Maroc

Énergie verte : Berlin et Rabat en phase sur l’intégration des marchés de l’électricité

Le Maroc et l’Allemagne ont réaffirmé leur volonté commune de bâtir un marché de l’électricité interconnecté et vert. Décideurs politiques, experts techniques et universitaires ont esquissé les fondations d’une coopération euro-marocaine fondée sur l’intégration des réseaux, la convergence réglementaire et l’exportation des énergies renouvelables.

À Rabat, un symposium de haut niveau a cristallisé les ambitions croissantes du Maroc et de l’Union européenne autour de l’enjeu stratégique de l’intégration des marchés et des réseaux électriques. Cette rencontre, organisée par l’ambassade d’Allemagne et le Partenariat énergétique maroco-allemand (PAREMA), a dessiné les contours d’une coopération énergétique renouvelée, fondée sur l’électricité verte, la souveraineté énergétique et une régulation harmonisée.

Une stratégie d’intégration au cœur de la vision marocaine
Dès l’ouverture des travaux à l’Université Mohammed V de Rabat, la tonalité a été donnée par Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable.

Décrivant l’intégration des marchés comme un pilier fondamental de la stratégie énergétique nationale depuis 2009, elle a souligné une ambition claire : «Cette intégration vise non seulement à améliorer la sécurité d’approvisionnement et à renforcer la compétitivité des prix, mais également à offrir une flexibilité accrue aux gestionnaires des réseaux pour faciliter l’intégration massive des énergies renouvelables et mutualiser toutes les potentialités des différentes technologies».

Bien plus qu’un outil technique, l’interconnexion électrique est donc envisagée comme un levier de transformation structurelle de l’économie énergétique nationale. Une transformation dans laquelle la coopération euro-marocaine joue un rôle moteur.

Un partenariat euro-marocain en quête de maturité
Pour Robert Dölger, ambassadeur d’Allemagne, cette ambition marocaine s’inscrit dans une dynamique bilatérale solide. Le partenariat Parema, initié en 2012, incarne cette volonté de construire un dialogue de long terme.

Mais au-delà de la volonté politique, l’ambassadeur insiste sur la complexité du chantier à venir : «les projets d’interconnexions et de commerce d’électricité verte avec le Maroc deviennent particulièrement nécessaires. Mais il n’y aura aucun transport d’électrons sans un cadre réglementaire, des incitations économiques, des standards techniques ou la certification d’origine. Cela suppose d’impliquer toutes les parties prenantes».

Le défi est de structurer un écosystème complet, transfrontalier et fiable, qui repose autant sur la technologie que sur le droit et la gouvernance.

Une convergence juridique encore à bâtir
C’est sur ce point que la voix de l’experte européenne Dörte Fouquet a résonné avec force. Spécialiste du droit de l’énergie, elle a rappelé que l’intégration effective des marchés passera par un alignement normatif et la reconnaissance mutuelle des cadres de régulation.

«Le Maroc a accompli des avancées notables, notamment en matière de comptabilité énergétique et de législation. Il est désormais nécessaire d’assurer un accès équitable et transparent aux producteurs privés et de favoriser un cadre harmonisé de régulation», a-t-elle précisé.

Cette perspective rejoint une autre recommandation du symposium, celle de renforcer les passerelles académiques entre les facultés de droit européennes et marocaines pour nourrir un socle commun de compréhension juridique.

Des technologies déjà opérationnelles, un potentiel à valoriser
Au-delà des aspects normatifs, les projets concrets portés par les institutions marocaines montrent que le Royaume ne part pas de zéro. Yasser Mouhami, directeur de la Planification chez MASEN, a illustré l’engagement du pays avec des projets phares comme Noor Ouarzazate ou le Parc éolien Nassim Koudia Al Baida, qui positionnent le pays comme un leader régional en matière d’énergies renouvelables.

Samir Rachidi, directeur général de l’IRESEN, est allé plus loin en évoquant les prochaines frontières, à savoir le stockage, la digitalisation des réseaux et l’hydrogène vert.

À ses yeux, le Maroc détient une carte maîtresse : «le pays dispose d’un potentiel exceptionnel en énergie verte. Nous avons désormais les outils et les savoir-faire pour exporter de l’électricité comme de l’hydrogène vers l’Europe. Le choix de la technologie, des vecteurs et des infrastructures reste à optimiser».

Un dialogue interdisciplinaire, un engagement partagé
Le symposium s’est distingué par son approche transversale. Ministères, industriels, chercheurs, étudiants, juristes, gestionnaires de réseaux…, tous étaient réunis par une volonté de construire des ponts entre expertise technique, vision politique et compréhension réglementaire. L’objectif affiché était double : créer une base commune de dialogue et favoriser l’émergence de solutions concrètes.

Une dynamique à inscrire dans la durée
En filigrane, ce symposium sonne comme un appel à l’action. Les bases sont là, notamment les projets pilotes, la volonté politique, les partenariats institutionnels, l’expertise locale et le soutien européen. Mais pour que l’intégration des marchés d’électricité entre le Maroc et l’Europe devienne une réalité, il faudra accélérer l’harmonisation des réglementations, sécuriser les financements, former des compétences adaptées et, surtout, maintenir un dialogue constant entre les acteurs.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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