Edito. Pour un tourisme au pluriel

Les chiffres sont bons, très bons même. Le Maroc a accueilli 5,7 millions de touristes entre janvier et avril 2025, en hausse de 23% par rapport à l’année dernière. À lui seul, le mois d’avril a enregistré 1,7 million de visiteurs. Un bond spectaculaire, porté en grande partie par la performance de Marrakech. La ville ne désemplit pas. Les hôtels sont pleins, les ruelles animées, les événements très nombreux…
Sur le terrain, les professionnels le confirment : cette année est bien au-dessus des attentes, et le meilleur est à venir. Mais derrière cette réussite, une autre réalité s’impose, plus discrète mais essentielle.
Pendant que Marrakech rayonne, d’autres villes, elles, restent dans l’ombre. Safi par exemple. Ville d’art, d’océan et de sardines, berceau d’un artisanat reconnu, continue d’attendre les touristes qui ne viennent pas. Et le constat est là : le Maroc ne profite pas encore pleinement de ses richesses. Le débat n’est pas nouveau. Depuis longtemps, on évoque la nécessité de diversifier les destinations, d’aller au-delà des grands classiques. On en parle, on y croit, mais on n’avance pas assez vite sur ce plan.
Or, quand on observe ce qui se fait chez nos voisins, notamment en Espagne, on comprend à quel point chaque ville, chaque village, chaque savoir-faire y est transformé en atout touristique. Là-bas, tout est mis en récit.
Le Maroc jouit de tous les ingrédients : paysages, climat, gastronomie, culture, hospitalité. Il dispose aussi d’une feuille de route ambitieuse, saluée pour ses premiers résultats. Reste à faire en sorte que cette dynamique ne profite pas à quelques-uns seulement.
Le pari de 2030 est à portée, à condition d’ouvrir le jeu, d’impliquer les oubliés, et de construire un tourisme plus équilibré, plus créatif, toujours plus diversifié. Parce que chaque région a quelque chose à raconter… et parce que le Maroc le vaut bien !
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO