PLF 2026 : cap sur l’investissement et l’inclusioc

Adossé à des indicateurs économiques en amélioration, le Projet de loi de finances 2026 se veut le reflet d’un volontarisme assumé avec une croissance soutenue, la maîtrise des équilibres budgétaires, la relance de l’investissement et une plus grande justice sociale. Dans un contexte international encore incertain, le gouvernement affiche avec confiance des objectifs ambitieux, misant sur l’émergence d’un État social inclusif et durable.
L’optimisme gouvernemental ne faiblit pas. Porté par des indicateurs en amélioration, il irrigue désormais les perspectives économiques pour 2026, consolidant la trajectoire d’émergence revendiquée par le Royaume. Croissance soutenue, rigueur budgétaire, offensive sur l’emploi et volonté de réduire les inégalités, telles sont les fondements du Projet de loi de finances (PLF) 2026 . Un texte qui s’affirme comme une nouvelle pierre dans la construction progressive d’un État social, plus équitable et plus compétitif.
Les piliers de la transformation
Ce volontarisme s’appuie sur des fondamentaux macroéconomiques en amélioration : déficit public en recul (3% du PIB visé en 2026 contre 3,5% en 2025), dette contenue à hauteur de 65,8% du PIB et inflation modérée de l’ordre de 1,3% fin juin 2025. Une trajectoire de redressement qui renforce la crédibilité de la stratégie financière engagée.
Au vu de ces projections, le gouvernement table sur une croissance du PIB de 4,5%, tirée en grande partie par les secteurs non agricoles, dans un contexte de relance de l’investissement public et privé. Le Maroc entend ainsi capitaliser sur les dynamiques enclenchées ces dernières années, malgré un environnement international toujours incertain.
Dans le même sillage, le PLF 2026 conforte une conviction désormais structurante dans la stratégie économique du Royaume, à savoir que l’investissement est le moteur principal de la transformation. En témoigne la hausse de 28% des investissements directs étrangers (IDE) enregistrée à fin juin 2025. Cette dynamique trouve un écho dans la mise en œuvre progressive de la Nouvelle charte de l’investissement, qui oriente les flux vers les secteurs à forte valeur ajoutée et les territoires à mettre à niveau.
De plus, le Maroc parie sur la montée en puissance des métiers mondiaux, industrie, énergies renouvelables, numérique, tourisme, comme leviers d’insertion dans les chaînes de valeur globales. Ces secteurs sont appelés à générer des emplois qualifiés, à diversifier les exportations et à consolider la compétitivité nationale. Le contexte est également porteur, avec l’organisation prochaine de grands événements sportifs internationaux, catalyseurs de projets d’infrastructures et de visibilité internationale.
Sur le front de l’emploi, les indicateurs restent préoccupants. Le taux de chômage s’est établi à 12,8% au deuxième trimestre 2025, une donnée qui souligne la persistance des déséquilibres structurels, notamment parmi les jeunes, les femmes et les diplômés. L’objectif est ambitieux : ramener ce taux à 9% d’ici 2030. Pour y parvenir, le gouvernement déploie une Feuille de route pour l’emploi articulée autour de huit chantiers structurants, incluant le développement des compétences, l’appui à l’investissement et l’intégration socio-économique.
Équité sociale
Le PLF 2026 met résolument l’accent sur la réduction des inégalités sociales et territoriales. L’éducation, la santé, l’accès à l’eau et le logement deviennent des priorités opérationnelles. Dans le domaine de l’éducation, la montée en puissance du programme “Écoles pionnières” à 1,3 million d’élèves et du régime des “Écoles de la deuxième chance” préfigure une refonte du modèle scolaire.
La formation professionnelle s’étend, avec 17% de bénéficiaires supplémentaires sur 2024-2025 et l’ouverture de trois nouvelles Cités des métiers et des compétences. L’enseignement supérieur se réorganise autour du Pacte ESRI 2030, misant sur l’innovation, la recherche et les compétences numériques. Le tout en cohérence avec la stratégie nationale de l’emploi, qui prévoit huit initiatives structurantes. Côté santé, 949 établissements de soins primaires ont déjà été rénovés sur les 1.400 prévus à l’horizon 2026.
L’ouverture des CHU d’Agadir et de Laâyoune renforcera l’offre hospitalière. À l’échelle territoriale, la mise en place des Groupements sanitaires territoriaux (GST) redessine la carte de l’offre de soins, en rapprochant les services des populations et en unifiant leur gouvernance. La digitalisation s’intensifie avec le déploiement du Système d’information hospitalier (SIH) et du Dossier patient partagé (DPP), appuyée par une politique active de ressources humaines. L’objectif est d’atteindre 45 professionnels de santé pour 10.000 habitants d’ici 2030, contre 28 actuellement.
Sur le plan social, le PLF 2026 poursuit le déploiement de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) de base, désormais généralisée à 88% de la population. Le logement constitue un autre axe d’action. À fin juillet 2025, plus de 57.000 familles ont bénéficié du programme d’aide au logement, dont près de la moitié sont des femmes. Parallèlement, la lutte contre l’habitat insalubre s’intensifie : 72% des objectifs ont été atteints et 62 villes déclarées sans bidonvilles. En 2026, l’accent sera mis sur l’amélioration des conditions de vie dans les zones les plus vulnérables.
Eau, ruralité et reconstruction
Face au stress hydrique persistant, le PLF 2026 intègre une gestion proactive et durable de l’eau. Deux nouveaux barrages seront mis en service, les interconnexions de bassins se poursuivent, et la feuille de route du dessalement s’accélère avec un objectif de 1,7 milliard de m3 produits par an d’ici 2030.
Cette stratégie vise à couvrir plus de la moitié des besoins nationaux en eau potable et en irrigation. Les zones rurales, montagneuses et enclavées sont spécifiquement ciblées, avec une volonté affichée de renforcer l’équité territoriale et d’assurer une répartition plus équilibrée des services publics.
Par ailleurs, dans les zones touchées par le séisme d’Al Haouz, l’effort de reconstruction se poursuit. Plus de 14,5 MMDH ont été mobilisés, dont 7,3 milliards pour le soutien direct aux familles sinistrées.
Ce programme s’inscrit dans une logique de résilience et de justice territoriale, en complément du dialogue social dont le coût cumulé atteindra 47,8 MMDH d’ici fin 2026, incluant la révision de l’IR, la revalorisation des salaires et l’élargissement du SMIG.
Réforme de l’État
Le PLF 2026 reflète aussi une volonté de modernisation institutionnelle. La réforme de la loi organique relative à la Loi de finances (LOF) introduira un cadre plus rigoureux pour la programmation pluriannuelle, la coordination interinstitutionnelle et la soutenabilité de la dette à long terme. L’administration publique poursuivra sa transformation à travers la digitalisation des services, la simplification des procédures et la proximité avec les usagers.
Dans le domaine judiciaire, la carte des tribunaux sera révisée, le Code de la famille réformé et les peines alternatives introduites. La valorisation de la langue amazighe, inscrite dans la Constitution, se poursuivra à travers son intégration progressive dans les services publics, l’éducation et les supports institutionnels.
Le Maroc engage, avec ce PLF, une nouvelle phase de son récit national, celui d’un pays qui aspire à conjuguer croissance et justice sociale, stabilité macroéconomique et équité, attractivité et résilience. La réussite dépendra de leur exécution concrète ainsi que de la capacité à surmonter les rigidités administratives et à garantir l’efficacité des dépenses publiques.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO