Déficit commercial : le retour à l’équilibre, ce n’est pas pour demain

À fin août 2025, le déficit commercial du Maroc s’est aggravé de 15,5% en glissement annuel, atteignant 225,92 MMDH, selon l’Office des changes. Les importations (533,42 MMDH) progressent deux fois plus vite que les exportations (307,49 MMDH), faisant reculer le taux de couverture à 57,6%. Si la facture énergétique diminue, les achats de produits finis de consommation, d’équipements et de demi-produits affichent des hausses soutenues. Côté exportations, l’automobile ralentit mais reste leader, devant les phosphates et l’agroalimentaire.
Le déficit commercial du Royaume se creuse encore. À fin août, il s’est aggravé de 15,5% en glissement annuel à 225,92 MMDH, selon les derniers chiffres de l’Office des changes. Les huit premiers mois de l’année ont enregistré une augmentation de 3,8% des exportations à 307.490 MMDH. Les importations, elles, affichent un rythme de croissance deux fois plus élevé. Elles ont, en effet, grimpé de 8,4% par rapport à la même période de l’année précédente, pour se situer à 533,42 MMDH. Le taux de couverture des importations par les exportations perd ainsi 2,6 points pour descendre à 57,6%.
Les importations dopées par l’équipement et la consommation
Du côté des importations, seule la facture énergétique baisse (-6,2% à 72,63 MMDH). Cette contraction fait suite, essentiellement, à un recul de 10,9% des approvisionnements en gas-oils et fuel-oils (sous l’effet prix en repli de 18,8%), et ce, malgré la hausse des quantités importées de (+9,8%).
Pour leur part, les achats de produits finis de consommation à l’international grimpent de 14,3% sur un an à 130,3 MMDH. Cet accroissement résulte de la hausse des achats de voitures de tourisme (+41,3%), de médicaments et autres produits pharmaceutiques (+20,4%) et des sièges, meubles, matelas et articles d’éclairage (+19,7%). Les importations de produits d’équipement, eux, ont accéléré de 13% à 124,74 MMDH (les crédits à l’équipement, qui renseignent sur l’effort d’investissement fourni par les entreprises, a bondi de 13,9% sur un an à fin juillet, selon Bank Al-Maghrib).
La hausse des importations de produits d’équipement s’explique par l’augmentation des achats d’avions et autres véhicules aériens ou spatiaux, des parties d’avions et d’autres véhicules aériens ainsi que des machines et matériel de génie civil et de construction. De leur côté, les importations de demi produits s’accentuent de 7,1% à 113,79 MMDH. Derrière cette accélération, une hausse des achats de produits chimiques, de matières plastiques et ouvrages divers en plastique, et des fils, barres et profilés en cuivre.
En outre, les produits bruts ont vu leurs achats à l’international augmenter de 31,5% à 28,2 MMDH, principalement en raison d’un accroissement des importations de soufres bruts et non raffinés, de l’huile de soja brute ou raffinée et de l’huile d’olive brute ou raffinée. Pour leur part, les expéditions vers le Maroc de produits alimentaires ont atteint 62,46 MMDH, en hausse de 2,2% sur un an.
Dans cette catégorie de produits, l’Office des changes fait remarquer une hausse des importations des animaux vivants et de maïs, contrebalancée par une baisse de 12,4% des approvisionnement en blé. Sur ce registre, il est utile de rappeler que, selon les derniers chiffres de la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL), les importations de blé tendre se sont jusqu’ici contractées de 12% en glissement annuel (campagne 2025-2026).
Coup de frein pour l’automobile, croissance pour les phosphates
Concernant les exportations, l’automobile décélère mais reste le premier pourvoyeur de devises du Royaume (-2,9% à 98,7 MMDH). En cause, principalement, le débrayage sur les ventes du segment de la construction, atténué tout de même par une hausse des exportations du segment du câblage.
En valeur, l’automobile est suivie de près par les phosphates et dérivés avec des ventes à l’international qui se situent à 64,98 MMDH, soit un bond de 21,1% sur un an. Cette évolution est due à la hausse des ventes des engrais naturels et chimiques, des phosphates et des ventes de l’acide phosphorique, explique l’office. Les produits de l’agriculture et agroalimentaire arrivent troisièmes, avec 59,69 MMDH d’exportations (+3,8% sur un an).
Cette croissance, tirée par l’agriculture, la sylviculture et la chasse (+3.357MDH), est atténuée par la baisse des exportations de l’industrie alimentaire. Le textile et cuir viennent en quatrième position avec 30,54 MMDH de recettes à l’export, en repli de 4,2% par rapport à l’année précédente. Et pour cause, un recul des exportations des vêtements confectionnés et des articles de bonneterie.
Dans l’aéronautique, le chiffre d’affaires à l’international s’envole à 18,37 MMDH, en hausse de 5,6% sur un an. Le segment de l’assemblage et celui du câblage (EWIS) sont les principaux moteurs de cette croissance. Par ailleurs, dans l’électronique-électricité, les livraisons à l’international totalisent 11,29 MMDH, en chute de 6,9% sur un an. Et ce sont les composants électroniques qui causent cette diminution. La baisse de leurs exportations est toutefois contrebalancée par une hausse de celles des fils et câbles.
Les transferts de fonds des MRE en repli
Sur les huit premiers mois de l’année, les transferts de fonds effectués par les Marocains résidant à l’étranger ont atteint 81,7 MMDH, en retrait de 0,6% par rapport à fin août 2025. Les recettes de voyages, principale composante de la balance des services, ont bondi de 14,3% sur un an à 87,59 MMDH, soit un rythme de croissance une fois et demi supérieur à celui des dépenses (+9% à 21,46 MMDH).
Ainsi, le solde reste positif à 66,13 MMDH, en hausse de 16,2% sur un an. Concernant les Investissements directs étrangers au Maroc. Les recettes réalisent un sursaut de 43,4% en un an à 39,27 MMDH. Les dépenses, elles, bondissent de 38% à 16,31 MMDH. Le Flux net des IDE reste ainsi positif à 22,95 MMDH, réalisant une croissance positive de 47,6%.
Enfin, les Investissements directs marocains à l’étranger (IDME) ont vu leurs recettes issues des désinvestissements chuter de 18,8% à 9,94 MMDH. Les dépenses, qui représentent les investissements des Marocains à l’étranger, affichent un rythme baissier moins prononcé (-3,5% à 12,85 MMDH). Le Flux net des IDME reste positif même s’il se contracte sur un an : 2,91 MMDH contre 1,08 MMDH à fin août 2024.
Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO