Marché obligataire : Attijari Global Research anticipe un aplatissement de la courbe des taux en 2025

L’aplatissement attendu de la courbe des taux au Maroc crée de nouvelles opportunités pour les investisseurs. Attijari Global Research recommande de s’orienter vers le segment à moyen et long terme pour capter le potentiel de performance lié à la baisse attendue des rendements sur ces maturités.
Selon un dernier rapport d’Attijari Global Research (AGR), le marché obligataire marocain devrait poursuivre sa dynamique baissière entamée en 2024, pour se diriger vers un aplatissement de la courbe des taux durant le reste de l’année 2025.
Cette tendance, marquée par un resserrement des écarts de rendement entre les maturités courtes et longues, est soutenue par une conjonction de facteurs macroéconomiques et stratégiques favorables.
L’analyse d’AGR suggère que cette configuration offrirait au Trésor une opportunité de lisser ses tombées futures à un coût de financement optimisé.
Pression allégée sur le marché domestique
La détente des taux obligataires s’inscrit dans un contexte national de maîtrise de l’inflation et d’amélioration des perspectives économiques. Le rapport souligne que l’inflation a sensiblement décéléré pour s’établir à 0,7% en avril 2025, bien en deçà de la cible de 2% de Bank Al-Maghrib (BAM).
Cette désinflation, conjuguée à l’enclenchement d’un cycle monétaire accommodant par la Banque centrale, qui a notamment procédé à une baisse de son taux directeur en mars 2025, crée un climat propice à la baisse des rendements. AGR n’exclut d’ailleurs pas une nouvelle action de BAM d’ici la fin de l’année, ce qui renforcerait cette tendance.
Parallèlement, la situation des finances publiques est jugée «confortable», avec un déficit budgétaire maîtrisé, offrant une marge de manœuvre supplémentaire à l’État. Un facteur clé de cette évolution est la stratégie de financement du Trésor, qui s’oriente davantage vers les marchés internationaux. La concrétisation en mars 2025 d’un emprunt de 2 milliards d’euros, après deux ans d’absence sur la scène internationale, a été un signal fort.
Cette opération a non seulement réaffirmé la qualité de la signature du Royaume, mais a surtout permis d’alléger la pression sur le marché de la dette domestique. Selon les prévisions de la Loi de finances 2025, les financements extérieurs devraient couvrir près de 89% du besoin de financement net du Trésor, soit un recours aux tirages extérieurs estimé à 60 milliards de dirhams.
Cette forte sollicitation du marché international limite mécaniquement les besoins d’emprunt sur le marché local, contribuant ainsi à maintenir les taux à des niveaux bas.
Offre maîtrisée, investisseurs prudents
Du côté de la demande, le premier trimestre 2025 a été marqué par un léger retour de l’aversion au risque chez les investisseurs. Face aux incertitudes économiques mondiales, ces derniers ont privilégié la prudence en se tournant davantage vers les maturités de court terme (CT). La part de la demande pour ce segment a ainsi plus que doublé, passant de 12% au premier trimestre 2024 à 26% sur la même période en 2025.
Malgré cette réorientation, la confrontation entre une offre du Trésor maîtrisée et une demande suffisante a permis de maintenir un taux de satisfaction élevé, autour de 50%. Le Trésor a ainsi pu couvrir ses besoins de financement sans tension, avec un taux de réalisation de 120% de ses besoins annoncés durant le premier trimestre, ce qui confirme l’absence de pression haussière sur les taux.
La convergence de ces éléments comme la maîtrise de l’inflation, une politique monétaire souple et la stratégie de financement externe du Trésor, devrait logiquement mener à la poursuite de l’aplatissement de la courbe obligataire. Concrètement, cela se traduirait par un écrasement des spreads entre les rendements des obligations à court terme et ceux des obligations à moyen et long terme (MLT).
Pour le Trésor, cette situation est avantageuse, car elle permet de refinancer sa dette et de lisser ses échéances futures à un coût relativement faible. Dans ce contexte, Attijari Global Research recommande aux investisseurs de reconsidérer la structure de leurs portefeuilles.
L’analyse suggère de sensibiliser davantage les allocations vers le segment MLT, une orientation qui permettrait de capter le potentiel de performance lié à la baisse attendue des taux sur cette partie de la courbe.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO