Fin des sacs en plastique : Une aubaine pour le secteur du carton et du papier
La loi 77/15 éradiquant les sacs plastiques a été votée. Les papetiers s’apprêtent prendre le relais, surtout que le potentiel de ce marché est important. Près de 120.000 tonnes/an de production leur est offerte. Encore faut-il investir quelques millions de dirhams.
Après avoir voté le projet de loi pour interdire la fabrication, l’importation, la commercialisation et l’utilisation des sacs en plastique, le gouvernement cherche des alternatives. C’est dans ce sillage que le secteur papier et carton veut apporter sa contribution et reconquérir sa place d’antan. Les débouchés sont multiples certes, mais le potentiel qu’offre le remplacement du plastique est d’autant plus intéressant pour le développement du secteur. Selon Mounir El Bari, président de la FIFAGE, (Fédération des industries forestières, des arts graphiques et de l’emballage) et DG de GPC carton, le potentiel de marché supplémentaire est de 120.000 tonnes/an, ce qui offre de belles opportunités aux professionnels du papier et même du plastique.
Les papetiers veulent associer les plasturgies
«Il faut savoir que ce surplus doit être ramassé et collecté grâce à la convention que notre fédération a signé le 14 octobre dernier avec les ministères délégués de l’Environnement, de l’Intérieur et le ministère d’Industrie. Notre secteur est donc appelé à investir en aval dans des machines pour sacs puisque les machines existantes ne pourront pas subvenir à toute la demande. Par ailleurs, et dans le cadre de notre collaboration avec le secteur de la plasturgie, notre secteur est prêt à aider les sociétés de plastique qui souhaitent se reconvertir, et ce dans l’intérêt général du pays», reprend Mounir El Bari. En réalité, les entreprises de plasturgie ont sévi pendant longtemps. Elles ont même contribué à la disparition des sacs en papier. «En effet, le sac en papier était déjà présent sur le marché dans les années 80 et 90, en l’occurrence le sac gris. Ce dernier a disparu vers 1996 pour céder sa place au sac plastique noir. À l’époque, plusieurs fabricants de sacs papiers ont changé d’activité», déplore El Bari. Aujourd’hui, malgré le mal fait aux papetiers, les professionnels de la plasturgie bénéficient d’un retour d’ascenseur de la part de ces premiers. Néanmoins, les vrais bénéficiaires demeurent les papetiers. Mais ont-ils vraiment la capacité de production nécessaire pour répondre à une demande éventuelle de 120.000 tonnes de sacs en papier/an ?
L’investissement en machines est nécessaire
«Les papetiers marocains ont de la marge pour proposer du papier spécial sac ; le cas échéant, plusieurs importateurs peuvent prendre la relève. En tout cas, dans notre secteur, producteurs et importateurs coexistent et créent un équilibre sur le marché. Ils sont tous compétitifs et prêts à proposer des substituts à base de papier et en carton», reprend Mounir El Bari. Mais il faudra nécessairement investir. Les machines existantes ne pourront pas subvenir à toute la demande. Il est à noter qu’une machine coûte entre 1 et 4 millions de DH. «5 millions de DH permettraient de s’équiper de 3 machines sophistiquées», déclare le président de la FIFAGE. En outre, Mounir El Bari affirme que l’approvisionnement en papier ne pose pas de problème. Il y a assez de matière première pour répondre à la demande des professionnels qui souhaitent s’engager dans ce projet environnemental, dans un moment propice, particulièrement à la veille de la COP 22.
CMCP veut sa part dans la révolution du sac papier !
CMCP est le plus gros fabricant de papier et de carton ondulé au Maroc. Bertrand Laplaud, PDG de CMCP, veut sa part dans ce projet structurant pour le Maroc. «Nous avons de la capacité sur nos machines à papier et nous proposons des emballages de substitution en carton ondulé. Nous serons donc au rendez-vous de la révolution marocaine», affirme-t-il. Néanmoins, il ne compte pas investir pour ce projet pour le moment. Et pour cause, il est très difficile d’estimer les volumes qui seront consacrés au remplacement des sacs plastique. Et de renchérir, «plusieurs matériaux peuvent aider à ce remplacement et pas seulement le papier. Enfin, nous ne connaissons pas les prix de vente et donc la marge qu’on pourrait dégager». En tout cas, le groupe américain peut augmenter sa production de quelques dizaines de milliers de tonnes par an en papier ou carton ondulé. Et pour trouver des débouchés, le PDG de CMCP estime que toute la grande distribution devra être moteur pour encourager le sac papier plutôt que le sac plastique. Cette décision sera créatrice d’emplois, notamment des chineurs, pour le Maroc car n’oublions pas que les papetiers vont recycler tous ces vieux papiers. Pour ce faire, les papetiers exigent des incitations fiscales sur ce produits (TVA….).
Mounir El Bari
Président de la FIFAGE et DG de GPC carton
Le CA du secteur dépasse les 4 MMDH
Les ÉCO : Combien pèse aujourd’hui le marché de l’emballage et du sac papier ?
Mounir El Bari : Le marché du papier dans son intégralité au Maroc pèse quelque 550.000 tonnes en termes de consommation, dont 35% à 40 % fabriqués localement. Le chiffre d’affaires généré par se secteur dépasse les 4 MMDH. Les papiers consommés au Maroc, sont le papier pour ondulé destiné au carton ondulé, le papier impression écriture, le papier emballage, le papier tissus (mouchoirs et papier hygiénique,….) et les papiers
spéciaux.
Quels sont les types d’articles produits localement ?
Contrairement aux papiers pour sacs ciments qui sont importés à 100%, les papiers destinés pour les sacs en papiers sont produits localement (sacs pour pâtisseries, sacs pour pharmacies, sacs pour le circuit traditionnel, etc.). Pour les autres types de sacs destinés aux malls et centres commerciaux, leurs papiers peuvent être aussi bien fabriqués au Maroc qu’importés.
Qui sont les clients potentiels ?
Pour le secteur du papier, les clients sont les transformateurs du papier et les fabricants de sacs. Ces derniers auront comme client les grossistes, le secteur traditionnel et la grande et moyenne distribution.