Impôts : les caisses du Trésor sont pleines !

À fin juin, les rentrées de trois grandes taxes, l’IS, la TVA et l’IR marquent une progression à deux chiffres. Au total, le Trésor a encaissé 186 milliards de dirhams. Bank Al-Maghrib a par ailleurs versé 3,9 milliards de dirhams de dividendes, tandis que l’Agence de la conservation foncière a signé un chèque de 1,5 milliard.
Alors que l’échafaudage technique du Projet de loi de finances 2026 est en cours de préparation, les indicateurs sont plus que rassurants. Jamais les rentrées d’impôts n’ont affiché un tel dynamisme, et à ce rythme, le déficit budgétaire pourrait s’établir en dessous des prévisions de Bank Al-Maghrib, fixées à 4,2% du PIB en 2025.
Avec 186,3 milliards de dirhams (MMDH) de recettes fiscales engrangées au premier semestre (Source : Bulletin des finances publiques de la TGR, juin 2025), le Trésor a encaissé 30 MMDH de plus par rapport à la même période l’an dernier. Signe de la «transition fiscale» dans laquelle s’installe le Maroc, c’est l’assiette imposable à l’intérieur qui constitue le moteur de ce dynamisme. Autrement dit, les poches d’évasion fiscale reculent et la population des «passagers clandestins» diminue dans le système. Mais la bataille est encore loin d’être gagnée.
Ainsi, les recettes (nettes de remboursements), rapportées par la levée de l’impôt sur l’assiette intérieure, ont bondi de 22,2%, à 120,3 MMDH. Le rendement des trois piliers qui tiennent le système d’imposition, à savoir l’IS, la TVA et l’IR, s’annonce exceptionnel.
L’impôt sur les sociétés (IS) a fait rentrer 56 MMDH au Trésor au premier semestre, un montant en hausse de 34,7%. Cela représente 14,43 milliards de plus par rapport à la même période en 2024. Plus important pour les entreprises, les restitutions du trop-perçu de l’IS deviennent plus diligentes : au total, près de 3 MMDH leur ont été restituées.
La performance de l’IS reflète aussi le retour en forme des grands contributeurs habituels, notamment les banques, les compagnies d’assurance, les sociétés cotées et les grandes entreprises publiques. Ainsi l’État a perçu 5,9 MMDH de dividendes dont 3,9 MMDH versés par Bank Al-Maghrib tandis que l’Agence de la conservation foncière a signé un chèque de 1,5 MMDH pour le Trésor. À lui seul, OCP assure en moyenne 20% des recettes de l’IS.
Le géant mondial des phosphates siège dans un club composé de 150 entreprises, celles qui réalisent plus de 100 millions de dirhams de bénéfice, contribuent pour 2/3 des recettes de cet impôt. Il semble par ailleurs que le phénomène des faux déficitaires qui se cachent derrière les milliers de sociétés déclarant des pertes depuis au moins quatre ans ou de celles qui déclarent juste un résultat au-dessus de la cotisation minimale, serait en recul. À l’évidence, la sincérité des déclarations progresse grâce à la peur du gendarme. Il n’y a pas si longtemps, ces «passagers clandestins» représentaient jusqu’à 40% des 420.000 entreprises immatriculées à l’IS.
TVA à l’intérieur : la peur du gendarme, ça marche !
Les recettes brutes de la TVA à l’intérieur se sont établies à 23,66 MMDH au premier semestre, en hausse de 13,9%. La bonne nouvelle pour les opérateurs économiques, est la «normalisation» des remboursements : 10, 41 MMDH reversés à fin juin, soit 2, 85 milliards en plus comparé à 2024.
La DGI tient ainsi son engagement de consacrer les recettes du contrôle fiscal aux remboursements des crédits de TVA. En comptant les 29,7 MMDH de TVA prélevés sur les marchandises aux frontières, et malgré la contraction de 5,6% de la TVA sur les produits énergétiques à l’import, cette taxe devrait maintenir son rang de première recette du budget en 2025 après avoir franchi le seuil symbolique de 100 milliards l’année dernière.
Ce qui est certain, c’est que les mesures de lutte contre la fraude portent leurs fruits. Le législateur a institué la retenue à la source de la TVA collectée en vigueur depuis le 1er juillet 2024, assortie de la responsabilité personnelle du dirigeant au cas où il serait tenté de «manger» la TVA collectée en l’utilisant comme de la trésorerie pour son entreprise.
«Nous avons fait en sorte de rendre la fraude plus difficile et plus coûteuse pour ceux qui seraient tentés», déclare un responsable de la DGI, en confirmant l’impact de ce dispositif de dissuasion.
Si les recettes de la TVA enregistrent une progression à deux chiffres, cela tient aussi à l’offensive déclarée contre les marchands des fausses factures qui faisaient perdre au Trésor 8 MMDH, selon les estimations officielles.
Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO