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Liquidité bancaire : répit en 2025, tensions attendues en 2026

Le déficit de liquidité bancaire devrait s’alléger d’ici la fin d’année. Selon les dernières projections de Bank Al-Maghrib, il devrait atteindre 115 MMDH à fin 2025, avant de repartir à la hausse et de se creuser à 133 MMDH en 2026. Une évolution qui s’explique, selon la Banque centrale, principalement par la progression attendue des billets et monnaies en circulation, un phénomène structurel qui pèse durablement sur l’équilibre des liquidités.

Après une hausse de 7,6% en 2024, la circulation fiduciaire devrait encore croître de 8,1% en 2025, puis de 7,1% en 2026, et confirmer ainsi une tendance de fond. Cette dynamique exerce une pression continue sur les conditions monétaires. En effet, au deuxième trimestre 2025, le déficit de liquidité bancaire s’est établi à 113,4 MMDH, et s’est ensuite accentué pour atteindre 118 milliards en moyenne en juillet et août.

Face à ce creusement, Bank Al-Maghrib a dû renforcer son intervention en portant le volume global de ses injections à 132,1 MMDH, contre 127,9 milliards au trimestre précédent. Ces injections ont été structurées autour de trois instruments principaux : des avances à 7 jours à hauteur de 54,6 MMDH, des opérations de pensions livrées pour 43,7 milliards, ainsi que des prêts garantis, destinés en priorité au soutien du financement des TPME, pour un total de 33,8 MMDH.

Cette stratégie d’accompagnement a néanmoins conduit à un ajustement technique : la durée moyenne des interventions de la Banque centrale est passée de 14 jours à 11 jours, signe d’un pilotage fin destiné à maintenir la stabilité du marché. Dans ces conditions, le taux interbancaire est resté parfaitement aligné sur le taux directeur, à 2,25%, signe d’une efficacité du cadre opérationnel de la politique monétaire.

Bons du trésor : une tendance baissière
Sur le marché des bons du Trésor, les taux se sont inscrits dans une trajectoire baissière en moyenne sur les mois de juillet et août, comparativement au deuxième trimestre de l’année. Cette tendance a été observée aussi bien dans le compartiment primaire que secondaire. Elle reflète une détente globale des conditions de financement de l’État.

À l’inverse, sur le marché de la dette privée, les taux des certificats de dépôt ont enregistré une progression en juillet. Un signe qui témoigne d’un réajustement des anticipations des investisseurs. Les dépôts à terme n’ont pas échappé, pour leur part, à cette évolution. Les taux créditeurs appliqués à ce type de placement ont reculé de 29 points de base à 2,16% pour une durée de six mois, et de 23 points de base à 2,57% pour une échéance d’un an. Quant au taux minimum de rémunération des comptes sur carnet, il a été fixé à 1,91% pour le second semestre 2025, en repli de 30 pb par rapport au semestre précédent.

Dans ce contexte, le coût de financement des banques est demeuré quasi stable au mois de juillet 2025, en comparaison avec le trimestre précédent. Ce qui confirme une relative stabilité sur ce segment. Concernant les taux débiteurs, les résultats de l’enquête menée par Bank Al-Maghrib auprès des établissements bancaires pour le deuxième trimestre 2025 révèlent un repli du taux moyen global de 14 pb, à 4,84%.

Cette baisse n’est toutefois pas homogène selon les segments. Pour les particuliers, les taux se sont inscrits en diminution de 19 pb à 5,77%. Dans le détail, les prêts à la consommation ont reculé de 25 pb à 6,88%, tandis que les crédits à l’habitat ont légèrement fléchi de 6 pb à 4,68%.

Une dynamique différenciée
Concernant les entreprises non financières, les conditions se sont également assouplies avec une baisse moyenne de 12 pb à 4,72%. Les crédits à l’équipement ont reculé de 32 pb à 4,82% et les facilités de trésorerie de 9 pb à 4,64%. Pour leur part, les financements liés à la promotion immobilière sont demeurés quasiment stables à 5,47%. Par taille d’entreprises, une dynamique différenciée se dessine.

Les grandes entreprises ont bénéficié d’une baisse de 29 pb à 4,67%. Ce qui marque une amélioration des conditions de financement pour ces acteurs de l’économie. En revanche, pour les TPME, la détente a été plus limitée avec une baisse de 18 pb à 5,43%. Ainsi l’écart de coût du crédit entre grandes et petites structures persiste et reste une problématique structurelle pour l’inclusion financière.

Bank Al-Maghrib parvient pour l’instant à garder la main sur la stabilité du marché interbancaire, en jouant habilement sur ses instruments d’intervention. Mais l’augmentation continue des billets en circulation, ajoutée aux écarts persistants dans les conditions de crédit entre grandes entreprises et petites structures, met en lumière les limites du système.

Les projections pour 2025 et 2026, qui annoncent un déficit de liquidité encore plus marqué, montrent que la régulation monétaire ne pourra pas, à elle seule, absorber toutes les tensions. L’enjeu sera aussi de voir comment les banques s’adapteront, dans la pratique, aux besoins de clients aux profils très différents, des ménages aux grandes sociétés, en passant par les TPME qui restent les plus vulnérables.

Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO



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