Réparations mécaniques : le Maroc, un marché attractif

Chaque été, les garages tournent à plein régime grâce à une affluence d’automobilistes espagnols venus profiter de réparations à bas coût. Mais actuellement, les professionnels constatent un ralentissement inattendu du côté des Marocains résidant à l’étranger, traditionnellement moteurs de l’activité estivale. Un phénomène qui interroge.
Joindre l’utile à l’agréable. L’adage semble avoir trouvé un écho chez de nombreux touristes espagnols, qui profitent de leurs vacances au Maroc pour faire réparer leurs voitures. Chaque été, ils sont des milliers à franchir la frontière non seulement pour le soleil, mais aussi pour bénéficier de services mécaniques plus abordables et réputés. Une tendance bien installée depuis quelques années déjà, au grand bénéfice des garages et professionnels de l’automobile.
Low cost
Avec des coûts de main-d’œuvre nettement inférieurs à ceux pratiqués en Espagne, le Maroc est devenu une destination prisée par des milliers de conducteurs ibériques. Une tendance en plein essor. Les touristes combinent désormais vacances et révisions mécaniques, au grand bonheur des professionnels locaux. «Il n’y a pas que les Espagnols.
Les Marocains résidant à l’étranger représentent également une clientèle importante», relève Omar Fafouri, président de l’Association des réparateurs automobiles (AFRA). Selon lui, le succès repose sur trois piliers : des prix imbattables, une grande disponibilité des garagistes et une rapidité d’exécution.
«Les automobilistes peuvent aussi acheter eux-mêmes les pièces, chez des revendeurs agréés ou dans les casses, ce qui réduit davantage la facture», ajoute-t-il.
Même constat chez Driss Guennoun, du Groupement interprofessionnel de l’automobile au Maroc (GIPAM), pour qui l’été reste la haute saison. «Les véhicules de MRE passent systématiquement au garage avant de reprendre la route. La qualité du service est irréprochable. Cette année, l’affluence n’est pas encore à son pic ». Un avis partagé par plusieurs professionnels, qui espèrent une montée en charge durant ce mois d’août.
Sur les forums spécialisés, les témoignages abondent. Un automobiliste affirme avoir réparé sa transmission, remplacé son turbo et bénéficié d’un contrôle complet à Tanger pour moins de 1.000 euros, pièces d’origine et garantie incluses.
En Espagne, la facture aurait été trois fois supérieure. L’explication est simple : alors que le coût horaire de main-d’œuvre dépasse souvent 120€ en Espagne, il tourne autour de 2€ au Maroc. À cela s’ajoute une réglementation environnementale plus souple, qui limite les surcoûts liés à la gestion des déchets. Même la traversée Tarifa–Tanger, facturée moins de 200€ aller-retour, ne freine pas les clients. Mieux, certains Espagnols organisent désormais leur séjour en fonction de la disponibilité des ateliers. Une peinture complète, facturée environ 500€ au Maroc, coûterait jusqu’à cinq fois plus dans la péninsule. Résultat, des communautés en ligne recensent désormais les meilleurs garages, classés par marque ou type d’intervention.
Pratiques illégales
Toutefois, cette ruée s’accompagne de sa part d’ombre. Des rapports espagnols rapportent l’existence de garages «pirates» utilisant des pièces d’origine douteuse, parfois volées. D’autres alertent sur la présence de mécaniciens clandestins autour des centres techniques à Sebta et Melilia, proposant des réparations express pour passer l’inspection. Des faits qui demeurent néanmoins difficiles à vérifier.
Au-delà du simple tourisme mécanique, cette dynamique reflète l’essor plus large de l’industrie automobile marocaine. En effet, le pays a vu sa production de véhicules bondir de 36% au premier semestre 2025, franchissant le cap des 350.000 unités.
Le secteur pèse désormais 10,4 % du PIB national, emploie près de 220.000 personnes et génère plus d’un quart des exportations. Une trajectoire encensée par des institutions internationales lesquelles soulignent la solidité macroéconomique du Maroc, sa stabilité politique et ses liens étroits avec l’Union européenne. Plusieurs groupes chinois y installent aujourd’hui des gigafactories, tandis que les sites de Tanger et Kénitra poursuivent leur expansion.
Selon Capital Economics, le Maroc pourrait, à court terme, dépasser l’Italie, la Pologne et la Roumanie en matière de production automobile. Pour les automobilistes espagnols, faire réviser leur véhicule au Maroc reste un choix rationnel et économique, à condition de sélectionner des ateliers réputés et de privilégier les pièces certifiées. Si certains y voient une forme de dépendance ou une délocalisation déguisée, d’autres saluent un partenariat Sud-Nord dynamique, dans un contexte où l’Espagne fait face à une inflation tenace et à un parc automobile vieillissant.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO