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Investissements : le Maroc double ses financements agrifoodtech en 2024

Les agrifoodtech marocaines attirent de plus en plus l’attention des investisseurs. Avec 13 millions de dollars mobilisés en 2024, soit une hausse de 117% en un an, le Royaume confirme son potentiel en matière d’innovation agricole et alimentaire. Les financements ciblent prioritairement les chaînes d’approvisionnement, la digitalisation et l’intégration des petits producteurs, malgré des défis persistants liés à l’eau et aux infrastructures.

En 2024, le Maroc a connu une expansion remarquable dans le domaine de l’agrifoodtech (technologie appliquée au secteur de l’agroalimentaire). D’après le rapport «Developing Markets – AgriFoodTech Investment Report 2025», récemment publié par AgFund, l’industrie a connu un total de 13 millions de dollars en investissements, ce qui représente une hausse de 117% comparativement à l’année dernière.

Ce nombre met en évidence l’engouement grandissant pour les technologies agricoles et alimentaires dans le pays, qui s’efforce de moderniser son secteur agricole tout en prenant en compte les enjeux de durabilité et de sécurité alimentaire.

Un marché dynamique
Avec ses grandes superficies agricoles et sa diversité climatique, le Maroc a toutes les cartes en main pour se positionner comme un acteur majeur dans le secteur de l’agrifoodtech. En 2024, l’apparition de startups innovantes a été mise en évidence par l’enregistrement de trois transactions importantes. Ces financements sont principalement destinés à renforcer l’efficacité des chaînes d’approvisionnement, réduire les pertes post-récolte et connecter les petits exploitants agricoles aux écosystèmes numériques.

Au Maroc, la majeure partie des investissements est concentrée dans des catégories de chaînes. Les fermes Amont, le bail et les Ag Marketplaces & Fintech arrivent en tête du financement, fournissant des solutions qui aident les agriculteurs à vendre sur un marché plus large et à utiliser leurs propres moyens financiers.

Ces plateformes numériques permettent de vendre des produits agricoles sans aucun intermédiaire, et rehaussent ainsi le niveau de vie des agriculteurs. D’autres entités, comme les Farm Robotics, Mechanization & Farm Equipment, attirent également les flux, bien que l’acceptation y soit encore limitée en raison des coûts et de la capacité requise. Les technologies de gestion des fermes, y compris les systèmes basés sur l’IoT, représentent en outre une occasion d’améliorer directement la productivité et la durabilité.

Défis multiples
Malgré cette croissance, le Maroc fait face à plusieurs défis : des infrastructures agricoles qui restent fragmentées, et un accès limité au financement pour les petites entreprises et les agriculteurs. De plus, les conditions climatiques imprévisibles et la pression sur les ressources en eau représentent un défi de taille et nécessitent des solutions technologiques adaptées pour garantir la résilience du secteur.

Si les défis sont multiples, les opportunités, elles, restent nombreuses. Le gouvernement a mis en place des initiatives pour soutenir l’innovation agricole, notamment à travers des partenariats public-privé et des subventions. Ces efforts, combinés à l’intérêt croissant des investisseurs internationaux, positionnent le Maroc comme un marché prometteur pour l’agrifoodtech.

Ainsi, cette année pourrait voir une augmentation significative des investissements dans les technologies agricoles au Maroc, en particulier dans les solutions axées sur la durabilité et la gestion des ressources. Par ailleurs, les startups marocaines devraient également se concentrer sur l’intégration des petits exploitants agricoles dans des écosystèmes numériques, tout en développant des solutions adaptées aux défis locaux.

Avec une augmentation continue des financements et une adoption croissante des technologies, le Maroc est sur la voie de devenir un leader régional dans le domaine de l’agrifoodtech. Les investisseurs et les entrepreneurs ont une opportunité unique de contribuer à la transformation du secteur agricole marocain, tout en répondant aux besoins croissants en matière de sécurité alimentaire et de durabilité.

Les États-Unis mobilisent près de la moitié des investissements dans le monde

En 2024, les investissements mondiaux dans l’agrifoodtech ont atteint 20,5 milliards de dollars, soit un repli de 12% par rapport à 2023. Une tendance qui confirme la phase de consolidation après l’euphorie post-pandémie.

L’Amérique du Nord domine encore avec 48% des flux (soit plus de 20 fois le flux en Afrique), portée par les segments de la robotique agricole, des protéines alternatives et de la digitalisation des chaînes de valeur. L’Asie, deuxième pôle, bénéficie du dynamisme de la Chine et de l’Inde, où la sécurité alimentaire et l’innovation technologique constituent des priorités stratégiques.

En Europe, les financements se concentrent sur l’agriculture durable et la transition énergétique, avec une forte poussée des solutions de biocontrôle. Globalement, le secteur reste sous tension, mais les investisseurs ciblent désormais des projets à forte viabilité économique et capables de répondre aux défis climatiques et alimentaires mondiaux.

Afrique : moins d’un milliard de dollars d’investissements !

En Afrique, les investissements en agrifoodtech ont atteint 0,9 milliard de dollars en 2024, confirmant le continent comme un marché émergent en pleine structuration. Le Nigeria, le Kenya et l’Afrique du Sud concentrent à eux seuls plus de 60% des flux, avec une prédominance des plateformes de e-commerce alimentaire, des solutions de logistique et des innovations fintech liées à l’agriculture.

Les investisseurs internationaux, notamment européens et américains, privilégient des partenariats avec des startups locales pour accroître l’inclusion financière et l’accès des petits producteurs aux marchés.

Les pays d’Afrique du Nord progressent également, soutenus par des initiatives orientées vers la durabilité et la valorisation des ressources hydriques. Si les montants restent modestes comparés aux standards mondiaux, la dynamique africaine témoigne d’un fort potentiel de croissance, dopé par l’explosion démographique et la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire du continent.

Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO



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