ligne de précaution et de liquidité (LPL), sorte de police d’assurance mise en place par le FMI dont le ue était de servir de police d’assurance pour atténuer l’impact d’éventuels chocs exogènes.

En contrepartie, le gouvernement devrait mener des réformes destinées à assainir ses équilibres macroéconomiques sur la base d’un certains nombre d’objectifs, et dont la mise en œuvre était soumise à l’évaluation régulière des experts du FMI. C’est sous la surveillance des experts de l’institution de Bretton Woods que le gouvernement a pu mettre en œuvre certaines réformes ayant permis de rééquilibrer les indicateurs macroéconomiques du pays. L’un des aspects les plus marquants, qui sera certainement mis en avant lors de l’évaluation finale du programme conjoint FMI-Maroc, c’est que le pays n’a pas, jusqu’à présent, eu besoin de recourir à cette couverture. Toutefois, comme police d’assurance, les primes, dont le montant reste confidentiel, ont dû être payées.

Cependant, au-delà de la couverture d’éventuels risques exogènes, la LPL a été véritablement utile au Maroc lorsque le gouvernement a dû recourir, deux fois en l’espace d’une année (entre 2012 et 2013), au marché international pour stabiliser la dégradation de ses déficits. Avec des réserves de change qui vont au-delà de 7 mois, une réduction sensible des déficits jumeaux et une nouvelle dynamique économique, la décision de ne plus recourir à la LPL semble donc logique. La tendance confortée par les différentes notations du pays, qui s’appuient sur les perspectives économiques du Maroc, permettent au pays de tenir et d’atténuer l’impact de certains risques qui s’éloignent de plus en plus, à l’instar de la dégradation de la situation économique en zone euro. Il reste que le gouvernement devrait continuer à veiller à poursuivre les réformes sans la surveillance du FMI. L’un des risques majeurs pour l’économie, en cette année électorale, justement mis en avant par l’institution de Washington, c’est que le contexte politique prenne en otage la poursuite des objectifs visés par les autorités dans le cadre de la réforme structurelle de l’économie marocaine, en vue d’une croissance inclusive, durable et créatrice d’emplois. Le gouvernement sera bientôt seul aux commandes, serait-t-on tenté de dire…


 

Nouvelle forme de coopération avec le FMI

La fin de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) du FMI pour le Maroc n’impliquera pas forcément la fin de la coopération entre les deux parties. Il va sans dire que désormais le Maroc ne sera plus «sous la tutelle» ou la «loupe» des experts de l’institution comme le considéraient certains analystes mais les relations du royaume avec le FMI pourraient revêtir les formes d’une nouvelle formule de coopération. L’enjeu, c’est de permettre au Maroc de poursuivre l’assainissement de sa situation financière mais aussi d’accompagner la nouvelle dynamique économique en profitant de l’expertise de l’institution de Bretton Woods. Il faut dire que même avec la LPL, le Maroc était accompagné par le FMI pour la mise en œuvre de certaines réformes comme celle du marché financier où pourtant la situation était moins alarmante. Il reste à attendre les conclusions définitives de la mise en œuvre de ladite LPL pour voir quels instruments le Maroc va choisir afin de poursuivre sa coopération avec le FMI et surtout arriver à mener à terme les réformes engagées sans que cela ne se traduise par une surveillance et que ça coûte au pays de l’argent. La panoplie d’instruments financiers dont dispose le FMI dans ce cadre et la mise en œuvre réussie des réformes convenues avec l’institution financière internationale, placent le royaume en bonne position pour négocier la formule qui lui conviendra.



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