Artisanat du cuir : Fès se dote d’une nouvelle tannerie

La réalisation de la première tranche du projet a nécessité un investissement de 42MDH. Les travaux ont démarré en novembre dernier et devraient durer  18 mois. La deuxième tranche portera sur la réalisation d’une station de prétraitement des eaux usées. Les tanneurs de Sidi Moussa et d’Aïn Azliten dans l’ancienne médina vont pouvoir effectuer le tannage traditionnel dans de bonnes conditions.

La filière artisanale du cuir à Fès est en phase de modernisation. En effet, la ville se dotera de la première tannerie «complémentaire traditionnelle» au Maroc. Celle-ci devrait donner un nouvel élan à la filière et permettre de réduire la pollution de l’ancienne médina de Fès. Située à Ain Nokbi sur une superficie de 1,08 ha, très près du marché des peaux brutes dernièrement construit, la nouvelle tannerie va aussi contribuer à la préservation du métier de tannage végétal dans son état traditionnel et original, dans l’ancienne médina, ceci sans oublier son apport pour le développement du tourisme, compte tenu de l’amélioration de l’aspect esthétique de l’activité des tanneries traditionnelles. La première tranche du projet a nécessité un investissement de 42MDH, dont 35MDH fournis par le ministère de l’Artisanat et de l’économie sociale et solidaire et 7MDH par le Conseil de la région de Fès-Meknès.

L’acquisition du terrain a été assurée par le Conseil communal de Fès. Le maître d’ouvrage de ce projet est la wilaya de la région Fès-Meknès. La première tranche du projet est dédiée à la construction de la tannerie dont le lancement des travaux a eu lieu le 19 novembre 2015 avec un délai de réalisation de 18 mois. Chaque jeudi, les membres de la commission de suivi du projet se réunissent dans le chantier pour suivre l’avancement des travaux.

Les membres des associations de tanneurs de Sidi Moussa et d’Aïn Azliten sont également présents pour donner des recommandations au chef de chantier concernant les futures «khzaines» et fosses. Pour la Direction régionale de l’artisanat de Fès, «il s’agit d’une tannerie spécialisée dans l’exécution des travaux de rivière qui génèrent normalement un important taux de pollution à la fois liquide et solide, tout en préservant le tannage proprement dit naturel, végétal et biologique dans les tanneries traditionnelles de l’ancienne médina de Fès».

Interdiction de l’utilisation des produits chimiques
Il est à signaler que le Conseil communal de Fès a décidé, le 21 avril 2015, l’interdiction de l’utilisation des produits chimiques au sein des tanneries traditionnelles de la médina, à savoir Sidi Moussa, Aïn Azliten et Chouara qui ont dernièrement bénéficié d’une opération de réhabilitation et de restauration dans le cadre du projet royal relatif à la restauration et la réhabilitation des monuments historiques de l’ancienne médina de Fès via un montant de 75,5MDH. Pour Dekkaki Mohamed Amine, président de l’association Assalam de la tannerie traditionnelle Aïn Azliten, «cette nouvelle tannerie va permettre à plus de 300 artisans-tanneurs de travailler avec des techniques modernes plus respectueuses de l’environnement. En plus, son emplacement est très stratégique car elle est très proche du marché des peaux brutes, en même temps, elle va nous permettre de travailler la partie polluante de notre métier à l’extérieur de la médina».

Prétraitement des eaux usées
La deuxième tranche du projet sera consacrée à la station de prétraitement des eaux usées de cette nouvelle tannerie complémentaire. À ce sujet, il faut savoir que la phase d’étude est déjà réalisée, laquelle estime le coût de la mise en place de cette station à 14MDH. Il est à noter aussi que depuis 2008, la filière du cuir à Fès a bénéficié d’un soutien financier de près de 141,07MDH dont 75,5MDH pour la restauration et la réhabilitation des tanneries traditionnelles de la médina. Près de 42MDH ont été dédiés à la construction de la tannerie complémentaire à Aïn Nokbi, 14,07MDH à la construction du marché des peaux brutes à Aïn Nokbi et 9,5MDH, qui ont été dernièrement affectés à la création du Centre d’appui technique de tannage traditionnel de Chouara.