Maroc

Partenariat agricole Maroc-UE : un nouvel accord confirme l’application des tarifs préférentiels aux provinces du Sud

À quelques heures de l’échéance fixée par la justice européenne, le Maroc et l’Union européenne ont conclu un accord amendé confirmant l’inclusion des provinces du Sud dans les préférences tarifaires agricoles. Plus qu’un simple ajustement technique, ce texte consolide un partenariat stratégique jugé vital des deux côtés de la Méditerranée, tout en envoyant des signaux politiques clairs.

Le Maroc et l’Union européenne (UE) ont conclu avec succès les négociations visant à amender leur accord agricole, dans un contexte marqué par des défis juridiques et un impératif de continuité économique. Cet accord révisé, annoncé jeudi par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, confirme explicitement l’application des tarifs préférentiels de l’UE aux produits en provenance des provinces du Sud.

«Le Royaume du Maroc et l’Union européenne viennent de clôturer avec succès, dans un esprit de partenariat et de compromis, les négociations relatives à l’amendement de l’accord agricole qui lie les deux parties», a déclaré Bourita à Rabat.

La signature officielle est attendue à Bruxelles dans les prochains jours, avec une application provisoire dès la signature. Ce nouveau texte apporte des «clarifications nécessaires» tout en respectant les fondamentaux nationaux du Royaume, a souligné le ministre. Il conserve «la philosophie de l’échange de lettres signées entre les deux parties en 2018» et reste fidèle à «l’économie générale du nouveau texte».

Surtout, il entérine que «les conditions d’accès au marché européen des produits du Nord seront appliquées aux produits du Sahara marocain». Le texte introduit également «des ajustements techniques relatifs à l’information du consommateur sur la provenance des produits», a précisé le ministre. Un étiquetage mentionnant les régions de production «Laâyoune-Sakia El Hamra» et «Dakhla-Oued Eddahab» sera apposé sur les produits agricoles.

Une réponse à la CJUE
Cette avancée intervient alors que la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), rendue le 4 octobre 2024, annulait l’accord agricole de 2019. La CJUE avait toutefois maintenu ses effets de façon transitoire pendant un an.

L’échéance approchant, Bruxelles devait agir rapidement pour éviter une rupture brutale des échanges agricoles. La solution retenue prend la forme d’une nouvelle base juridique, via un échange de lettres, pour garantir la continuité des préférences tarifaires, y compris pour les produits en provenance de Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab.

En parallèle, Bruxelles prépare «une décision conjointe UE-Maroc sur les certificats d’origine et une modification du règlement délégué sur l’étiquetage des fruits et légumes». «Le débat au Parlement européen aura lieu dans les semaines à venir. Une fois que les deux co-législateurs (Parlement européen et États membres) auront donné leur accord, l’accord international pourra être conclu», a expliqué Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne pour le commerce.

Signal politique fort
Si le ministre insiste sur le caractère technique et commercial de l’accord, il reconnaît qu’il «envoie des signaux forts et clairs». Le texte rappelle en effet «la position formulée par l’Union européenne en 2019 sur la question du Sahara marocain», notant positivement les «efforts sérieux et crédibles menés par le Maroc», et faisant référence au soutien de nombreux États membres à «l’initiative marocaine d’autonomie, dans le cadre de la dynamique impulsée par SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste». «Bien entendu, il ne s’agit pas d’un accord politique; mais d’un accord sectoriel, commercial et opérationnel», a-t-il fait remarquer.

Cette dynamique, portée par «la vision éclairée de Sa Majesté», positionne le Sahara comme un espace de développement, de stabilité et de prospérité. «Cette dynamique explique l’intérêt de grandes puissances mondiales et régionales pour les activités économiques au Sahara marocain, et leur volonté d’encourager le commerce et l’investissement dans la région, pour faire du Sahara un trait d’union entre Europe et Afrique, entre Méditerranée et Atlantique». Le ministre a cité à cet effet «la déclaration forte des États-Unis la semaine dernière», «le Forum économique Maroc-France prévu à Dakhla le 9 octobre» et «l’action projetée par l’Agence britannique UK Export Finance».

Un partenariat stratégique consolidé
Au-delà de la dimension agricole, cet accord réaffirme la solidité du partenariat stratégique entre Rabat et Bruxelles. «Naturellement, cet Accord conforte le partenariat stratégique ancien et solide entre le Maroc et l’UE», a affirmé Bourita, soulignant que «le Maroc est un partenaire fiable et crédible, avec lequel l’UE entretient la plus grande part de ses échanges commerciaux en Afrique et dans le monde arabe, pour un montant annuel dépassant les 60 milliards d’euros, incluant produits industriels, équipements et produits agricoles».

«Sa Majesté le Roi a toujours voulu que le Partenariat Maroc-UE se déploie par des actions communes et concrètes», a poursuivi le ministre.

«Les domaines commercial et agricole sont importants, certes, de par leur place dans l’économie du Royaume, mais notre Partenariat [avec l’Union européenne] s’étend aussi à un large éventail de domaines : politique, économique, social, environnemental, ainsi que les secteurs de la migration et de la mobilité, de la sécurité, du numérique et de la culture».

«Nous sommes désormais en mesure de déployer tout notre potentiel existant, qu’il s’agisse de préparer des échéances conjointes, ou de dynamiser nos cadres politiques, comme le Conseil d’Association, et de jeter les bases d’un partenariat stratégique encore plus approfondi, qui guidera nos relations pour les prochaines années», a conclu Bourita.

«Le Maroc est un partenaire clé de l’UE. Notre coopération couvre un large éventail de domaines, notamment le commerce, les migrations, la durabilité environnementale, la sécurité, le numérique et la culture», a déclaré Olof Gill. «Pour faire passer ce partenariat au niveau supérieur, l’UE a l’intention de lancer un partenariat stratégique avec le Maroc», a-t-il ajouté.

S.N. / Les Inspirations ÉCO



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