Emploi : l’Exécutif veut accélérer la cadence

L’Exécutif s’est engagé à déployer une feuille de route ambitieuse pour l’emploi, fondée sur une gouvernance intégrée et une coordination multisectorielle. Si les derniers chiffres traduisent une légère amélioration du marché du travail, le chemin reste long. Entre pilotage centralisé, requalification de la main-d’œuvre et soutien aux secteurs porteurs, le gouvernement tente de poser les bases d’un changement structurel. Reste à savoir si cette dynamique sera durable.
Si l’emploi figurait en bonne place dans les promesses électorales, ce volet s’est révélé, jusque-là, comme le véritable point faible du mandat gouvernemental actuel. Une situation préoccupante révélée dès 2023 par le Haut-commissariat au plan (HCP), dont les indicateurs ont suscité une onde de choc, poussant l’Exécutif à réagir dans l’urgence par l’élaboration d’une feuille de route censée redresser la trajectoire du marché du travail. Les dernières statistiques du HCP montrent d’ailleurs un recul du taux de chômage. Un signe encourageant, certes, mais encore loin d’annoncer un retournement structurel de la situation.
Lors d’un entretien récent aux Inspirations ÉCO, Younès Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, déclarait : «Il serait prématuré de parler d’un retournement structurel complet, mais les chiffres publiés par le HCP traduisent une inflexion réelle et encourageante de la dynamique du marché du travail». Si le ministre reconnaît que les objectifs fixés n’ont pas encore été atteints, il voit néanmoins dans les efforts engagés les prémices d’une dynamique positive.
«Notre rôle, en tant que gouvernement, est d’anticiper et d’accompagner cette dynamique, en alignant l’offre de formation avec les besoins réels des projets structurants, afin de maximiser leur impact économique et social», a souligné Sekkouri.
Une approche intégrée
Le chef du gouvernement a présidé, mardi, une série de réunions consacrées au suivi de la feuille de route pour l’emploi et à l’évaluation des avancées sectorielles enregistrées à ce jour. Au cours de ces réunions, les départements ministériels concernés ont exposé leurs plans d’action.
L’objectif : assurer la convergence des politiques publiques, renforcer la coordination entre les différents acteurs institutionnels et associer pleinement le secteur privé à cette dynamique, notamment à travers la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Les discussions ont également porté sur la nécessité de renforcer les capacités des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), en facilitant leur accès aux dispositifs de soutien et en améliorant leurs compétences en gestion. Une approche intégrée sur laquelle le ministre de l’Emploi avait insisté.
«Pour la première fois, le gouvernement agit simultanément sur l’offre et la demande d’emploi. Nous requalifions la main-d’œuvre, activons les dispositifs d’accompagnement, tout en soutenant directement la création d’emplois à travers l’investissement, l’appui aux TPME, et la relance des secteurs à fort potentiel. C’est une vision intégrée, pensée pour répondre aux réalités du terrain et anticiper les mutations économiques à venir», avait-il relevé.
Les échanges ont permis d’examiner les leviers à activer pour maximiser les retombées en matière d’emploi des grands chantiers en cours, en particulier ceux du secteur du bâtiment et des travaux publics. L’intégration professionnelle des jeunes, la promotion des compétences et l’orientation tout au long de la vie figurent parmi les priorités stratégiques abordées par l’Exécutif, dans l’optique de lutter contre le chômage, notamment en milieu rural. Une attention particulière a également été portée à la levée des freins à l’emploi féminin, avec un focus sur les obstacles liés à la garde des enfants, notamment le déficit de structures d’accueil.
Les réunions de mardi ont permis d’aborder le chantier de la promotion de l’emploi à travers une meilleure articulation entre les dispositifs publics existants. Il a ainsi été question de renforcer la coordination entre l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC), les ministères concernés et les entreprises. L’objectif reste d’élargir l’accès à la formation continue et de développer l’apprentissage, en particulier pour les personnes sans diplôme en recherche d’emploi.
Des signes positifs
Dans un contexte marqué par un regain de dynamisme économique et une inflexion encourageante du marché du travail, l’Exécutif multiplie les initiatives pour traduire ses engagements en matière d’emploi en résultats tangibles. Les indicateurs conjoncturels les plus récents viennent conforter cette orientation. Il a ainsi été relevé, lors de la réunion, que la croissance économique nationale a atteint 4,8% au premier trimestre 2025, traduisant une amélioration sensible par rapport à l’année précédente.
Cette reprise s’est accompagnée de créations nettes d’emplois dans les secteurs non agricoles, avec 351.000 postes générés, soit un niveau trois fois supérieur à celui enregistré à la même période en 2024. Le taux de chômage, quant à lui, a connu un recul de 0,4 point au niveau national, un signal interprété comme un début de consolidation.
Pour garantir une mise en œuvre cohérente et efficace de la feuille de route pour l’emploi, des réunions mensuelles de travail et de coordination sont organisées entre les différents départements ministériels. Elles visent à assurer un suivi rigoureux, à évaluer périodiquement l’état d’avancement des mesures adoptées, et à maintenir l’alignement des actions sectorielles sur les priorités stratégiques définies par le gouvernement.
Dans cette dynamique, Aziz Akhannouch a appelé l’ensemble des ministères concernés à accélérer le déploiement de leurs programmes relatifs à l’emploi, en insistant sur le respect des délais et des objectifs arrêtés. Il a également souligné la nécessité de préserver la cadence actuelle et de maintenir un engagement soutenu, conditions essentielles pour assurer le succès de ce chantier prioritaire pour l’Exécutif.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO