Hakim Marrakchi : “L’exemption décidée par Bruxelles est un non-sujet”

Hakim Marrakchi
Président de la commission fiscalité à la CGEM
Une récente révision du règlement MACF desserre l’étau sur les exportateurs dont le volume annuel n’excède pas les 50 tonnes. Un réajustement jugé anecdotique par les industriels locaux, qui y voient avant tout un geste symbolique de Bruxelles, sans incidence sur leurs activités.
L’exemption décidée par Bruxelles pour les exportations de moins de 50 tonnes par an change-t-elle la donne?
Pas du tout. Cinquante tonnes dans les secteurs concernés, c’est insignifiant. C’est peanuts. Le MACF vise aujourd’hui six filières seulement – ciment, acier, aluminium, engrais, électricité et hydrogène – et uniquement sur de gros volumes. Cette mesure n’a donc aucun effet concret.
Quelles répercussions pour le Maroc, et en particulier pour OCP, dans le domaine des engrais?
La limitation à 50 tonnes ne change rien. En pratique, c’est l’importateur qui déclare l’empreinte carbone. OCP est évidemment concerné par les engrais, et probablement demain, par l’hydrogène. Mais le groupe a déjà engagé un plan ambitieux pour développer des engrais verts, avec des investissements notables dans l’ammoniaque vert. Il est donc pleinement aligné avec la trajectoire européenne.
Le récent geste de Bruxelles traduit-il un assouplissement de la politique climatique de l’Union européenne, dans un contexte marqué par le scepticisme assumé des États-Unis, l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète?
L’Europe inscrit ce mécanisme dans une logique de protection de ses industries. À la différence des États-Unis, où les normes visent avant tout l’efficience du marché et la sécurité du consommateur, l’Union européenne ajoute une dimension protectionniste assumée. C’est ce qui guide, au delà de la révolution réglementaire, la philosophie du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO