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Villes sans bidonvilles : Benabdallah tacle Belmokhtar

Une étude de l’Observatoire national du développement humain (ONDH), présidé par Rachid Belmokhtar, sur le programme Villes sans bidonvilles (VSB) suscite l’agacement au département de l’Habitat et de la politique de la ville. 

«Il est facile d’observer et d’émettre des recommandations. La difficulté est d’agir sur le terrain», assène Nabil Benabdallah, ministre de l’Habitat et de la politique de la ville. Interrogé par les Inspirations ÉCO au sujet des recommandations émises par l’ONDH, présidé par Rachid Belmokhtar, dans son étude sur l’inclusion des ménages démunis par le logement, Benabdallah ne cache pas son agacement face aux critiques émises par cette institution. «Cette étude ne nous apporte rien de nouveau que nous ne savions pas déjà. Je remercie cette institution pour ce travail de recherches, mais je suis dans l’action au quotidien», réplique le ministre, un brin ironique. Pourquoi ce document, pourtant officiel, suscite-t-il une telle réaction ?

Création de la vulnérabilité
L’étude de l’ONDH a évalué la contribution des programmes de résorption des bidonvilles dans l’atténuation de l’exclusion sociale en milieu urbain. L’Observatoire a adopté une double approche pour ce faire. La première approche, qualitative, s’est appuyée sur une large exploitation documentaire des études et travaux réalisés par le gouvernement et les organismes internationaux ayant financé VSB (Banque mondiale, Agence française de développement, etc.). La deuxième approche, quantitative, s’est appuyée sur des enquêtes de terrain réalisées dans des sites de résorption de bidonvilles dans six villes (Agadir, Casablanca Fès, Marrakech, Salé et Tétouan). Lancé en 2004, «le programme VSB accuse malheureusement un certain retard et semble marquer le pas», constate l’ONDH. Les échéances initialement fixées n’ont pu être tenues.

Sur ce terrain, Benabdallah botte en touche. «A contrario avec l’ancien ministre, je me refuse de fixer une date pour l’atteinte de l’objectif de VSB», tonne-t-il. Rappelons que le programme VSB visait l’éradication en sept ans (2004-2010) de tous les bidonvilles des centres urbains. Il concerne environ 260.000 ménages. Les modes d’intervention du programme consistent en la restructuration in situ des bidonvilles (29%), le recasement dans des parcelles entièrement ou partiellement équipées (50%) ou le relogement dans des immeubles d’appartements (21%). Onze ans après, le bilan est loin d’être négatif. 250.000 ménages ont été relogés et 55 villes ont été déclarées VSB. Entre-temps, 100.000 habitats insalubres se sont ajoutés aux premiers et de nombreux ménages se sont transformés en ménages composés via le mariage des enfants. Par contre, le bilan social de VSB inquiète l’ONDH.

Les ménages relogés souffrent de «difficultés d’accès aux équipements et aux services de base». Ces familles subissent de nouvelles contraintes, qu’elles soient financières, (accroissement des dépenses de consommation, stagnation des revenus) ou qu’elles tiennent à la mobilité pour accéder aux ressources et aux opportunités de la ville. Les résultats de l’étude ONDH montrent que plus de 50% desdits ménages ont certes échappé à la pauvreté, mais que leur pouvoir d’achat demeure faible par rapport aux autres ménages urbains (voir tableau). C’est là une caractéristique des ménages vulnérables. «Nos investigations font ressortir clairement que parmi les différents modes opératoires, la restructuration in situ et les parcelles entièrement viabilisées sont celles qui répondent le mieux à la problématique de l’intégration urbaine des groupes sociaux pauvres et vulnérables», note l’ONDH. Pour le département de l’Habitat, «le recasement in situ est une solution idéale mais inapplicable sur le terrain à cause de la complexité du statut du foncier privé. Du point de vue financier et foncier, cette solution est ingérable», avance Benabdallah.

Recommandations de l’ONDH
Pour accélérer la mise en œuvre de VSB, l’ONDH recommande la mise en place de structures de gouvernance régionales et locales qui veilleraient au respect des engagements prévus dans des contrats de ville. Le contenu de ces contrats devrait être élargi à des objectifs de développement humain, en vue d’accroître la soutenabilité sociale de ces quartiers. L’ONDH insiste sur le financement des infrastructures et des équipements publics programmés dans les zones de recasement des bidonvilles. L’observatoire  appelle à l’inscription de la question de la résorption des bidonvilles dans une vision territoriale qui intègre toutes les composantes de l’habitat insalubre (habitat non réglementaire, tissus anciens, habitat menaçant ruines, quartiers dégradés, etc.).

L’étude invite les opérateurs publics à diversifier les solutions de relogement des ménages, avec des produits comme les lots en autoconstruction, en association, les logements collectifs et locatifs. Des logements proches des lieux d’emplois avec un mode de financement adéquat. L’INDH a un rôle à jouer pour favoriser l’émergence de projets autour desquels se grefferait un ensemble d’initiatives visant à renforcer les politiques de droits communs (éducation, emploi, transport, sécurité, etc.) et à veiller à la cohésion sociale dans les nouveaux quartiers. Tout un programme !


 

Financement du logement : solidarité et micro-crédit

Pour accéder à leurs nouveaux logements, les ménages ont d’après les résultats des enquêtes de l’ONDH surtout fait appel à leurs fonds propres (33,5%) et procédé à la vente d’avoirs familiaux (22,9%). La contribution du crédit bancaire est restée limitée (13,3%) du fait du faible niveau de solvabilité des ménages concernés, malgré la création du Fogarim. Quant aux emprunts auprès de la famille, des amis, du voisinage ou des associations de micro-crédits, ils atteignent presque les 26%. Près du quart des ménages envisage de quitter sérieusement leur nouveau logement ou revendre leur parcelle faute de moyens pour assurer son financement.



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