Premier trimestre 2016 : Divisées par 2, pluviométrie et croissance parfaitement corrélées!

Au premier trimestre 2016, la croissance devrait s’établir à 2% contre 4,1% une année plus tôt. Ironie du sort, cette évolution est parfaitement corrélée à la contraction du cumul pluviométrique automnal, qui s’est asséché de 51%. Selon le HCP, il faudrait toutefois s’estimer heureux: si les facteurs exogènes n’étaient pas si favorables, l’on aurait sans doute été confronté à la menace de la récession.
Côté croissance, croisons les doigts pour 2017 car, pour 2016, l’année est «mal partie». Sans surprise, le Haut-commissariat au plan (HCP) confirme les inquiétudes pour l’économie nationale en 2016. Sans surprise non plus, l’économie marocaine est loin de s’émanciper de sa dépendance viscérale au bon vouloir de la pluviométrie. Dans sa dernière note de conjoncture, rendue publique hier mercredi, le HCP livre le résultat de ses prévisions au titre du premier trimestre de l’année en cours. Façon de voir la moitié pleine du verre, ces prévisions sont axées sur la contribution salutaire qu’apporteront les secteurs non-agricoles pour sauver les meubles en 2016. «Au premier trimestre 2016, les activités non-agricoles devraient soutenir la croissance économique, affichant un accroissement de 2,2%», annonce en premier lieu l’organe statistique officiel. Le bémol du HCP est toutefois assez pesant pour effacer d’un revers de main cette note d’optimisme. «Dans l’ensemble, et compte-tenu d’une baisse de 3,4% de la valeur ajoutée agricole, l’économie nationale enregistrerait une hausse de 2%, au premier trimestre 2016, en variation annuelle, au lieu de 4,1% une année plus tôt», chiffre le HCP.
À la merci du ciel
Le taux de croissance serait ainsi divisé par deux au premier trimestre. Dans ce registre, les statistiques livrent parfois des résultats pour le moins sarcastiques, à l’exemple d’une corrélation troublante livrée dans cette dernière publication du HCP: le bilan pluviométrique affiche exactement la même baisse annuelle! Un pied de nez symbolique, et chiffré qui plus est, à l’amélioration qualitative de la structure de notre produit intérieur brut. Du coup, l’économie nationale connaîtrait un sensible mouvement de ralentissement au premier trimestre 2016, bridée par le retournement à la baisse des activités agricoles, après une campagne 2014/2015 exceptionnellement bonne.
La production végétale serait, en effet, comprimée, sur l’ensemble de l’année 2016, par une baisse conjuguée des rendements et des superficies semées des cultures précoces, sur fond d’une contraction de plus de 51% du cumul pluviométrique automnal, en comparaison avec la même période d’une année normale. Les récoltes des céréales, des légumineuses et des cultures fourragères se replieraient, mais celles des agrumes et des cultures fruitières afficheraient une croissance soutenue. La production animale poursuivrait, pour sa part, son évolution positive, favorisée par une légère reprise des activités avicoles et des produits annexes à l’élevage. Dans l’ensemble, et dans l’hypothèse d’une récolte céréalière en dessous de la moyenne d’environ 15% et d’une croissance modérée des autres productions végétales, la valeur ajoutée agricole s’infléchirait de 3,4%, en variation annuelle, au premier trimestre 2016.
Sauvés par le monde
Ceci dit, l’on peut s’estimer heureux de s’attendre à une croissance de 2 points. En effet, si les facteurs exogènes n’étaient pas extrêmement favorables comme c’est le cas actuellement, l’on aurait sans doute été confronté à la menace d’une récession économique. En quelque sorte, notre économie en 2016 devra son salut à la situation mondiale, et également, il faut le reconnaître, à l’impulsion donnée aux industries exportatrices marocaines. Par ailleurs, et dans un contexte d’amélioration attendue du commerce mondial et de la poursuite de la modération des cours internationaux des matières premières, la demande mondiale adressée au Maroc devrait enregistrer une hausse de 3%, en variation annuelle, au premier trimestre 2016.
Cette augmentation serait de nature à impulser les exportations de certains secteurs industriels, comme l’automobile dans ses branches construction et câblage, alors que le reflux des cours mondiaux du pétrole, aux alentours de 45 dollars le baril, continuerait à profiter à la balance commerciale dont le déficit continuerait à s’alléger. Toutefois, la poursuite de la dépréciation de l’euro par rapport au dollar risquerait de peser sur les exportations à destination de l’Europe et de renchérir les importations de produits libellés en dollar. Face aux perspectives favorables du renforcement de la demande étrangère, le rythme de progression des industries manufacturières devrait légèrement accélérer, pour atteindre +2,1%, au premier trimestre 2016, en variation annuelle, au lieu de 1,8% une année plus tôt.
Le secteur minier connaîtrait, également, un mouvement de croissance plus soutenu (+6,1%, en variation annuelle), sur fond de raffermissement des exportations des minerais non-métalliques. Quant aux services, leur valeur ajoutée croîtrait au même rythme que celui enregistré au quatrième trimestre 2015, contribuant pour presque la moitié à la croissance économique globale. Maintenant, espérons que «l’hémorragie» pluviométrique ne s’aggravera pas, auquel cas les autres trimestres de l’année pourraient «courir à la catastrophe».