Marché Actions : la bourse évolue entre volatilité, détente monétaire et dynamique de reprise

Entre une violente secousse boursière d’origine exogène, une poursuite de la détente des taux d’intérêt et des indicateurs macroéconomiques en nette amélioration, la dernière note de BKGR met en lumière une économie en transition, à la fois exposée aux turbulences extérieures et soutenue par des fondamentaux en voie de consolidation.
Le mois d’avril aura mis à l’épreuve la résilience du marché financier. Dans sa derniere note mensuelle, BMCE Capital Global Research (BKGR) revient sur une séquence marquée par une brutale volatilité boursière, une détente persistante des taux d’intérêt et une conjoncture économique nationale en voie de consolidation, sur fond de turbulences géopolitiques et commerciales internationales.
Une bourse secouée par le «flash-crash» mondial
La Bourse de Casablanca n’a pas échappé aux répliques du “flash-crash” qui a balayé les principales places financières mondiales début avril. Provoqué par l’annonce d’une nouvelle grille tarifaire protectionniste de l’administration Trump, ce choc exogène a entraîné un recul cumulé de 9,9% du MASI sur les dix premiers jours du mois, dont une chute de 5,64% en une seule séance, souligne BKGR dans sa publication.
Pour autant, cette correction n’a pas dégénéré en crise durable. Le marché a bénéficié d’un effet de rattrapage technique, effaçant progressivement ses pertes, et clôturant le mois sur une contre-performance contenue de 2,06%, à 17 390,38 points. Mieux encore, en glissement annuel, le MASI conserve une dynamique robuste avec une progression de +17,72% à fin avril.
Le climat général reste néanmoins instable, comme en témoigne l’envolée de la volatilité à +8,8% contre +4,2% un mois plus tôt. Une instabilité qui affecte la répartition sectorielle, 17 secteurs terminent le mois dans le rouge, contre seulement 7 en hausse.
Parmi les plus affectés, les transports (-17,8%), l’immobilier (-14,7%) et les télécoms (-6,5%). A contrario, la santé (+14,09%) et la chimie (+11,8%) enregistrent de fortes hausses, illustrant la sélectivité accrue des investisseurs.
Une détente des taux alimentée par la bonne santé du Trésor
Le mois d’avril a aussi confirmé la consolidation à la baisse des taux souverains, reflet d’une liquidité abondante et d’une pression baissière entretenue par le positionnement prudent du Trésor.
BKGR pointe plusieurs facteurs ayant contribué à ce climat accommodant, à savoir des levées massives en mars, l’émission réussie d’un emprunt international de 2 milliards de dirhams, le décaissement d’une ligne de financement flexible du FMI (4,5 milliards de dollars), ainsi que d’importantes recettes fiscales issues des acomptes sur l’impôt sur les sociétés. Les placements du Trésor atteignent un pic à 43,1 MMDH, soit près de sept fois leur niveau du mois précédent, tandis que le taux moyen pondéré (TMP) reste stable à 2,25%.
Si la situation actuelle reste favorable à la détente, BKGR alerte sur d’éventuelles inflexions à partir de juin, avec plusieurs échéances clés, dont la prochaine réunion de la Banque centrale et de nombreux remboursements à venir.
Des indicateurs financiers globalement robustes
En dépit des soubresauts d’avril, la performance du portefeuille recommandé par BKGR se distingue par sa solidité : +22,17% depuis le début de l’année, contre +17,72% pour l’indice MASI “rebasé”. Cette surperformance est portée par des valeurs comme SID (+113,4%), MNG (+73,6%) ou TGCC (+53,8%), qui ont profité des arbitrages opérés en pleine correction de marché.
La capitalisation boursière globale s’établit à 908 MMDH, avec un PER marché projeté à 21,0x pour 2025. Les volumes échangés en avril sont également en nette progression : le marché central dépasse les 11,6 MMDH, en hausse de 1,6 fois par rapport à avril 2024, tandis que le marché de blocs franchit les 1 milliard de dirhams, soit 5 fois plus qu’un an auparavant.
Croissance revue à la hausse, inflation maîtrisée
En toile de fond, l’économie affiche des signes clairs de redressement. BKGR relève la croissance du PIB à +4,2% au T1 2025, révisant son scénario annuel de +3,9% à +4,2%, porté par la dynamique du secteur non agricole (+4% attendu) et une reprise modérée mais positive de la valeur ajoutée agricole (+8,5% dans le scénario central).
Sur le front des prix, l’inflation poursuit son reflux. Elle atteint 1,6% en mars 2025, contre 2,6% le mois précédent, sous l’effet d’un repli des prix alimentaires. Le taux de chômage recule également à 13,3%, contre 13,7% à la même période en 2024. D’autres indicateurs confirment cette trajectoire : hausse des ventes automobiles (+35,5%), des arrivées touristiques (+23%) à 5,7 millions et des ventes de ciment (+10,3%), illustrant la vigueur de la demande intérieure. Les crédits bancaires atteignent 1 165 MMDH, en progression de 3% sur un mois.
Un environnement international sous tension
Le rapport de BKGR revient également sur un contexte géopolitique mondial pesant. Le FMI a abaissé sa prévision de croissance mondiale à +2,8% en 2025, citant la guerre commerciale sino-américaine comme facteur principal.
Le resserrement tarifaire américain inquiète les marchés, d’autant plus que l’OPEP+ a provoqué un effondrement du Brent à 63,12 USD/baril, en raison d’une production inattendue. Dans ce climat d’aversion au risque, l’or flambe à 3 332 USD l’once, tandis que le dollar se replie face au dirham, à 9,26 MAD/USD, en baisse de 4,13% sur un mois.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO