Maroc

Tourisme : le Maroc dans le Top 3 mondial des destinations les plus dynamiques

Les données de l’ONU Tourisme placent le Maroc dans le Top 3 mondial des croissances touristiques au premier semestre 2025, avec +19%, juste derrière le Japon et le Vietnam (+21%) mais devant la Corée (+15%), loin devant la moyenne mondiale (+5%). Détails.

Les dernières publications de l’ONU Tourisme, notamment le communiqué du 10 septembre et le World Tourism Barometer Volume 23 de septembre 2025, livrent un constat remarquable pour le secteur touristique marocain. Avec une croissance de 19% des arrivées internationales au premier semestre 2025 (S1 – 2025), le Maroc se hisse parmi les trois grandes destinations mondiales affichant les taux de croissance les plus élevés, derrière le Japon et le Vietnam (tous deux +21%) et devant la République de Corée (+15%). Une performance exceptionnelle qui mérite une analyse.

Une progression économique significative
Dans un contexte mondial où le tourisme international a progressé de 5% sur la période, dépassant de 4% les niveaux pré-pandémiques de 2019, la croissance marocaine de 19% est plus que le triple de la moyenne mondiale et dépasse largement la moyenne africaine déjà robuste (+12%).

Ce résultat place le Maroc en tête de la dynamique africaine, où l’Afrique du Nord a globalement progressé de 14% et l’Afrique subsaharienne de 11%. Au-delà des arrivées, bien que les données spécifiques sur les recettes touristiques du Royaume pour ce semestre ne soient pas détaillées dans les publications, le contexte global est porteur : plusieurs grandes destinations (France, Espagne, Turquie, Royaume-Uni) affichent des hausses substantielles de leurs recettes (+8% à +18%).

Le Maroc, en tant que destination phare en croissance, bénéficie vraisemblablement de cette tendance positive des dépenses, renforçant sa contribution critique à l’économie nationale, à l’emploi et aux moyens de subsistance locaux.

Marketing et positionnement
Ce classement parmi les leaders mondiaux de la croissance est un indicateur puissant de l’efficacité du positionnement marketing et de l’attractivité renouvelée du Maroc. Dans un marché mondial où la concurrence est féroce et les voyageurs sensibles aux coûts et aux risques, une croissance de 19% démontre une capacité à capter et à reconquérir des parts de marché.

La proximité géographique avec l’Europe, principale région émettrice (près de 340 millions de touristes au S1 – 2025, +4%), malgré des résultats parfois hétérogènes (notamment en Amérique du Nord et dans les Caraïbes), reste un atout stratégique majeur exploité avec succès. La croissance robuste enregistrée dans des destinations comme l’Espagne et la France (+5%), marchés sources clés pour le Maroc, a probablement contribué à cette dynamique positive.

Un cadre propice à la relance
Cette performance soutenue ne saurait être le fruit du hasard. Elle reflète la mise en œuvre de politiques publiques efficaces et d’une gouvernance du tourisme adaptée aux défis post-pandémiques. La capacité à maintenir une croissance à deux chiffres, alors que d’autres régions connaissent des résultats mitigés (stagnation en Amérique du Nord et Caraïbes, baisse au Moyen-Orient) ou peinent à retrouver leurs niveaux de 2019 (Asie-Pacifique à -8%, Europe Centrale et Orientale à -11%), souligne la résilience du modèle marocain et la pertinence de ses actions de soutien et de promotion. Elle valide les efforts coordonnés pour rouvrir le pays, rassurer les marchés et investir dans l’offre.

Comme le souligne Zurab Pololikashvili, secrétaire général de l’ONU Tourisme, «dans un contexte de défis mondiaux, le tourisme international continue de faire preuve d’un fort dynamisme et d’une résilience à toute épreuve. Nous devons aussi nous rappeler de notre grande responsabilité pour garantir que cette croissance soit durable et inclusive tout en travaillant avec toutes les parties prenantes locales dans ce sens». Une citation qui rappelle que la performance quantitative doit s’accompagner d’une gouvernance responsable.

La croissance record, un défi à double tranchant
L’exceptionnelle croissance de 19% place le Maroc face à des défis majeurs en matière de durabilité et de tourisme responsable. La publication de l’ONU Tourisme met en garde contre les risques systémiques que cette croissance mondiale fait peser si elle n’est pas gérée avec discernement.

Le premier risque est le surtourisme avec la pression qu’il exerce sur les ressources. Un afflux massif et rapide peut dégrader les écosystèmes fragiles (littoral, oasis, montagnes), exercer une pression excessive sur les ressources en eau et énergie, et engendrer des phénomènes nuisibles à l’expérience visiteurs et à la qualité de vie des résidents. Un autre risque a trait à l’inflation et l’accessibilité.

L’inflation spécifique au tourisme, bien qu’en baisse projetée (de 8% en 2024 à 6,8% en 2025 selon l’ONU Tourisme), reste bien supérieure aux niveaux d’avant-pandémie (3,1%) et à l’inflation globale (4,3%). Cette tendance risque de rendre le pays moins accessible à certaines clientèles et de renforcer les comportements de recherche de valeur (voyages plus courts, dépenses réduites, proximité). Le rapport indique que les coûts élevés des transports et de l’hébergement sont perçus comme le défi numéro un pour le tourisme en 2025.

Le troisième risque est relatif à la répartition inclusive des bénéfices. Garantir que les retombées économiques profitent équitablement aux communautés locales et aux petites entreprises sur l’ensemble du territoire, et pas seulement aux grands groupes et aux zones côtières, est crucial pour un développement véritablement inclusif et pérenne. Dans sa citation, le secrétaire général de l’ONU Tourisme insiste fortement sur cette dimension inclusive ainsi que sur la collaboration avec les parties prenantes locales.

Un contexte favorable, mais la vigilance et l’action responsable restent de mise

La trajectoire du tourisme marocain, à court et moyen terme, dépendra de sa capacité à transformer cette croissance quantitative exceptionnelle en un modèle qualitatif, inclusif et régénératif, répondant ainsi pleinement à l’appel d’ONU Tourisme pour un développement du secteur responsable et pérenne. La légère remontée de l’Indice de confiance d’ONU Tourisme pour la fin d’année (120 contre 114) offre un contexte favorable, mais la vigilance et l’action responsable demeurent indispensables.

Un havre de stabilité relative

La performance du Maroc prend une dimension supplémentaire dans un paysage international marqué par des «tensions économiques et géopolitiques» identifiées comme des risques majeurs. Ceux-ci minent en effet sur la confiance des voyageurs (la confiance des consommateurs et les risques géopolitiques hors conflits en cours étant classés, respectivement, troisième et quatrième défis par le Panel d’experts d’ONU Tourisme).

Elle témoigne ainsi de la perception du pays comme une destination relativement stable et sûre dans sa région, contrastant notamment avec les résultats en baisse (-4%) enregistrés au Moyen-Orient, pourtant la région la plus performante par rapport à 2019 (+29%). Une stabilité relative qui est un atout géopolitique et sécuritaire fondamental pour l’attractivité touristique, même si le Maroc n’est pas totalement à l’abri des retombées des conflits régionaux ou des tensions commerciales globales (hausse des droits de douane, classée cinquième défi).

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO



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