Agadir : un CHR saturé et la grogne qui monte

Le CHR Hassan II d’Agadir, tristement surnommé «l’hôpital de la mort», fonctionne bien au-delà de ses capacités. Ses services d’urgence, de chirurgie et de maternité sont saturés. Une situation qui a donné lieu à des sit-in. Le ras-le-bol des citoyens est exacerbé par les retards enregistrés dans la livraison de plusieurs chantiers dans le secteur de la santé.
La livraison du Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Agadir accuse un retard considérable. En effet, le chantier démarré en juin 2018 a vu sa date d’achèvement maintes fois repoussée, freinant ainsi le développement des capacités de soins tertiaires de la région Souss-Massa.
Entre-temps, le Centre hospitalier régional (CHR) Hassan II, ouvert en 1967, est confronté à d’importants dysfonctionnements, assumant une triple fonction d’hôpital préfectoral, régional et universitaire. La situation est telle que cet établissement est désormais surnommé par les citoyens «l’hôpital de la mort», en raison de la pression constante qu’il subit, de la mauvaise qualité des prestations délivrées, ainsi que des conditions de travail de son personnel.
Le triste surnom dont il est affublé a d’ailleurs été, une nouvelle fois, scandé en fin de semaine dernière lors d’un second sit-in qui a regroupé des représentants de la société civile et des citoyens de la région et de la ville. Le précédent rassemblement avait mobilisé un nombre limité de participants, le second sit-in a attiré une foule bien plus importante. Il y a fort à parier que la mobilisation ira crescendo lors des prochaines actions prévues, compte tenu de l’accumulation des dysfonctionnements auxquels cet hôpital fait face depuis des années.
Cette situation a incité les autorités locales à intervenir, tandis que les manifestants exprimaient leur profond mécontentement face à la dégradation des services et aux incidents répétés, qui ont déjà entraîné le déclenchement de plusieurs commissions d’enquête.
Un hôpital qui fonctionne au-delà de ses moyens
Une conférence de presse a été tenue au CHR par la Direction régionale de la santé et de la protection sociale pour le Souss-Massa. L’occasion pour les responsable de clarifier la situation sur la pression à laquelle l’établissement, qui regroupe plus de 1.500 cadres de santé, fait face.
Selon Lamia Chakiri, directrice régionale, trois services subissent cette pression de plein fouet, à savoir les urgences, la chirurgie, et la maternité. Dans le détail, durant les six premiers mois de l’année en cours, le service des urgences a accueilli 33.665 patients, soit près de 250 par jour. 4.380 examens par scanner ont été effectués (4.000 durant la même période en 2024), ainsi que 754 IRM (contre 532 au premier semestre 2024). Quant aux analyses de laboratoire, elles ont atteint 66.868.
En ce qui concerne les interventions chirurgicales urgentes, 1.761 actes ont été enregistrés, contre 1.470 durant la même période l’année précédente. Pour ce qui est des chiffres du service de maternité, avec 3.000 accouchements en six mois et une hausse des césariennes, l’infrastructure actuelle ne peut plus répondre aux besoins croissants de la population de la région.
Au-delà des chiffres, force est de constater que plusieurs citoyens évitent désormais de se rendre à l’hôpital Hassan II, préférant s’orienter vers des cliniques privées, ce qui porte atteinte à l’image du service public. Notons que les travaux de réhabilitation du CHR Hassan II, censés apporter une réponse à cette question, ont accusé du retard.
Pour rappel, en mai 2023, une convention de partenariat a été signée à Agadir, entre le ministère de la Santé, la wilaya, le Conseil régional, la Commune territoriale d’Agadir et la sociiété de développement local (SDL) Agadir Souss-Massa Aménagement.
Selon la direction régionale de la Santé, les travaux préliminaires devraient commencer dans les prochaines semaines. Dotée d’une enveloppe d’environ 200 millions de dirhams, cette convention avait pour objet la réhabilitation et le renouvellement de l’équipement du CHR. Elle prévoyait également l’aménagement de structures annexes.
CHU et hôpital psychiatrique : retard de livraison
Le CHR n’est pas le seul chantier à la traine dans le secteur de la Santé. Ainsi aucune date n’a encore été annoncée pour la livraison du Centre hospitalier universitaire d’Agadir, construit sur un terrain de 10 hectares dont 52.000 m² couverts. Érigé non loin du futur CHU, l’hôpital psychiatrique, dont les travaux ont été lancés le 13 février 2020 sur un terrain de 25.097 m2, dans le cadre du PDU d’Agadir, accuse également un certain retard par rapport au calendrier prévisionnel.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO