Nouveau corridor d’Amgala : un pas de géant dans le transport régional

L’Afrique s’offre une nouvelle route pour le 50e anniversaire de la Marche Verte.
Plus de 820 km séparent Laayoune et El Guergarate. Un trajet que doivent emprunter une centaine de poids lourds, en moyenne, chaque semaine. Bientôt, le nouveau corridor d’Amgala devrait considérablement raccourcir cette longue distance pour les transporteurs de marchandises à destination des pays de l’Afrique Subsaharienne. L’annonce de l’ouverture prochaine de ce corridor fait suite au feu vert du ministère mauritanien de l’Intérieur.
Ce nouveau point de passage a pour vocation de faciliter la circulation des personnes et des marchandises entre les deux pays, de désenclaver les régions du nord de la Mauritanie, de diversifier les voies commerciales régionales et de soulager la pression sur le passage d’El Guerguerate – Nouadhibou.
«En passant de Laayoune à Smara, et en traversant ce nouveau corridor, les camionneurs éviteront les six kilomètres de la zone tampon de Guergarate. La route est désormais prête avec 89 kilomètres qui ont été goudronnés et aménagés. Cela permettra aussi de faciliter l’accès en profondeur pour les États du Sahel. Le passage sera donc plus facile pour les Mauritaniens et les Marocains, mais aussi pour les pays de la région qui ne disposent pas de façade atlantique. C’est un pas de plus dans la mise en œuvre de l’Initiative Royale de l’Afrique Atlantique», indique Mustapha Chaoune le président de l’Union africaine des organisations des transports et de la logistique (UAOTL).
Il ajoute que l’inauguration de l’aéroport de Smara, prévue à la même échéance, renforcera cette orientation. Un avantage pour le transports des produits périssables, notamment maraîchers. Le Maroc exporte en effet des produits dérivés du poisson et des fromages mais également des consommables, ainsi que des matières premières entrant dans la construction, un secteur où le pays concurrence la Chine désormais sur le marché africain.
À noter que le faible taux d’industrialisation dans la région influence les échanges. Dans le sens inverse, le Maroc importe essentiellement certains fruits exotiques comme l’ananas et la mangue. «Les pays subsahariens ne disposent pas d’un parc automobile suffisamment développé, de sorte que seuls une trentaine de véhicules reviennent chargés au Maroc sur la centaine qui partent chaque semaine».
De part et d’autre de la frontière l’organisation du poste de passage comprend des installations sécuritaires, pour contrôler les visas, et douanières, comme le scanner, destinées à la surveillance des véhicules et des marchandises. L’ouverture du nouveau corridor devrait sécuriser davantage la zone. «L’activité terroriste se concentre principalement dans trois points : entre le Mali et la Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso».
Pour rappel, les quatre camionneurs marocains enlevés au nord-est du Burkina Faso, près de la frontière avec le Niger ont été relâchés le 3 août. Ils étaient détenus par le groupe terroriste État islamique dans la province du Sahel, la branche sahélienne de «Daech».
Le fruit de la patience
Les travaux de ce nouveau passage frontalier terrestre ont démarré en février 2024. Un point sur l’avancement des travaux a été fait par le ministre de l’Équipement, des Transports, de la Logistique et de l’Eau lors d’un déplacement dans la région Laâyoune-Sakia El Hamra.
La diplomatie marocaine, ferme et pragmatique, continue donc de porter ses fruits, comme en témoigne le nouveau corridor d’Amgala, et ce, après l’épisode de pacification du passage de Guergarate par les Forces Armées Royales en 2020.
«Le Maroc avait décidé de passer à la vitesse supérieure, pour montrer ce que représente pour lui ses provinces sahariennes. Cette intervention (à Guergarate) était intervenue en réponse à une demande à la fois européenne et africaine, du fait des nuisances liées au blocage de ce point de passage vital», nous explique une source diplomatique qui compare l’impact de la covid à la situation à Guergarate, mais à moindre échelle : sa libération a chamboulé la dimension géopolitique du Sahara.
Mounira Lourhzal / Les Inspirations ÉCO