Diplomatie : les points clés du discours d’Aziz Akhannouch à l’ONU

À la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, Aziz Akhannouch a pris la parole au nom du Royaume du Maroc. De la réforme du multilatéralisme à la cause palestinienne, en passant par l’intégration africaine, le climat, l’intelligence artificielle et la question du Sahara, voici les points clés de son discours.
«Cette session se tient alors que le monde fait face à moult défis, d’où l’importance d’adopter une stratégie pragmatique», a affirmé Aziz Akhannouch en ouverture de son allocution, mardi à New York.
Le chef du gouvernement a rappelé que le multilatéralisme avait «rapproché les peuples», mais qu’il se heurtait aujourd’hui «à de grands défis en raison de pressions économiques et des changements climatiques». Citant le Roi Mohammed VI, il a souligné que le monde vit «une transition fondamentale d’un système mondial qui a atteint ses objectifs mais montré ses capacités limitées à réaliser les aspirations des peuples».
La réforme nécessaire de l’ONU
Pour Akhannouch, l’Organisation des Nations Unies doit évoluer. «Est-ce que cela signifie que les Nations Unies sont en péril alors que le monde est en mutation constante ? La réponse est non», a-t-il martelé. Mais il a insisté en soulignant que «notre organisation, plus que jamais, doit revoir ses priorités» et adapter «ses instruments et méthodes de travail à l’ampleur des défis et complexités actuels». Le Maroc, a-t-il rappelé, défend un multilatéralisme «attaché à l’égalité souveraine des États ainsi qu’au respect de l’intégrité territoriale et de l’unité».
La cause palestinienne au cœur du message marocain
Le chef du gouvernement s’est longuement attardé sur la situation au Proche-Orient : «Le Royaume du Maroc appelle à davantage de mobilisation de la communauté internationale afin de sauver la région du cercle vicieux de la violence», a-t-il déclaré.
Il a détaillé quatre priorités : «Premièrement, imposer un cessez le feu immédiat et un retour à la table des négociations afin de mettre un terme une fois pour toutes à la guerre. Deuxièmement, garantir l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et en Cisjordanie sans conditions ou restrictions aucunes. Troisièmement, promouvoir le rôle décisif de l’UNRWA. Quatrièmement, mettre en œuvre une feuille de route claire et détaillée de la reconstruction.»
Selon lui, «la solution à deux États est la seule façon de parvenir à une paix durable et globale au Moyen-Orient», avec Jérusalem-Est pour capitale et Gaza «partie intégrante» d’un futur État palestinien.
Soutien au dialogue dans le monde arabe
Akhannouch a par ailleurs exprimé la solidarité du Maroc «envers l’État du Qatar, la Syrie et le Liban face aux attaques essuyées». Il a plaidé pour des «règlements pacifiques des différends prévalant dans les États arabes frères, notamment en Libye, au Yémen, au Soudan et en Somalie», et ce, sur la base de la souveraineté nationale et sans «intervention étrangère quelle qu’elle soit».
Diplomatie : priorité à l’Afrique
«L’Afrique se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins», a affirmé le chef du gouvernement, insistant sur le rôle central du continent dans la vision royale. Il a mis en avant des initiatives destinées à «accélérer l’intégration africaine dans le système mondial».
Parmi elles, le projet du gazoduc Nigeria–Maroc, «un grand projet qui est une réaction tangible visant à relever les défis sociaux et climatiques», ou encore l’initiative de Rabat pour l’Afrique et l’Atlantique, destinée à repositionner le continent comme pôle de stabilité et de développement.
Climat, IA et transition numérique
Le discours du chef du gouvernement a aussi accordé une large place aux défis globaux. Concernant le climat, Akhannouch a rappelé que «les changements climatiques représentent l’un des plus grands défis auxquels fait face le monde à l’heure actuelle».
Le Maroc, confronté à «une sécheresse structurelle», investit dans le dessalement, l’irrigation et les énergies renouvelables. Il a aussi insisté sur l’intelligence artificielle : «Fermer les yeux sur l’intelligence artificielle, ne pas en profiter, signifie gâcher, manquer des possibilités économiques.» Selon lui, l’IA doit être utilisée «de façon moralement responsable» et mise au service de la santé, l’éducation et l’agriculture.
Sport et diplomatie culturelle
Le chef du gouvernement a présenté les activités sportives en tant que vecteur de paix soulignant que «le sport est un pilier du développement. C’est dans cet esprit que nous nous préparons à accueillir la Coupe du monde 2030 avec le Portugal et l’Espagne», a-t-il déclaré. Et d’ajouter que cet événement doit permettre de «montrer le beau et véritable visage de l’Afrique à la communauté internationale».
Le dossier du Sahara marocain
Aziz Akhannouch a consacré une partie importante de son intervention au Sahara marocain indiquant que «l’initiative de l’autonomie est la seule solution réaliste, une solution qui recueille un soutien croissant au niveau international», a-t-il assuré. «L’heure a sonné de tourner la page de ce conflit dans le plein et entier respect de la souveraineté du Maroc et de son intégrité territoriale», a-t-il poursuivi, soulignant que «deux tiers des États membres des Nations Unies estiment que cette initiative est la seule base crédible de règlement de ce dossier».
Une responsabilité collective
Clôturant son discours, Akhannouch a rappelé la vocation première de l’organisation multilatérale affirmant que «quelles que soient la taille, la nature, l’ampleur des défis, notre responsabilité collective consiste à travailler dans la solidarité pour en faire des possibilités à saisir et pour parvenir à des solutions justes et globales.»
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO