Art contemporain : Mahi Binebine entre aux musées Smithonian de Washington et Pérez Art de Miami

Des œuvres de Mahi Binebine ont été récemment acquises par deux institutions majeures : le Smithsonian National Museum of African Art à Washington, D.C., et le Pérez Art Museum Miami (PAMM).
Mahi Binebine, né en 1959 à Marrakech, est une figure emblématique de la scène contemporaine marocaine. Après des études de mathématiques à Paris, il enseigne pendant plusieurs années avant de se consacrer pleinement à l’écriture et à la peinture. Ses œuvres ont été exposées dans des institutions prestigieuses telles que le Guggenheim Museum à New York. Auteur de douze romans, dont Les Étoiles de Sidi Moumen, adapté au cinéma sous le titre «Les Chevaux de Dieu» par Nabil Ayouch, Binebine est également cofondateur du Festival du livre africain de Marrakech (FLAM), célébrant la littérature et la culture africaines.
Valoriser les voix africaines et diasporiques
Ces acquisitions marquent une étape importante dans la reconnaissance internationale de son travail et confirment sa place parmi les voix les plus puissantes de l’art contemporain africain et diasporique. Chacun de ces musées a intégré à sa collection une œuvre emblématique du travail de Binebine, explorant des thèmes universels tels que la migration, la mémoire, l’injustice et la résilience.
Avec ses figures expressives, ses textures denses et ses tonalités terreuses, Binebine donne forme à des récits profondément humains, enracinés dans les réalités sociales et politiques du Maroc.
«C’est un immense honneur que de voir mes œuvres rejoindre les collections du Smithsonian et du Pérez Art Museum Miami», déclare Binebine.
«Ces deux institutions jouent un rôle essentiel dans la valorisation des voix africaines et diasporiques. Savoir que mon travail sera exposé aux côtés d’artistes que j’admire profondément, et visible par des publics si variés, me touche énormément.»
«Au milieu de l’hiver, un invincible été»
Le Smithsonian National Museum of African Art, rattaché au plus grand complexe muséal au monde, et le PAMM, musée de référence aux États-Unis pour l’art de l’Amérique latine, des Caraïbes et de la diaspora africaine, sont reconnus pour leur engagement en faveur d’un art porteur de récits pluriels et transversaux.
Les œuvres de Binebine figurent déjà dans des collections prestigieuses telles que le Musée Mohammed VI d’Art moderne et contemporain (Rabat), le Guggenheim Museum (New York), l’Institut du Monde arabe (IMA, Paris), la Fondation Gandur pour l’Art (Genève) ou encore la Fondation Kinda pour les Arts (New York). Ces nouvelles acquisitions renforcent davantage sa portée artistique à l’échelle mondiale.
Dans ses œuvres, l’artiste explore les paradoxes de la condition humaine : l’ombre et la lumière, l’ancrage terrestre et l’élévation spirituelle, la mémoire et l’oubli.
Comme l’écrivait Albert Camus dans Le Mythe de Sisyphe, «Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été».
Cette citation, chère à l’artiste, constitue un message d’espoir qui résonne profondément dans les créations de Binebine, où la rudesse de la matière côtoie la poésie du rêve et de la transcendance. Ses sculptures, empreintes de mystère et de puissance, incarnent des récits silencieux où se croisent violence et douceur, exil et appartenance. Ses tableaux et bas-reliefs, quant à eux, capturent l’instant fragile où l’homme transcende ses limites pour rêver, résister ou construire.
Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO