Culture

Festival Gnaoua 2025 : le Forum des droits humains déjoue les récits fabriqués sur les migrations

En marge des concerts envoûtants, la 12e édition du Forum des droits humains du Festival Gnaoua a réuni intellectuels et artistes autour des mobilités et des identités en mouvement. Deux jours pour penser la migration autrement, entre création, mémoire et citoyenneté.

Alors que la musique tisse des ponts entre les cultures, le Forum des droits humains, pilier intellectuel du Festival, s’est installé comme un espace où la pensée critique côtoie l’émotion, et où la parole prend la relève des rythmes pour raconter ce qui bouge, ce qui résiste, ce qui relie.

Pour cette 12e édition, le Forum s’est penché sur un thème plus que jamais d’actualité, «Mobilités humaines et dynamiques culturelles». Pendant deux jours, les 20 et 21 juin, chercheurs, artistes, écrivains et acteurs de terrain ont investi Essaouira pour déconstruire les idées reçues, raconter des histoires d’exils, et imaginer d’autres récits possibles face aux discours de repli.

La migration, entre courage et création
«La migration n’est pas qu’un chiffre ou une menace, elle est un acte de courage, de survie, de création», a insisté Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), partenaire historique du Forum.

Loin des stéréotypes dominants, le Forum a mis en lumière les formes artistiques et politiques que prennent les trajectoires migrantes, les voix diasporiques et les engagements qui en découlent.

«Nous oublions souvent que la migration est un phénomène culturel à part entière. Elle façonne les identités, transforme les sociétés, enrichit les imaginaires. Ce Forum, c’est l’occasion de rendre visibles ces dimensions éclipsées par la peur et la manipulation politique», a souligné Yazami, en appelant à repenser les politiques migratoires à l’aune de la culture.

Un contre-récit en acte
De la sociologie à l’anthropologie, du cinéma à la littérature, les intervenants ont dessiné une cartographie sensible des migrations contemporaines. Le sociologue Andrea Rea a ouvert le bal avec une leçon magistrale sur les nouvelles géographies du déplacement.

L’historien Pascal Blanchard a déconstruit les représentations sociales figées des migrants, pendant que Dana Diminescu et Fatima Zibouh ont interrogé les décalages entre imaginaires politiques et expériences vécues. À travers leurs œuvres, Faouzi Bensaïdi, Elia Suleiman ou encore Véronique Tadjo ont rappelé que l’exil est aussi une matière artistique puissante, féconde, profondément humaine. Dans les textes d’Elgas, de Rim Najmi ou de Taha Adnan, la migration devient récit, mémoire et poésie.

Essaouira, laboratoire citoyen
Le Forum ne s’est pas contenté d’observer. Il a aussi interpellé. Face aux inégalités d’accès à la mobilité, aux logiques de tri migratoire et à la montée des discours xénophobes, les participants ont souligné l’urgence de bâtir des politiques inclusives et concertées.

Driss El Yazami a rappelé que «quatre migrants africains sur cinq restent en Afrique. L’imaginaire d’une Afrique vidée de sa jeunesse au profit de l’Europe est faux. Il faut en finir avec cette vision biaisée». Il a aussi pointé l’émergence d’une compétition internationale acharnée autour des ressources humaines.

«Le Maroc est désormais concerné par cette bataille mondiale pour la main-d’œuvre, qu’il s’agisse de secteurs qualifiés ou non. Nous devons penser nos propres politiques d’immigration et d’émigration, de manière rationnelle et proactive», a-t-il plaidé, appelant à une véritable politique d’immigration circulaire.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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