Maroc-Russie : l’alliance stratégique à l’heure du renouveau

À l’heure où le Maroc et la Russie s’apprêtent à célébrer le 10e anniversaire de leur Partenariat stratégique approfondi, la tenue de la 8e Commission mixte intergouvernementale, à Moscou, marque une nouvelle étape dans la consolidation d’un partenariat fondé sur la confiance, la diversification sectorielle et une vision partagée du développement durable.
Dans le cadre d’une relation diplomatique qui remonte au XVIIIe siècle, le Maroc et la Russie donnent une nouvelle impulsion à leur partenariat stratégique, à l’occasion de la 8e Commission mixte intergouvernementale, tenue le 17 octobre à Moscou.
Cet événement survient à la veille du 10e anniversaire du Partenariat stratégique approfondi, signé en 2016 lors de la visite historique de SM le Roi Mohammed VI, sur invitation du président Vladimir Poutine. Co-présidée par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et le vice-premier ministre russe, Dmitry Patrushev, cette commission a consolidé les fondations d’une coopération bilatérale multiforme.
À travers une approche pragmatique et sectorielle, les deux pays affichent une volonté claire, celle d’élever leur relation à un niveau de partenariat plus ambitieux, durable et équilibré.
Une dimension multi-sectorielle
L’agenda de cette 8e session s’est articulé autour de secteurs stratégiques, notamment l’agriculture, l’énergie, l’industrie, les transports, la coopération douanière, l’éducation et la culture. Cette orientation sectorielle répond à une dynamique de diversification économique que le Maroc cherche à intensifier, notamment en intégrant davantage les régions du sud à ses partenariats internationaux.
À cette occasion, trois instruments juridiques majeurs ont été signés à Moscou. Le premier est un accord renouvelé sur la pêche maritime, conclu pour quatre ans, qui autorise les navires russes à opérer dans les eaux atlantiques marocaines dans le respect strict des quotas, des zones définies et des périodes de repos biologique. Le deuxième est un protocole sur l’échange de documents et données douanières visant à renforcer la transparence commerciale. Le troisième porte sur la coopération dans le cadre du système unifié de préférences tarifaires de l’Union économique eurasiatique.
Ces textes visent à encadrer les échanges commerciaux, à fluidifier les procédures douanières et à offrir un cadre stable aux investisseurs, en particulier dans les zones portuaires stratégiques du sud marocain. Concernant le nouvel accord sur la pêche maritime, soulignons que celui-ci s’inscrit dans une logique de durabilité. Il met l’accent sur la protection de l’écosystème marin et la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Il prévoit aussi une coopération scientifique renforcée entre l’INRH (Institut national de recherche halieutique) et son homologue russe, par le biais de programmes conjoints de recherche et de suivi des ressources halieutiques.
Ce texte génère également des opportunités d’emploi pour les marins marocains embarqués à bord des navires russes, et favorise le développement d’activités économiques connexes dans les ports du sud, consolidant ainsi leur rôle de pôles régionaux. Enfin, il prévoit la formation de cadres marocains à travers des bourses d’études et des stages dans des établissements spécialisés russes.
Un partenariat solide
Selon Nasser Bourita, la Russie est considérée par le Royaume comme un partenaire fiable et constructif, en conformité avec la vision royale. Lors de la conférence de presse tenue à Moscou, il a déclaré :
«Le Maroc, conformément à la vision de SM le Roi Mohammed VI, considère la Russie comme un partenaire fiable et constructif». Le ministre a souligné l’importance de l’estime mutuelle entre le Souverain et le président Poutine comme socle de ce partenariat.
Il a également précisé : «Notre réunion sera donc l’occasion d’examiner les moyens de consolider et de promouvoir ce mécanisme. L’année 2026, qui marquera une décennie du Partenariat stratégique approfondi, sera l’occasion de renforcer encore davantage les relations, à travers des visites officielles et des événements culturels croisant les deux pays».
Mais ce n’est pas tout, car le tourisme illustre aussi cette dynamique. Royal Air Maroc a rouvert la ligne Casablanca-Moscou avec sept vols hebdomadaires et prévoit une liaison directe vers Saint-Pétersbourg, contribuant à une hausse significative du nombre de touristes russes au Maroc.
Bourita a également considéré cette session comme «une opportunité idoine pour exploiter toutes les potentialités en vue de hisser la coopération commune vers des horizons plus larges». Il a souligné que cette réunion aboutira à des résultats concrets, à la hauteur des ambitions du Roi Mohammed VI et du président Vladimir Poutine, notant que de grands espoirs sont placés en cette session.
À ses yeux, cette session se tient également dans le cadre des relations bilatérales solides unissant deux partenaires fiables, qui se font confiance et s’appuient mutuellement sur de nombreuses questions. Notons qu’avec 188 accords bilatéraux couvrant tous les secteurs, la relation maroco-russe constitue l’un des partenariats les plus complets entretenus par le Royaume.
À l’horizon 2026, les deux pays entendent donner un nouvel élan à cette relation, en mobilisant les acteurs économiques, les universités et les instituts de recherche pour une coopération d’avant-garde, tournée vers les défis du XXIe siècle. La 8e Commission mixte intergouvernementale marque ainsi un tournant stratégique, plaçant le partenariat maroco-russe sous le signe de la diversification, de l’équilibre et du développement durable.
H.K. / Les Inspirations ÉCO