Edito. La croisée des comptes

C’est le cri d’une génération. Un cri du cœur, un cri social, scandant trois mots, trois attentes : éducation, santé, dignité. Trois exigences de résultats et, surtout, une demande de changement immédiat. Alors que s’ouvre la rentrée parlementaire et que se profile le débat budgétaire pour l’exercice à venir, une question s’impose : faut-il envisager une Loi de finances rectificative ? Plus qu’un ajustement technique, une telle décision revêtirait une portée symbolique forte. Elle signifierait que le gouvernement entend le message de la rue et qu’il est prêt à réorienter ses priorités, à corriger le tir.
Pourtant, il ne faut pas se méprendre : le Maroc consacre déjà des moyens considérables à ses politiques sociales. Près de 90 milliards de dirhams pour l’éducation, 32,6 milliards pour la santé, et des augmentations continues depuis 2021.
Le problème ne réside donc pas dans le volume de la dépense, mais dans son efficience. Dès lors, l’idée de réviser la copie budgétaire avant son dépôt au Parlement pourrait être perçue comme un acte de lucidité. Réaffecter rapidement une partie des ressources vers les priorités majeures permettrait d’envoyer un signal clair concernant la volonté de concrétiser l’État social.
Dans un contexte où les recettes fiscales progressent de 20%, une redistribution ciblée serait pleinement cohérente avec cette ambition, à condition qu’elle s’accompagne d’une rigueur dans l’action, d’un contrôle minutieux et d’une gestion par objectifs.
Longtemps, le Maroc a fait preuve d’une discipline budgétaire exemplaire. Mais la stabilité comptable ne saurait, à elle seule, répondre à la demande de résultats tangibles. Car, au fond, le citoyen ne juge pas les équilibres macroéconomiques : il regarde les écoles, les hôpitaux, les services qui rythment sa vie quotidienne.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO