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Immobilier : Al Omrane «dérange» les promoteurs

Le seul bénéficiaire du foncier public gêne les promoteurs immobiliers. Les opérateurs affilés à la Fédération nationale dénoncent une «concurrence déloyale» de la part de l’entreprise publique surtout sur le segment du social.

Trop c’est trop, estime la FNPI. «Al Omrane a pris beaucoup d’importance et il faudrait que son rôle soit revu et amoindri», fustige Youssef Iben Mansour, président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). Seul bénéficiaire du foncier public, Al Omrane mènerait des «politiques commerciales agressives» qui vont à l’encontre des intérêts des opérateurs privés. Le calcul est simple, selon la FNPI : Lorsqu’on met sur le marché 50.000 lots annuellement, en admettant que chaque lot recevra au minimum 4 familles, ce sont au final 200.000 familles qui disparaissent de la demande adressée au secteur privé. Si le rôle d’Al Omrane n’a pas inquiété les opérateurs privés jusqu’ici, c’est que le marché était suffisamment porteur pour que chacun puisse y trouver son compte, mais avec le ralentissement que devrait connaître le secteur, particulièrement dans son volet social, la part du gâteau semble se réduire.

«Si aujourd’hui, on nous demande de construire du logement social, il faut nous garantir en parallèle une demande suffisante et donc réduire l’ampleur de l’offre produite par Al Omrane», précise Iben Mansour. La FNPI plaide pour une redistribution des rôles laissant à Al Omrane le soin de l’aménagement des lots et de la restructuration de l’habitat insalubre et laisser aux autres opérateurs privés la tâche de construire du logement social. Une proposition en phase avec la politique de relogement des bidonvilles menée par l’entreprise publique à en croire la FNPI,sachant que dans la pratique, rares sont les bidonvillois qui préfèrent les logements aux lots. «Malgré cela, Al Omrane poursuit la construction de ses logements à 140.000DH dont personne ne veut», déplore Iben Mansour. De là à parler de dumping immobilier, il n’y a qu’un pas que la FNPI ne voudrait pas franchir.

De plus, la FNPI voudrait redéfinir le rôle d’Al Omrane…Bien plus que l’affaire Al Omrane, pour la FNPI, c’est tout le rôle du secteur privé qui devrait être revu, eu égard à la morosité qui menace le secteur pour les prochains mois. Le recul constaté concernant la production globale du logement pour l’année 2015, qui devrait à peine dépasser les 50.000 logements (voir infographie), impose des mesures d’urgence. À commencer par une révision du financement de la demande. Les promoteurs pestent d’ores et déjà contre les séquelles de la baisse des dossiers de crédit Fogarim. «Là aussi, plusieurs banques refusent aujourd’hui de proposer leur financement étant donné le taux d’impayés important qu’ils subissent». Résultat : Le nombre de bénéficiaires à fin novembre 2015 s’est établi à 6.974 dossiers, soit le chiffre le plus bas depuis 2005. Les banques devraient également mettre la main à la pâte pour ce qui est des autres types d’acquéreurs pour lesquels le taux de sinistralité n’est pas très élevé. «Les banques devraient assouplir les critères d’octroi de crédits et augmenter la quotité de financement. Les taux de crédit restent encore très élevé», souligne Iben Mansour.

Pour la FNPI, il ne faut pas trop compter sur la finance participative pour rebooster le secteur étant donné la cherté des produits proposés tant pour les promoteurs que pour les acquéreurs. Il est à noter que tous les segments y compris le haut standing sont concernés par ces défis. Même le segment du locatif n’arrive pas à prendre malgré des promesses inscrites dans la loi de Finances. Parmi les autres mesures avancées par les promoteurs figure celle concernant la classe moyenne. A ce niveau aussi, la FNPI demande plus d’efforts de la part de l’État en termes de verticalité et une revue de la politique d’urbanisme. «Il y a là aussi une importante demande qui pourrait être satisfaite avec une offre taillée selon les besoins de cette catégorie». Sur le long terme, la FNPI recommande une réforme des mécanismes de financement en optant notamment pour la mise en place de nouveaux fonds d’investissement, ou en actionnant la titrisation, ce qui permettrait de garantir de nouvelles ressources pour les professionnels en dehors du secteur bancaire, mais bien plus que les aspects financiers, la profession requiert une nouvelle politique de l’habitat au Maroc, prenant en considération les nouvelles donnes y compris au niveau des plans d’aménagement qui gagneraient à être plus évolutifs et flexibles.



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